Des partisans d’Amal et du Hezbollah paradant dans le centre-ville de Beyrouth, lundi soir, après l’annonce des résultats des législatives. Photo Hassan Assal
Les condamnations politiques continuaient de tomber hier suite à la démonstration de force, lundi soir, dans plusieurs quartiers de Beyrouth, de partisans du Hezbollah et du mouvement Amal, démonstration qui a suivi l’annonce des résultats des élections législatives.
Le député Nadim Gemayel, réélu à Beyrouth I, a condamné dans un communiqué « l’invasion milicienne » de la capitale qu’il a qualifiée d’« intimidation et de menace contre le peuple libanais ». « Le scrutin était à peine terminé dans tout le Liban que des groupes affiliés au Hezbollah, sur des mobylettes, ont provoqué les Libanais à Achrafieh, dans les rues de Beyrouth et dans de nombreuses régions du Liban », a souligné M. Gemayel dans un communiqué. « Nous considérons que ces provocations répétées menacent le peuple libanais et visent à provoquer le chaos dans le pays », a-t-il ajouté.
Le député des Kataëb a affirmé avoir « mis plusieurs fois en garde contre ce genre de provocations, qui rappellent le 7 mai 2008 et les chemises noires », dans une allusion notamment à la prise de contrôle de Beyrouth-Ouest par le Hezbollah, il y a dix ans jour pour jour, et a rendu le Hezbollah « directement responsable des conséquences désastreuses qui peuvent en résulter ». Nadim Gemayel a dans ce contexte invité les forces de l’ordre et l’armée à « préserver la dignité et les biens des citoyens, l’État étant le seul en charge d’interdire ce genre d’agressions et de provocations ».
Des centaines d’hommes agitant des drapeaux du Hezbollah et du mouvement Amal ont paradé lundi soir dans plusieurs quartiers de la capitale, en mobylette, comme ils l’avaient fait à Hadeth en janvier dernier, avant de décrocher et de piétiner des banderoles et des portraits du courant du Futur et de son chef, le Premier ministre Saad Hariri. Dans plusieurs vidéos diffusées en ligne et dans les médias, les images montrent des convois de partisans du Hezbollah et d’Amal à mobylette traversant les quartiers de Aïcha Bakkar, de l’hôtel Saint-Georges et d’Achrafieh. À Aïcha Bakkar, des rixes ont même éclaté entre les motards et les habitants du quartier.
Sur un autre plan, M. Gemayel s’est rendu hier sur la tombe de son père, le président de la République Bachir Gemayel, à Bickfaya.
Réagissant aux incidents postélectoraux, le mufti de la République, cheikh Abdellatif Deriane, a appelé hier à sanctionner les « fauteurs de troubles » qui ont paradé dans les rues de la capitale. « La sécurité du Liban et des Libanais est la responsabilité de l’armée et des forces de sécurité, et ce genre d’incidents qui nuisent à Beyrouth ne doivent pas se répéter (...) », a déclaré le dignitaire sunnite, qui se trouve actuellement à Abou Dhabi pour assister à un sommet religieux. « Sans la sagesse du président de la République, Michel Aoun, du chef du gouvernement, Saad Hariri, et du président du Parlement, Nabih Berry, et le déploiement de l’armée et des forces de sécurité, Beyrouth serait devenue le théâtre du chaos et de la discorde (...) », s’est alarmé le mufti Deriane. Il a appelé à « sanctionner toute personne qui a porté atteinte à la sécurité de Beyrouth (...) et des citoyens ».
De son côté, l’ancien Premier ministre Tammam Salam, réélu à Beyrouth II, a appelé à régler les contentieux au Parlement et non pas dans la rue. « Les émeutes dont les rues de la capitale ont été témoins après l’annonce des résultats des élections n’aident pas à atteindre le climat auquel nous aspirons et elles constituent une atteinte à ceux qui les ont perpétrées et aux forces politiques dont ils affichaient les drapeaux ainsi qu’une insulte à Beyrouth et ses habitants. Nous n’acceptons pas que ces derniers soient terrorisés et que leurs quartiers et propriétés soient pris d’assaut de la sorte », a dit M. Salam.
Pour sa part, le député sortant Michel Pharaon s’est dit étonné de voir que certains députés élus n’aient pas réagi aux débordements du Hezbollah.
Pauvre Liban ...
17 h 02, le 10 mai 2018