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Nos Lecteurs ont la Parole - par Myriam SIOUFI

Grand Lycée franco-libanais, quelle histoire !

« Indignez-vous ». Tel est le titre qu’avait donné Stéphane Hessel à son dernier essai, balayant en une trentaine de pages toute forme de complaisance et de compromission d’un état d’esprit qui prône l’égalité mais qui se moque de l’équité.
Le Grand Lycée franco-libanais (GLFL), l’école française installée au Liban depuis plus de 100 ans, est livrée à elle-même. Rien ne va plus au sein de cette institution. Depuis le 26 avril, les enseignants libanais ont eu recours à la grève pour revendiquer leur droit à une augmentation de salaire imposée par la loi 46 entrée en vigueur en novembre dernier. Sans vouloir heurter leur administration, les enseignants libanais ont décidé de maintenir une grève ouverte jusqu’à l’obtention de leur droit, coûte que coûte, sans pour autant songer à recourir à d’autres moyens de contestations tout aussi légaux : dépôt de plaintes auprès du ministère de l’Éducation ou auprès des tribunaux qualifiés. L’administration du GLFL maintient le même discours depuis le début, qui est celui de la nécessité de payer une scolarité augmentée de 17 % pour pouvoir régler le problème des nouvelles grilles salariales imposées par la loi 46. Le Comité des parents conteste l’augmentation présentée par le GLFL, jugée non justifiée, et a proposé de payer uniquement le pourcentage relatif aux salaires des enseignants qui est bien loin des 17 %, comme nous avons pu le constater dans d’autres établissements. Les parents alertés par ces hausses répétitives de la scolarité, qui s’élèvent a plus de 170 % en une décennie, se trouvent ainsi dépassés par le mépris et surtout horrifiés par cet élégant dépeçage des droits des enfants à l’éducation.
Chers parents des futurs élèves, les parents actuels des élèves du GLFL ont payé leur dû sur la base du budget signé avec le Comité des parents qui date de l’année dernière. Les parents se sont même engagés à payer l’augmentation voulue par l’État suivant la loi 46. Mais les parents ont refusé de payer toute autre augmentation présentée par l’école parce que non justifiée, et elle fait maintenant l’objet d’une procédure judiciaire intentée par le Comité des parents au nom de la transparence.
Le Grand Lycée franco-libanais est installé au Liban depuis tellement longtemps qu’il s’est imprégné de l’ADN défectueux du système judiciaire et éducatif libanais. Le lycée a compris ces deux choses :
• Quitte à s’endetter, le Libanais paiera pour l’éducation de ses enfants.
• Les règles de droit sont désuètes ou inexistantes, et toute tentative de traîner l’établissement en justice dépassera la durée de vie scolaire, vu qu’aucune loi n’est mise en place pour protéger le droit des parents à contester certaines pratiques d’un établissement sans que cela ne résulte en un blocage total de l’établissement scolaire. Le seul moyen d’obtenir gain de cause reste bien sûr de changer d’établissement.
Ceci dit, personne ne sortira indemne de cette confrontation. Nous tous, parents, porterons les séquelles de cet acharnement contre le droit de nos enfants à une éducation paisible.
Chers parents des futurs élèves, je m’adresse à vous, altérée par le poids de l’incompréhension. J’avais lu la charte de la Mission laïque française la veille du premier jour d’école de mon fils et j’avais renoué avec mon sentiment francophile. Il faudrait que vous soyez profondément attachés aux valeurs de la France et à ses belles déclarations pour endurer la dénaturation de cette charte. Nos enfants se retrouvent aujourd’hui piégés dans un chassé-croisé interminable qui, pour nous, parents, a pourtant une issue simple : payer les professeurs d’abord et laisser la justice trancher sur le reste ensuite. Alors, rendez-vous à la rentrée prochaine, et d’ici là, je vous demande de retrousser vos manches et de vous préparer à affronter toutes sortes de séismes pour permettre à vos enfants d’avoir droit à une éducation au prix juste.

Myriam SIOUFI
Parent d’élèves au GLFL

« Indignez-vous ». Tel est le titre qu’avait donné Stéphane Hessel à son dernier essai, balayant en une trentaine de pages toute forme de complaisance et de compromission d’un état d’esprit qui prône l’égalité mais qui se moque de l’équité.Le Grand Lycée franco-libanais (GLFL), l’école française installée au Liban depuis plus de 100 ans, est livrée à...

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