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Liban - Interview

Kaag à « L’OLJ » : Le Liban est un pays prioritaire pour les Pays-Bas

Sigrid Kaag : Prévenir les conflits et réduire la pauvreté. Photo Sylviane Zehil

La première visite officielle à Beyrouth, au début de cette semaine, de Sigrid Kaag, ministre néerlandaise du Commerce extérieur et de la Coopération au développement et ex-coordonnatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, revêt un caractère politico-économique. Ce retour au Liban intervient une semaine après avoir eu le « privilège » d’accompagner le Premier ministre néerlandais lors de sa visite officielle à la Maison-Blanche. La visite de « la dame de fer » des Pays-Bas et « troisième ministre la plus populaire du gouvernement néerlandais » avait pour objectif de « discuter avec les responsables libanais, la société civile, les responsables, les organisations et les partenaires du royaume des Pays-Bas des priorités que nous avons identifiées depuis la CEDRE, et pour faire le suivi de l’engagement que nous avons pris, » relève Mme Kaag dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour à Beyrouth.

« Je travaille à adopter une approche gouvernementale globale pour le Liban dans une perspective de paix, de sécurité et de stabilité, indique-t-elle. Nous faisons la même chose pour la Jordanie. Je suis venue ici pour faire le point en tant que ministre du Commerce extérieur, de l’Investissement et bien sûr de la Coopération au développement. »

Soutenir le Liban
L’ex-ministre néerlandaise des Affaires étrangères p.i. qui a pris part à la Conférence de Paris en avril dernier (la CEDRE) relève que « les 200 millions d’euros promis par les Pays-Bas dans le cadre de la CEDRE sont des subventions pour la coopération au développement, le soutien à travers les organisations de l’ONU, mais aussi pour les programmes au niveau municipal et de la société civile ». « Un montant supplémentaire de 100 millions d’euros en subventions – et non en prêts – est disponible en fonction des progrès et de la mise en œuvre des projets de réforme, déclare Mme Kaag. Nous avons suggéré de retenir trois points importants requis par la CEDRE, à savoir : progrès pour la réforme de la politique fiscale, autres réformes nécessaires du secteur public, et lutte contre la corruption. C’est maintenant au gouvernement libanais de prendre les choses en main et de veiller à ce que des mesures nécessaires soient prises pour que cela se produise. »
Mme Kaag assure que « le Liban est un pays prioritaire pour les Pays-Bas ». « Nous voulons le soutenir dans sa capacité à continuer à accueillir, comme il le fait si généreusement, un grand nombre de réfugiés syriens, qui resteront de manière temporaire. Nous savons que les besoins des Libanais sont très grands, et nous voulons assurer les bons investissements ciblés, tout comme nous pensons que le pays a besoin de se développer, » souligne-t-elle, avant d’ajouter : « Nous savons que c’est une priorité pour les secteurs économique et privé. Les Pays-Bas comptent nombre de grandes entreprises à l’échelle mondiale et aussi de moyennes entreprises technologiques et universitaires qui cherchent un partenariat et des opportunités de travail au Liban, pour créer des emplois et répondre aux besoins des jeunes Libanais. Nous pensons que nous pouvons apporter une contribution supplémentaire importante. Le point de départ est la stabilité, la sécurité et la prospérité partagées, » soutient-elle.


(Lire aussi : Moawad et Kaag célèbrent l’exportation réussie de pommes de terre libanaises)


Offre d’accueillir la CEDRE
La ministre évoque sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, « centrée sur les relations bilatérales, sur les généreuses subventions fournies, les opportunités, les risques et les défis rencontrés par de nombreux pays sur la situation des migrants et des réfugiés ». « Nous avons aussi réitéré notre soutien à l’importance d’un retour sûr, volontaire et dans la dignité » des réfugiés dans leur pays, précise-t-elle. « Il est important que nous poursuivions cette conversation. Nous resterons informés des développements par le HCR, comme par l’Union européenne, et par le Groupe international de soutien pour le Liban, qui s’est réuni mercredi avec le Premier ministre Saad Hariri », poursuit-elle.
 « Notre offre d’accueillir le suivi de la CEDRE tient bon si le Liban et la France veulent en tenir compte, a déclaré Mme Kaag. Nous voudrions voir rapidement le soutien continu se poursuivre pour le Liban. La France est importante pour le Liban. C’est elle qui mène le jeu ; nous respectons pleinement sa position dans tous les domaines. Il est toutefois trop tôt pour agir. Depuis la CEDRE, les Libanais ont été occupés par les élections, et maintenant par la formation du gouvernement. Le rapport McKinsey a été publié la semaine dernière ; il est important d’observer le suivi effectué sur ce plan. Dans ce contexte, nous devons observer la mise en œuvre du financement promis par les Libanais et par les partenaires internationaux. Nous plancherons ensuite, en temps voulu, sur les modalités et l’ordre du jour pour une conférence de suivi de la CEDRE. »

Nouvelle politique néerlandaise
Dans ce contexte, les Pays-Bas ont lancé une nouvelle feuille de route intitulée: « Nouvelle politique néerlandaise : implications et objectifs », axée sur de nombreux pays et sur le Moyen-Orient, y compris le Liban. Cette feuille de route a pour objectif de prévenir les conflits et l’instabilité, de réduire la pauvreté et l’inégalité sociale, de promouvoir une croissance inclusive et durable dans le monde entier. Elle inclut aussi l’amélioration de l’accueil et la protection des réfugiés et des personnes déplacées dans la région d’origine et la lutte contre les migrations irrégulières. Ces objectifs sont étroitement liés et appellent une approche intégrée. Le gouvernement néerlandais travaille à les atteindre grâce à son programme combiné pour le commerce extérieur et la coopération internationale.


