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Lifestyle - Un peu plus

Ce foutu premier rendez-vous...

Alain Bashung et Fanny Ardant.

Il y a l’excitation du first date, l’envie de découvrir l’autre, le souci de plaire, d’être au meilleur de soi-même. Puis viennent se greffer le stress, la peur du silence, l’alchimie qui ne prend pas. Entre deux essayages de tenues trop provocante/trop classique ; entre le choix veste formelle/jeans-baskets ; on se demande ce qui va bien se passer. Parce qu’après ces regards échangés, ce small talk au bar, trois gin basil et un rapprochement plus touchy, il va falloir savoir de quoi parler. Parce que même si une discussion s’était construite à travers les réseaux sociaux, planqué derrière son écran, là, on est live.

Que va-t-on se dire ? Est-il aussi intelligent qu’il en a l’air ? Est-elle aussi sensuelle que jeudi soir? Est-ce un pervers narcissique planqué sous de belles phrases? Est-ce une manipulatrice ? Et comment déchiffrer les mots, puisqu’on dit souvent que « la lettre se lit de ses coordonnées »? Généralement, c’est là que tout se joue. Lors de ce foutu premier date où la question : « Premier soir ou après le troisième dîner? » revient inlassablement.  Le plus difficile restera tout de même et indéniablement la conversation, part la plus importante du jeu de séduction. Même si les gestes traduiront un réel désir, ce sont les mots qui enflammeront l’autre… ou pas. 

Le lieu, décisif, donnera le « la ». Un bar étant la meilleure option, un dîner étant plus formel. Et c’est là que tout commence. L’arrivée. Lui d’abord, elle, ensuite. Un sourire, une bise. Tu bois quoi ? Tu veux manger un bout ? Il fait frais aujourd’hui – la météo étant le sujet universel pour remplir le silence. Après le deuxième verre et les phrases courtoises, les « qu’est-ce que tu fais dans la vie ? », la politique, l’état du pays, les goûts musicaux; les langues se délient, on pénètre dans l’intime. Et si, pour briser la glace, on avait préparé un questionnaire, en demandant à l’autre de faire la même chose. Sans tabou, sans censure. Des questions drôles, plus profondes. Les réponses parleront d’elles-mêmes, même si certaines seront des mensonges. Les questions, elles aussi, définiront l’autre. À travers elles, il/elle se dévoilera un peu plus. De quel côté du lit tu dors ? Du côté de la porte, je suis claustrophobe. Et toi ? Moi aussi. Et lors de la première nuit, on s’en souviendra en riant. Qui dort où ? Et cette chanson que tu aimes et dont tu as honte ? Ce guilty pleasure enfoui au fond de toi. Ma philosophie d’Amel Bent. Tout le répertoire de Julio. À quoi tu penses avant de dormir? Est-ce que tu aimes le Nutella ? Définis-toi en 3 adjectifs. Et toi, comment me définirais-tu ? Que regrettes-tu ? Que ne referais-tu plus jamais ? As-tu fais du mal ? C’est quand la dernière fois que tu as fait quelque chose pour la première fois ? Si tu avais un superpouvoir… Et toi ? C’est qui ton personnage préféré de dessin animé ? La meilleure décision de ta vie ? Une qualité que tu aurais aimé ne pas avoir? La gentillesse. Parce que c’est elle qui m’a joué le plus de tours, fait le plus mal. Un défaut que tu n’échangerais pour rien au monde ? Mon égocentrisme. Parce que je ne serais pas arrivé(e) là où je suis aujourd’hui. 

Et puis, doucement, le sujet le plus intéressant, celui qui est un des fondements mêmes de ce date (on ne va pas se leurrer), arrive sur le tapis. Que ferais-tu avec un masque que tu ne ferais pas à visage découvert. Rien. Rien ? Rien. Bad sex or no sex ? Qu’est-ce que tu aimes? Qu’est-ce que tu ne peux pas faire ? Peut-on désirer plusieurs personnes ? Tu crois en la monogamie ? Quelle a été ta plus longue période sans sexe ? 2 ans. Pourquoi ? Une dépression. Et les réponses ne seront pas toujours courtes. Elles seront longues parfois, sujettes à réflexion, à introspection. Elles seront douloureuses ou amusantes. Elles décrisperont, dérideront. Et là, au bout de trois heures ou même plus, on saura si ça continuera ou pas. On fléchira, ou pas. On succombera ou pas. Parce que lui aussi aime Julio et David Bowie, elle aussi aimerait retourner dans le passé pour rectifier les choses, et non pas dans le futur pour voir ce qu’elle deviendra. Parce qu’elle aussi est impudique et lui aussi, a peur des cafards.  Et si l’alchimie ne prend pas, on aura passé une sorte de conversation Tinder live. Et il n’y aura pas de moment bizarre et gênant au moment de descendre de la voiture. On s’appropriera certaines questions posées. Et si les phéromones se sont révélées et le premier soir, on dormira blottis l’un dans l’autre.

Il y a l’excitation du first date, l’envie de découvrir l’autre, le souci de plaire, d’être au meilleur de soi-même. Puis viennent se greffer le stress, la peur du silence, l’alchimie qui ne prend pas. Entre deux essayages de tenues trop provocante/trop classique ; entre le choix veste formelle/jeans-baskets ; on se demande ce qui va bien se passer. Parce qu’après ces regards...

commentaires (2)

Très belle analyse qui me ramène bien loin dans le passé!! Mais, avec l'âge il ne me reste plus qu'à me demander: Cet article ne serait il pas censure ou même interdit sous un régime à l'iranienne?

Wlek Sanferlou

15 h 53, le 23 juin 2018

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Commentaires (2)

  • Très belle analyse qui me ramène bien loin dans le passé!! Mais, avec l'âge il ne me reste plus qu'à me demander: Cet article ne serait il pas censure ou même interdit sous un régime à l'iranienne?

    Wlek Sanferlou

    15 h 53, le 23 juin 2018

  • Que c est joli !

    Bardawil dany

    10 h 41, le 23 juin 2018

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