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Campus - SIMULATION

Lorsque des jeunes donnent l’exemple aux nouveaux parlementaires

Les membres du Parlement des jeunes ont présenté quatre projets de loi qui ont été soumis au vote. Comme à l’Assemblée nationale, les partis politiques n’étaient pas toujours d’accord.

Les étudiants devant le Parlement libanais.

La finale du Parlement des jeunes, organisée par l’USJ en partenariat avec la Friedrich Naumann Foundation, s’est tenue le 20 avril à l’amphithéâtre Gulbenkian au campus des sciences sociales. Les étudiants-députés ont exposé quatre projets de loi qui ont été soumis au vote. Comme au vrai Parlement, les partis politiques n’étaient pas toujours d’accord.

« Vous essayez de le dissimuler avec de jolis mots, mais ce projet de loi reste raciste », s’exclame Rawane Salah de la commission des Droits de la femme, qui parle au nom du courant du Futur. En fait, on ne saura jamais si l’étudiante en psychologie fait partie des partisans de Saad Hariri dans la vraie vie : les 128 députés ont tiré au sort, durant le lancement de la simulation parlementaire le 2 mars passé, le parti politique qu’ils devront défendre, mettant de côté leurs appartenances et leurs convictions. Ensuite, lors d’une visite à la Chambre des députés réalisée une semaine plus tard, quatre commissions, comportant des parlementaires issus de partis politiques différents, ont été créées sous le parrainage d’un coach spécialisé.

Pendant un mois, les commissions se sont réunies pour rédiger un projet de loi qui sera soumis au vote lors de la rencontre finale, le 20 avril. Le projet de loi contre lequel s’indigne Rawane porte sur le droit de la femme à transmettre sa nationalité à ses enfants. Après un mois de travail acharné, la commission concernée est arrivée à un consensus : on devient libanais par filiation, d’un père ou d’une mère libanais(e), sauf si le père ou la mère est originaire d’un pays frontalier avec le Liban. Même si ce « compromis » a été critiqué par plusieurs députés, la motion a fini par passer suite au vote de l’assemblée.

Rita Chémaly, enseignante à l’Institut des sciences politiques de l’USJ, parle de son expérience en tant qu’experte accompagnatrice de la commission en question : « Le projet de loi rédigé par les étudiants est le fruit d’un long processus similaire au “vrai travail” parlementaire. À un moment, les députés ont senti que les facteurs de la polémique sont récurrents et peuvent les ramener à la case zéro, ce qui est parfaitement normal, mais il faut poursuivre les efforts de médiation au-delà de cela. »


(Lire aussi : « Les politiques doivent écouter l’opinion des jeunes et leurs angoisses »)



Penser différemment
Orla Saïd, étudiante en droit qui travaille au sein de la commission visant à supprimer le système controversé de la  kafala (parrainage) qui régit l’emploi de domestiques étrangers, souligne que le travail parlementaire est en effet « complexe », surtout qu’on doit sortir de sa sphère personnelle afin de penser à l’intérêt général. « Penser, par exemple, que l’employée de maison peut tomber amoureuse et avoir un partenaire est peut-être compliqué pour des personnes faisant partie du système. Mais pour les parlementaires, c’est une question légitime qui doit être posée », dit-elle. 

L’exercice incite donc les étudiants à penser différemment, et Orla Saïd enchaîne : « Lors des élections des amicales d’étudiants, je me suis présentée sur la liste des indépendants contre les Forces libanaises (FL). Lorsque le tirage au sort m’a attribué le parti politique du camp adverse, j’ai dû le défendre et j’ai pu trouver un socle commun sur lequel je pouvais me baser. » Joseph Abdallah, quant à lui, appartient aux FL et a obtenu au tirage au sort le Courant patriotique libre (CPL) : « J’ai décidé de jouer le jeu à fond et j’ai été élu à la tête du CPL fictif. Cela a été difficile par moments, surtout au sein de la commission qui travaille sur la censure des œuvres cinématographiques, les deux partis n’ayant pas les mêmes positions. L’expérience a toutefois été enrichissante : je ne peux pas aspirer à devenir politicien si je ne sais pas jouer un rôle ! » affirme l’étudiant en droit. Penser différemment veut dire aussi percevoir certaines questions d’une autre manière.

Ainsi, Dominique Salameh, enseignant à la faculté des sciences de l’USJ et accompagnateur de la commission travaillant sur la gestion des déchets, explique que « ce dossier est plutôt technique alors que les députés, fictifs ou réels, font de lui un problème politique ». En espérant qu’à l’image des étudiants-députés, les parlementaires, « vrais » et « frais », trouveront des solutions à cette crise. Et à tant d’autres.


Pour mémoire
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La finale du Parlement des jeunes, organisée par l’USJ en partenariat avec la Friedrich Naumann Foundation, s’est tenue le 20 avril à l’amphithéâtre Gulbenkian au campus des sciences sociales. Les étudiants-députés ont exposé quatre projets de loi qui ont été soumis au vote. Comme au vrai Parlement, les partis politiques n’étaient pas toujours d’accord.« Vous essayez de...

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