(Lire aussi : Kaag chez Aoun, Hariri, Berry et Bassil)


Berytech et Agritech
Le passage de Mme Kaag à Beyrouth avait aussi pour objectif la création d’emplois. C’est ce qui explique sa visite entre autres à Berytech, aux start-up et aux entrepreneurs du secteur agricole. « Berytech travaille dans un domaine où les Pays-Bas sont leaders. L’agriculture représente la deuxième plus grande exportation agricole de l’agro-industrie dans le monde en dehors des États-Unis. Nous avons atteint ce stade, malgré la taille du pays, grâce aux investissements, à la politique, à la technologie et à la connectivité avec le reste du monde. Agritech est une des start-up réussies dans ce cadre. L’entreprise, le jeune leadership, les jeunes entrepreneurs, les emplois et l’utilisation de la technologie, tout cela est très intéressant pour moi, » s’exclame-t-elle.
Dans cette optique, Mme Kaag s’est rendue à la Fondation René Moawad « pour la livraison de deux tonnes de pommes de terre, cultivées et améliorées en qualité afin qu’elles répondent aux normes des Pays-Bas, via le port de Rotterdam, point important d’entrée vers l’Europe ». La ministre a, par ailleurs, rencontré, à la résidence de l’ambassadeur néerlandais, cinquante jeunes Libanais, Syriens et Palestiniens pour discuter de leurs aspirations en termes d’emplois, ainsi que de leurs droits. Mme Kaag a profité de sa présence à Beyrouth pour exposer, à la Fondation Carnegie, le rôle de son pays dans la région.

Rôle des Pays-Bas
« Nous ne sommes pas un grand pays, mais nous avons une économie forte, affirme Mme Kaag. Les Pays-Bas, partisans du multilatéralisme, sont cette année membre non permanent du Conseil de sécurité. Nous avons soutenu les réformes du système des Nations unies du secrétaire général Antonio Guterres, et nous espérons voir appliquer les réformes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Nous le faisons parce que nous sommes connus pour être pragmatiques et loyaux. Et nous investissons. Nous ne sommes peut-être pas aussi généreux et hospitaliers que les Libanais, mais nous finançons le système des Nations unies. »
Fière d’être ministre ? « Je sens un lien profond avec la région et ses problèmes. Je me sens très privilégiée d’être ministre dans mon propre pays. C’est une position unique. C’est aussi magnifique de revenir dans mon pays et servir à ce titre. Je pense aussi que mon expérience me guide et me donne un peu de fondement. Je n’ai jamais imaginé que j’occuperais un jour ce poste. J’ai toujours eu une passion et un intérêt pour les affaires internationales. Je sais que je prends des risques, mais j’essaie de faire vraiment ce qui est juste quand je peux, et je suis mon intuition », conclut-elle en souriant.

La première visite officielle à Beyrouth, au début de cette semaine, de Sigrid Kaag, ministre néerlandaise du Commerce extérieur et de la Coopération au développement et ex-coordonnatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, revêt un caractère politico-économique. Ce retour au Liban intervient une semaine après avoir eu le « privilège » d’accompagner le Premier...

commentaires (4)

Le secteur audio-visuel libanais est influentiel dans le moyen-orient. Je pense que le monde de publications et journalisme et télévision c'est justement un secteur clé de l'économie libanaise. Les sociétés de "entertainement" hollandaises des Pays-Bas sont déjà très actifs au Liban ... Il y a aussi "Arab Idol" qui est une version d'un program anglais , mais beaucoup de shows sur la télé libanaise sont des versions de par exemple "The Voice (of Holland)" de Endemol etc.

Stes David

11 h 07, le 14 juillet 2018

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Commentaires (4)

  • Le secteur audio-visuel libanais est influentiel dans le moyen-orient. Je pense que le monde de publications et journalisme et télévision c'est justement un secteur clé de l'économie libanaise. Les sociétés de "entertainement" hollandaises des Pays-Bas sont déjà très actifs au Liban ... Il y a aussi "Arab Idol" qui est une version d'un program anglais , mais beaucoup de shows sur la télé libanaise sont des versions de par exemple "The Voice (of Holland)" de Endemol etc.

    Stes David

    11 h 07, le 14 juillet 2018

  • DES PAROLES. PASSEZ AUX ACTES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 17, le 14 juillet 2018

  • Pays-Bas c'est tout d'abord le pays de télé réalité comme 'Star Academy' mais en concernant 'Splash' je me souviens qu'une équipe des pays-bas est allé à Beyrouth pour faire les programmes de télé de 'Splash' (quand une personne fameuse saute dans l'eau, programme de LBCI je pense).

    Stes David

    08 h 33, le 14 juillet 2018

  • Dans ce domain là, il y a déjà une "collaboration" culturelle entre Liban et Pays-Bas car le program Celebrity Splash" sur la télévision c'est d'origine de Pays-Bas et ca a été populaire sur LBCI au Liban. Le pays-bas c'est la cause de 'malheur' dans ce domain de télé, de programmes comme ‘Big Brother’ et ‘The Voice’ et autres shows celebrities qui malheureusement ont été inventé au Pays-Bas. Ce n'est pas de mon goût mais je pense que c'est très apprecié au Liban.

    Stes David

    08 h 24, le 14 juillet 2018

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