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Lifestyle - Un peu plus

Pas la patience

Ma élé jlédé. J’ai pas envie. Ni d’écrire, ni de bosser, ni de sortir, ni de faire le tour de la Beirut Design Week, ni d’aller à la plage, ni au restaurant, ni d’aller boire un verre, ni de faire du hiking, ni de me taper un mariage, des fiançailles, une baby shower-congratulations-tahéné, ni de me farcir le lancement d’un whisky, d’un parfum, d’une huile solaire, ni de me coltiner l’ouverture d’une nouvelle galerie aux prix exorbitants, ni de faire des wejbét. En fait, je n’ai envie de rien.
Je suis crevé(e), naze, fatigué(e), éreinté(e), exténué(e). Tout me gonfle. Il fait trop chaud, déjà trop humide. Les chantiers pullulent, une station d’essence inaugure une borne électrique (sur générateur probablement), on-ne-sait-qui rend des visites au centre-ville, les travaux du pont de Jal el-Dib sont d’une lenteur insupportable : résultat des courses, le pays est immobilisé. Du Nord au Sud, d’Est en Ouest. Super. Et comme les embouteillages sont légion, les conducteurs sont devenus limites psychotiques. Il ne manquait plus que le Mondial pour que ça pète un câble. La Mannschaft a perdu, les drapeaux allemands sont en berne, tandis que les couleurs de la Seleção inondent encore (mais jusqu’à quand...) les rues, les kiosques, les enseignes, les antennes, les balcons et les vendeurs à la sauvette ont encore de beaux jours devant eux. Donc, évidemment, dans cette ambiance moite et électrique, il y a de quoi ne plus avoir envie de rien. À part se vautrer dans l’air conditionné devant une série Netflix. Même ça, j’ai pas la pass’ (si vous connaissez des ados, vous les avez sûrement entendus dire ça). J’ai vu la plupart des séries, je ne sais plus laquelle choisir. J’ai pas envie de lire non plus. Mes yeux sont fatigués. Pas envie de télé non plus, y a rien à la télé. Surtout depuis que Bolloré a explosé Canal+.
Le problème, c’est que j’ai pas envie de sortir non plus. Enfiler une robe, me maquiller, aller chez le coiffeur pour que ma frange frisotte au bout de 15 minutes, non merci. En plus, honnêtement, faire des salamalecs à droite, à gauche, c’est déjà assez éprouvant. Alors, si, en plus, c’est pour me taper des gens que j’aime pas et ne respecte pas, je n’en vois pas la nécessité. Pas de soirée, ni d’event. « Tu n’as pas été à l’event de machin ? » À force de ne jamais y montrer ma pomme, je ne suis plus invitée. Et ça m’emmerde. Je veux être invitée et être libre de ne pas avoir envie d’y aller, en prétextant que j’étais trop occupée… à ne rien faire. Pareil pour les parties, les sunset machin, les sunday beach days sans enfants, les early drinks, les DJ sets, les afters et tout le reste. Je veux être sur la guestlist (+1) et ne pas me pointer, être sollicité(e) et faire ma chieuse. « Je te dirai le jour-même. » Parce qu’entre nous, on n’en peut plus de Abu et de ses 3 Daqat qui résonnent dans la tête, comme le pivert de Louis de Funès. Ça fait depuis novembre dernier, qu’on l’entend à toutes les sauces. Mais c’est pas bien grave, on a déjà un remix de « Ghassaaaaan ». Une fine bouche, moi ? Non, c’est juste que tout me saoule. Et pourtant, j’ai pas envie de boire. Ras le bol des Moscow Mule, Gin Basil et autres Whisky Sour ou Saké Martini. Ça fait grossir. Mais je m’en fous, j’ai pas envie d’aller à la plage. Le soleil est trop fort, les piscines sont pleines d’huile et de cheveux peroxydés et la mer… La mer, on oublie. Et puis à force d’avoir dit à ceux (ou plutôt celles) qui ont essayé de me vendre un 353e caftan, un 27e panier de plage, une énième paire de flip-flop, que je n’irai pas me dorer les fesses cet été, je me suis fait griller. Au figuré bien entendu. Donc pas de photo de mes orteils sur Instagram, ni de selfie avec bouche en cul de poule. Parlons-en d’Insta. Sérieusement ? Seriously  ? Aan Jad ? On offre une mégafête et un tour du monde en catamaran à sa cadette qui a eu son bac sans mention (elle est une des rares à ne pas avoir chopé la mention cette année) ? Sérieux, y a encore des gens qui vont à Mykonos ? OK, j’arrête. Je dois me préparer, ce soir, j’ai le lancement de truc bidule, la fête de flen, la Barmitsva (ah non, ça c’est pas chez nous), le gig foireux de mes potes. Demain, je fais le tour des nouveaux designers à la mode et après-demain, je m’envole. Mais no worries, j’ai déjà réservé mon bed à Namos. Il suffira de mater mon compte Insta. Après tout, moi aussi je suis une wanna be blogger/influencer/curator comme les autres.

Ma élé jlédé. J’ai pas envie. Ni d’écrire, ni de bosser, ni de sortir, ni de faire le tour de la Beirut Design Week, ni d’aller à la plage, ni au restaurant, ni d’aller boire un verre, ni de faire du hiking, ni de me taper un mariage, des fiançailles, une baby shower-congratulations-tahéné, ni de me farcir le lancement d’un whisky, d’un parfum, d’une huile solaire, ni de me...

commentaires (5)

Les étoiles de nos coupes s’inclinèrent […] Moments de désir qui n’ont d’autre défaut Que celui d’être passés aussi vite qu’un clin d’œil. (traduction d'un poème chanté par Fairouz d'Ibn Al-Katib) Juste pour sortir les lecteurs du cafard après la lecture de votre article.

Shou fi

19 h 17, le 30 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Les étoiles de nos coupes s’inclinèrent […] Moments de désir qui n’ont d’autre défaut Que celui d’être passés aussi vite qu’un clin d’œil. (traduction d'un poème chanté par Fairouz d'Ibn Al-Katib) Juste pour sortir les lecteurs du cafard après la lecture de votre article.

    Shou fi

    19 h 17, le 30 juin 2018

  • ARTICLE OU BOURDE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 08, le 30 juin 2018

  • C'est à refiler le cafard aux pauvres lecteurs à condition que ces derniers aient eu l' ENVIE de vous lire . Quant à moi j'ai, infortunetly , lu . Faut voir ma poire !!

    Hitti arlette

    15 h 44, le 30 juin 2018

  • je suis d'accord. A force de disparaitre de la scene sociale, je ne suis plus invite nulle part.J'en suis tres content. Bisous la belle.

    Gerard Avedissian

    12 h 19, le 30 juin 2018

  • genial et si vrai BRAVO MEDIA AZOURI

    LA VERITE

    10 h 45, le 30 juin 2018

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