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Moyen Orient et Monde - Conflit israélo-palestinien

Faible mobilisation à Gaza au lendemain du bain de sang

Israël fait face à une vague de réprobation et d’appels à une enquête indépendante sur le « massacre ».

L’observateur permanent de Palestine auprès de l’ONU, Riyad H. Mansour (au micro), prenant la parole hier devant les journalistes, à l’issue d’une réunion en urgence du Conseil de sécurité sur la situation inquiétante dans la bande de Gaza. « Aucun pays dans cette salle n’aurait agi avec autant de retenue que ne l’a fait Israël », a pour sa part fulminé l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, ardente avocate de l’État hébreu, lors de la réunion. Hector Retamal/AFP

Une nouvelle effusion de sang était redoutée hier à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, jour où les Palestiniens commémoraient la Nakba, la « catastrophe » (en arabe) qu’a représenté à leurs yeux la création d’Israël en 1948, synonyme d’exode pour des centaines de milliers d’entre eux. Lundi, tandis qu’officiels israéliens et américains baignaient dans l’exaltation du transfert « historique » de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem et du 70e anniversaire de la création de l’État hébreu, 59 Palestiniens, dont plusieurs mineurs, ont été tués par les forces israéliennes. En outre, hier matin, une fillette de huit mois a succombé aux inhalations de gaz lacrymogènes.
Toutefois, hier, les abords de la frontière israélienne n’ont vu que des heurts sporadiques, avec des rassemblements beaucoup plus limités que la veille. Deux Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens à l’est du camp de réfugiés d’al-Bureij, a rapporté le ministère gazaoui de la Santé. De son côté, dans un communiqué, l’armée israélienne a affirmé avoir « dispersé des manifestations violentes le long de la frontière avec Gaza ». Par ailleurs, plus de « 700 manifestants ont participé à des émeutes violentes dans 14 points différents » en Cisjordanie occupée, selon le communiqué de l’armée.
Entre-temps, à travers toute la bande de Gaza, des dizaines de milliers de Palestiniens enterraient leurs morts. Hier matin, des centaines de personnes ont suivi les funérailles de Yazan Tubas, un jeune homme de 23 ans. « Je suis heureux que mon fils soit (un) martyr », a dit son père Ibrahim, âgé de 50 ans, sans parvenir à contrôler ses larmes. « Il fait partie de tous ceux qui sont morts pour le bien de la Palestine et de Jérusalem », a-t-il ajouté, assurant que son petit-fils Ibrahim prendrait la relève : « Une génération se lèvera, puis une autre... »

Netanyahu accuse le Hamas
Le Hamas soutient cette mobilisation tout en assurant qu’elle émane de la société civile et qu’elle est pacifique. L’armée israélienne, qui a mobilisé des milliers d’hommes autour de Gaza et en Cisjordanie occupée, accuse le Hamas de se servir de ce mouvement pour mêler à la foule des hommes armés ou disposer des engins explosifs le long de la barrière frontalière. Vingt-quatre des Gazaouis tués lundi étaient des « terroristes, avec un passé terroriste reconnu », et la plupart étaient des membres actifs du Hamas ou du Jihad islamique, a assuré hier l’armée israélienne. Hier aussi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a de nouveau justifié l’usage de la force par la nécessité de défendre les frontières israéliennes et a accusé le Hamas, qui dirige la bande de Gaza et auquel l’État hébreu a livré trois guerres, de « pousser les civils, les femmes, les enfants, dans la ligne de feu pour qu’il y ait des morts ». Israël essaie « tous les moyens » non létaux pour tenir les Gazaouis à l’écart de sa frontière, « ça ne marche pas et il ne vous reste que de mauvais choix (...). Vous visez sous le genou et parfois, malheureusement, ça ne marche pas », a dit M. Netanyahu à la chaîne américaine CBS.
Israël dit redouter le scénario-cauchemar de Palestiniens forçant la barrière et s’infiltrant en Israël. Il a prévenu qu’il emploierait « tous les moyens » pour protéger la frontière, ses soldats et les civils. Dans le même temps, son armée assure ne recourir aux tirs à balles réelles qu’en dernier recours. La direction palestinienne, elle, crie au « massacre ».
La bande de Gaza est depuis le 30 mars le théâtre d’une protestation massive appelée « Grande marche du retour ». Elle vise à défendre la revendication des Palestiniens à retourner sur les terres qu’ils ont fuies ou dont ils ont été chassés à la création d’Israël. Il s’agit aussi de dénoncer le blocus israélien imposé à Gaza depuis plus de dix ans. Le mouvement a drainé des dizaines de milliers de Palestiniens, hommes, femmes et enfants, le long de la frontière, avec pour certains l’intention de forcer la barrière israélienne. Depuis le 30 mars, 116 Palestiniens ont été tués, la très grande majorité par les tirs israéliens. Un seul soldat israélien a été blessé.

Soutien du grand allié américain
Sur le plan diplomatique, Israël faisait face hier aux retombées de la crise gazaouie. Le Koweït a annoncé hier vouloir une « protection internationale » pour les civils palestiniens dans la bande de Gaza, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies au cours de laquelle les États-Unis ont loué « la retenue » d’Israël face aux manifestants. La réunion du Conseil de sécurité a débuté par une minute de silence à la mémoire des victimes. Elle s’est achevée par des photos de groupe : d’abord des représentants de 15 pays arabes de l’ONU réclamant une « enquête indépendante et transparente » ; ensuite de 8 pays européens (Suède, France, Royaume-Uni, Pologne, Allemagne, Pays-Bas, Belgique et Italie), lisant à tour de voix un communiqué exigeant d’Israël « de la retenue » et « le respect du droit de manifester ». Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et la Suisse ont également soutenu l’idée d’investigations lancée par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dès fin mars, quand avait commencé la mobilisation gazaouie par une première journée sanglante. La Ligue arabe a, pour sa part, appelé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête sur « les crimes de l’occupation israélienne ». Dès lundi soir, l’Afrique du Sud avait décidé le rappel de son ambassadeur et, dans son sillage, l’Irlande et la Belgique avaient convoqué l’ambassadeur israélien. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui va tenir une réunion extraordinaire vendredi, et Amnesty International sont allés jusqu’à évoquer des « crimes de guerre ». Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a également décidé en mesure de rétorsion de rappeler son représentant aux États-Unis.Mais Israël a également vu le grand allié américain lui renouveler son ferme soutien au Conseil de sécurité. L’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Nikki Haley a ainsi plaidé : « Aucun pays dans cette salle n’aurait agi avec autant de retenue que ne l’a fait Israël. »

Source : AFP

Une nouvelle effusion de sang était redoutée hier à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, jour où les Palestiniens commémoraient la Nakba, la « catastrophe » (en arabe) qu’a représenté à leurs yeux la création d’Israël en 1948, synonyme d’exode pour des centaines de milliers d’entre eux. Lundi, tandis qu’officiels israéliens et américains baignaient...

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