Jamais autant qu’aujourd’hui les gens ne se sont interrogés sur la signification de leur travail. Pendant longtemps, ils semblaient avoir au moins pour but de produire et d’accroître leurs richesses. Ils s’interrogeaient de plus sur leurs possibilités d’épanouissement. Mais la nécessité du travail n’était pas mise en cause. Aujourd’hui, les nuages d’un avenir moins radieux qu’on ne l’espérait, les menaces sur l’environnement, l’épuisement de certaines matières invitent à la réflexion sur les finalités des entreprises humaines.
Avant d’être un choix, le travail demeure une nécessité aujourd’hui comme hier. De récentes statistiques montraient que l’humanité n’avait jamais qu’un petit ou deux petits mois d’avance de réserves alimentaires. Pour le maintenir, il faut labourer, semer, amender, désherber, récolter, stocker, distribuer, vendre et acheter. Cesser de le faire, ce serait mourir à brève échéance. On en dirait autant du vêtement, du logement, des transports, des télécommunications (un exemple frappant, la guerre d’Irak où tout manquait à nos frères irakiens : eau, nourriture, médicaments, nécessités de premier ordre, etc.). Certains y laissaient leur santé et parfois leur existence. Tous s’usent à mesure que, pour survivre, ils transforment le monde.
Vouloir vivre ensemble dans un monde qui conditionne la vie personnelle et collective, en vue d’instaurer une société fraternelle par-dessus des divisions de races, de classes et de nations, c’est sans doute la finalité essentielle du travail. Elle peut mobiliser l’existence des sidérurgistes, des commerçants, des instituteurs, des paysans et des ouvriers. Mais toutes ces fins ne trouvent finalement leur signification que dans ce but plus large que constituent la fraternité, la reconnaissance mutuelle des hommes, la convivialité. Est-ce tout ? Non, il y a une autre réalité.
Quelle est cette réalité ? C’est pour Dieu que les hommes travaillent, c’est Dieu qui donne sens à leur travail. Dans ces perspectives, le sens du travail devient lui-même une expression partielle du sens de l’existence. Ainsi, le travail devient-il l’un des visages de la relation avec Dieu, seule capable de fonder en vérité notre relation aux autres et aux choses. À travers l’humilité, la souffrance, les fatigues et l’oubli de soi qu’il appelle, à travers la libération, la communion et la joie qu’il permet, il nous donne d’aller à Dieu. Au moment même où il nous unit aux hommes, dans la foi, il nous unit à Dieu.
Nos Lecteurs ont la Parole - par Sylvain THOMAS
La fête du Travail, une solennité et un jubilé
OLJ / le 30 avril 2018 à 00h00