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Liban

Le défi de Mercy : aider les jeunes à entrer sur le marché de l’emploi

« Les jeunes n’ont pas les compétences nécessaires pour entrer sur le marché de l’emploi libanais », tel est le problème abordé par l’organisation Mercy Corps lors d’un séminaire organisé le 4 juillet sur le thème « Combler le fossé entre les jeunes et les marchés du travail ». 

Il est évident que la relation entre les jeunes Libanais et le marché de l’emploi est jonchée d’obstacles et que l’environnement socio-politique rend cette question encore plus précaire. Selon Georges Antoun, président de Mercy Corps au Liban, seuls 10 % des diplômés de l’université trouvent un emploi au Liban, d’où la nécessité d’agir. Dans le cadre du programme « Youth for Tomorrow » financé par le gouvernement canadien, Mercy Corps a lancé un travail de recherche dont les fruits sont présentés dans un rapport qui fait état de la situation du marché de l’emploi au moyen de données et de chiffres. « Le rapport a été mené par 75 jeunes âgés entre 16 et 19 ans, qui ont collecté des données de plus de 800 employeurs dans trois régions ciblées : Saïda, Tripoli et le Mont-Liban. »

 
Résultats des enquêtes
Les études menées ont abouti à plusieurs données présentées par des jeunes participants. Elles quantifient différents indicateurs comme par exemple l’anticipation de la demande de travail en fonction des régions et des domaines et le classement des compétences attendues par les employeurs par des pourcentages. Ce dernier point a été mis en avant à plusieurs reprises. Il apparaît très nettement que la majorité des employeurs (60 %) privilégient les compétences de vie (life skills) par rapport aux compétences techniques. Et parmi ces compétences de vie, certains atouts sortent du lot, notamment la communication. Un représentant de Unitech Engineering and Real Estate a ainsi confié que les « compétences de vie comme la communication, la résolution de problèmes, le travail d’équipe et le respect sont aussi importants pour eux que les compétences techniques ».

L’enquête porte aussi sur le ressenti des jeunes. Ceux-ci voient le choix de profession, le manque d’expérience, la corruption ainsi que le recrutement par nationalité et genre comme les difficultés majeures dans leur parcours vers le marché de l’emploi.

On n’en reste pas cependant aux constats, puisque des solutions et des perspectives sont proposées. Aux jeunes : de nouvelles formes de recrutement, une orientation adéquate, conformer la formation et les compétences à la demande du marché. Aux employeurs : l’investissement dans des entreprises locales, proposer des stages et emplois à court terme, créer des liens. Il s’agit donc d’armer au mieux les jeunes par des atouts demandés.

Un débat pour se connecter au terrain
Tout en confirmant beaucoup d’informations recueillies et en insistant sur les données présentées, trois intervenants : une représentante de la fondation Safadi, un représentant de Nawaya Network et une représentante d’al-Majmoua ont également développé certains points. 

Concernant les étrangers, notamment syriens et palestiniens, ils ont un accès aux services égal aux nationaux, selon les représentants des associations, donc en ce qui concerne la formation, mais au regard de la loi libanaise, ils ne peuvent mettre en pratique cet apprentissage qu’en ligne ou en travaillant dans leur pays. Pour ce qui est de la demande et de l’offre, des exemples avaient été soulevés par les membres de Mercy Corps, comme la grande demande en infirmières et dans le domaine de l’agriculture où de nouvelles perspectives peuvent être exploitées. Les représentants ont indiqué qu’ils tentent d’observer la demande sur le marché pour adapter leur offre de formation, mais cela leur est difficile puisque, d’après la représentante de la fondation Safadi, « le rapport le plus récent du ministère de l’Économie sur ce sujet date de 2014 ». Or le marché du travail change et a besoin d’études récentes.

La représentante d’al-Majmoua a aussi abordé la question du genre dans la culture libanaise par un exemple : il y a une forte demande pour des personnes qui savent réparer des portables, mais puisque c’est un domaine perçu comme masculin, les jeunes femmes ne s’y orientent pas.

Les professionnels représentant ces associations ont aussi évoqué le projet « Micro Mentor » financé par l’Unicef et qui consiste à établir des tutorats entre jeunes et employeurs pour les accompagner et les aider dans le développement de leurs idées.

Le grand absent de la discussion
Durant une conférence de 2 heures portant sur les jeunes et le marché de l’emploi, un sujet qui touche trois ministères (l’Économie, l’Éducation et le Travail), le rôle de l’État n’a été évoqué qu’à la marge. D’abord en parlant du rapport de 2014, ensuite brièvement de la loi libanaise en évoquant la question des étrangers, et finalement par l’intervention d’un membre de l’auditoire qui soulignait l’ancienneté des programmes, le prix très élevé des études, la nécessité des quotas pour certaines facultés. Même lorsque le sujet des jeunes délinquants a été mis sur la table des discussions, il n’a été finalement question que d’une volonté de coopération entre les associations représentées lors du débat et celles qui s’occupent de ces jeunes à problèmes. Cela est sans doute révélateur du vide étatique ressenti au quotidien, notamment concernant ce sujet.

Mercy Corps est une organisation présente dans 44 pays du monde et au Liban depuis 1993. Elle a été créée en 1979 et vient en aide aux acteurs locaux pour développer leurs communautés de manière productive, juste et équitable. Elle intervient à travers les communautés elles-mêmes pour transformer les crises en opportunités.



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