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Moyen Orient et Monde - Cuba

La page Castro est-elle réellement tournée ?

Élu hier président, Miguel Diaz-Canel s’inscrit dans la droite ligne du régime castriste et annonce que « Raul Castro présidera aux décisions de grande importance pour le présent et l’avenir ».

Le président cubain sortant, Raul Castro (à droite), levant la main de son successeur élu hier, Miguel Diaz-Canel, à l’Assemblée nationale cubaine à La Havane, après le vote des députés. Photo www.cubadebate.cu/AFP

Miguel Diaz-Canel est devenu hier le nouveau président de Cuba, engageant ce pays dans une transition historique qui s’inscrit toutefois dans la droite ligne du régime castriste. Désigné unique candidat mercredi, M. Diaz-Canel a été comme attendu élu par les députés pour un mandat renouvelable de cinq ans, « avec 603 voix sur 604 possibles, soit 99,83 % des suffrages », a annoncé devant l’Assemblée la présidente de la Commission nationale électorale, Alina Balseiro. Le poste de premier vice-président, le n° 2 de facto du régime, est attribué à Salvador Valdes Mesa, un syndicaliste et cadre de haut rang du Parti communiste âgé de 72 ans, a également annoncé Mme Balseiro, confirmant aussi que le Conseil d’État, l’organe exécutif suprême, comptera 13 nouveaux membres sur 31.
 « Le mandat donné par le peuple à cette législature est de poursuivre la révolution cubaine dans un moment historique crucial », mais aussi les réformes économiques entamées par Raul Castro, a déclaré M. Diaz-Canel dans son premier discours en tant que président du Conseil d’État. Dans cette intervention dépourvue d’annonces concrètes, le nouveau président a déclaré : « Je viens travailler, je ne viens pas promettre », avant de réaffirmer sa « fidélité au legs du commandant Fidel Castro, mais aussi à l’exemple, à la valeur et aux enseignements » de son prédécesseur. D’ailleurs, a-t-il assuré, « Raul Castro présidera aux décisions de grande importance pour le présent et l’avenir de la nation ».
Ce dernier, qui quitte la présidence à 86 ans après plus de six décennies de pouvoir exclusif de la fratrie Castro, n’abandonne pas totalement les rênes à son successeur, puisqu’il doit conserver ses fonctions de secrétaire général du puissant Parti communiste jusqu’en 2021.
N° 2 du régime depuis 2013, M. Diaz-Canel s’est peu à peu imposé aux côtés de Raul Castro, après avoir gravi dans l’ombre les échelons du pouvoir. Apôtre du développement d’internet et d’une presse plus critique sur l’île, il a su se donner une image de modernité tout en demeurant économe en déclarations. Mais il peut aussi se montrer intransigeant vis-à-vis de la dissidence ou de diplomates trop enclins à critiquer le régime. Hier, dans son discours, il a proposé « d’employer mieux et davantage la technologie » pour promouvoir une révolution qu’il a « juré de défendre jusqu’à son dernier souffle ». Le président sortant l’a préparé à assumer les plus hautes fonctions, l’envoyant représenter son gouvernement à l’étranger tandis que les médias d’État lui accordaient de plus en plus d’espace. Chargé de conduire une transition historique, il sera le premier dirigeant cubain à n’avoir pas connu la révolution de 1959 et devra se forger une légitimité. Hasard du calendrier, il fêtera aujourd’hui ses 58 ans.

Défis et système
Miguel Diaz-Canel, qui aura pour mission de maintenir l’équilibre entre la réforme et le respect des principes essentiels du castrisme, devra d’emblée s’atteler à poursuivre « l’actualisation » d’une économie encore étatisée à 80 % et entravée depuis 1962 par l’embargo américain. Au plan diplomatique, il sera aussi confronté à un antagonisme renouvelé avec l’éternel « ennemi » américain, le président républicain Donald Trump imposant depuis un an un sérieux coup de frein au rapprochement engagé fin 2014. Pour le guider, le parti unique et le Parlement ont préalablement voté des « lignes directrices » qui dessinent les orientations politiques et économiques à suivre d’ici à 2030, et qui lui serviront de feuille de route.
« Il est assez difficile d’évaluer la capacité de Diaz-Canel à remplir les fonctions de président. Il vient du système, mais c’est la rigidité du système qui constitue le plus grand obstacle pour avancer », note Michael Shifter, le président du groupe de réflexion Dialogue interaméricain, basé à Washington. Ses débuts « constitueront un test sur ses capacités politiques et il peut s’attendre à des résistances », affirme l’expert.
La nomination des membres du Conseil des ministres devrait intervenir dans les prochains jours, mais beaucoup d’observateurs estiment d’ores et déjà que la nouvelle configuration du pouvoir cubain sera moins centralisée. M. Diaz-Canel « adoptera peut-être un style de direction plus institutionnel et bureaucratique que charismatique et personnel, comme ce fut le cas avec Fidel, puis un peu différemment avec Raul », avance Jorge Duany, directeur de l’Institut des recherches cubaines de l’Université de Floride. Dans son discours, le nouveau chef de l’État cubain a d’ailleurs promis « une direction de plus en plus collective » et de maintenir « un lien permanent avec la population ».

Source : AFP

Miguel Diaz-Canel est devenu hier le nouveau président de Cuba, engageant ce pays dans une transition historique qui s’inscrit toutefois dans la droite ligne du régime castriste. Désigné unique candidat mercredi, M. Diaz-Canel a été comme attendu élu par les députés pour un mandat renouvelable de cinq ans, « avec 603 voix sur 604 possibles, soit 99,83 % des...

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