Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Un peu plus

Ce (tout) petit cafard...

La peur, l’anxiété, la frayeur, l’angoisse, le bouleversement… les phobies. Tant d’émotions qui nous prennent à la gorge parfois, ou souvent. Trop souvent d’ailleurs. 

Comment expliquer à quelqu’un une panic attack due à un cafard mort. Un cafard mort : ni volant ni se faufilant furtivement en dessous du lit. Non, un cafard gisant sur le dos, achevé par les chats de la maison, à moitié déchiqueté, le moindre souffle l’ayant abandonné pour l’éternité. Un cafard mort, inoffensif, petit, et qui aurait été se nettoyer s’il avait touché la main d’un humain. C’est quand même assez impressionnant le nombre de gens qui sont dégoûtés ou qui sont terrifiés par cet insecte qui serait le seul survivant en cas d’irradiation atomique. Hurlements, crise de pleurs, tremblements, tachycardie, paralysie, insomnies, perte d’équilibre, vomissements. Tout genre de manifestations de phénomènes physiques. Et pourtant, on sait que c’est ridicule ; qu’il est un million de fois plus petit que nous ; qu’il s’enfuit quand il nous voit et que de surcroît, il est mort… Rien n’y fait, rien n’y fera. On appellera sa wonder woman de voisine ou son vaillant copain à 2 heures du matin pour qu’ils viennent nous sauver, en ôtant ce cadavre de notre chambre. Ces gens-là qui savent, à force, comment vous êtes. Que c’est irrationnel certes, mais que vous perdez le contrôle, que vous perdez pied… à cause d’un cafard mort. 

Ils le comprennent, parce que tout le monde a (eu) peur de quelque chose ou de quelqu’un. Que l’on soit un requin des finances, une businesswoman accomplie, une artiste charismatique, un empereur de renom, une star du petit écran, un haltérophile de haut niveau, un solide gaillard, le PT du coin, une prof de karaté auréolée mille fois, il y aura toujours (eu) quelque chose ou quelqu’un pour nous faire peur : la voisine étrange du 1er, la directrice sévère du petit jardin, le prof de maths et ses interros surprises, le vieux monsieur sénile et son doberman, la vendeuse de tabac avec son œil de verre. Petits, on en avait peur. Plus tard, aussi. Il y a la peur et il y a les phobies. Les vraies phobies.

La claustrophobie, l’agoraphobie, l’hypocondrie. Très courantes. Et aussi la peur des araignées, des chats, des chiens, des aiguilles, du médecin, de l’avion, du noir, de la vue du sang, des serpents, des ascenseurs, des hauteurs, des orages, des oiseaux, des souris, de l’abandon, du dimanche soir… Tant de peurs collectives et si communes. C’est comme ça, on ne peut pas contrôler une peur, même si on sait que c’est dû à un traumatisme ou que c’est un transfert d’angoisse. 

On a tous une faille, un point faible, un talon d’Achille. Une peur ancestrale ou une angoisse nouvelle. Un truc qui nous noue le ventre, à chaque fois. Comme si au lieu de ressentir un papillon virevoltant dans notre ventre, on palperait le va-et-vient d’un cafard qui en longerait les parois. Petite ou grande frayeur, peu importe : elle est là. Elle restera toujours là. Et le plus dur n’est pas seulement de la définir, de la comprendre, de la combattre, de la psychanalyser. Le plus dur, c’est aussi de dire qu’on a peur. Dire à ces autres qui ont toujours pensé qu’on n’avait peur de rien, qu’en fait non, ce n’est pas le cas. Que oui, on sait contrôler nos émotions en cas de décès. Qu’on sait gérer des funérailles, un accident, un cancer. Qu’on sait être léger quand tout est grave, qu’on peut décrisper une assemblée de bureaucrates en pleine réunion de crise. Qu’on sait régler les problèmes de fric, qu’on sait manager une équipe de 35 personnes, qu’on sait guérir des chagrins d’amour ; mais qu’on est incapable de tuer une bête de 3 cm de long. Qu’on est incapable de passer à côté de sa dépouille. Incapable de reprendre ses esprits et qu’on continue à trembler durant 2 heures après ses funérailles. Ces funérailles-là qu’on n’a pas su gérer.

Le plus dur, c’est, aussi, demander de l’aide. De se mettre à nu, de dévoiler sa faille, de montrer qu’on a finalement besoin de l’autre. Tout ça, à cause (ou grâce) à un petit cafard qui porte si bien son nom.

La peur, l’anxiété, la frayeur, l’angoisse, le bouleversement… les phobies. Tant d’émotions qui nous prennent à la gorge parfois, ou souvent. Trop souvent d’ailleurs. Comment expliquer à quelqu’un une panic attack due à un cafard mort. Un cafard mort : ni volant ni se faufilant furtivement en dessous du lit. Non, un cafard gisant sur le dos, achevé par les chats de la...

commentaires (4)

Rien qu'à lire votre article je ressens un frisson qui me parcourt l'echine! Quelle horreur que ce rampeur totalement horripilant, pouwahh!

Joyce Jurdak

01 h 59, le 16 avril 2018

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Rien qu'à lire votre article je ressens un frisson qui me parcourt l'echine! Quelle horreur que ce rampeur totalement horripilant, pouwahh!

    Joyce Jurdak

    01 h 59, le 16 avril 2018

  • Pauvre cafard qui porte bien son nom... Les cafards étaient là avant même que les homosapiens et leurs ancêtres avaient exister. En un temps record nos ancêtres ont détruit le monde de cafards et de tout les autres êtres vivants et pensent maintenant aller vers d'autres planètes pour échapper à ce qu'ils ont fait sur terre... Un peu ce que libanais font en allant vers d'autres pays pour échapper aux ordures, à la pollution et à tout les zombies qui tiennent les pouvoirs... Localement. Bon cafard chez vous!

    Wlek Sanferlou

    21 h 53, le 14 avril 2018

  • La phobie fair partie de la condition humaine...nous avons tous une ou plusieurs phobies....cette phobie est un phenomene normal ..elle devient une pathologie quand elle commence a etre handicapante dans notre vie quotidienne....et la un traitement medicamenteux pourrait attenuer les symptomes et les rendre compatible avec une vie " normale "

    Houri Ziad

    11 h 39, le 14 avril 2018

  • PAS PHOBIE MAIS REPULSION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 34, le 14 avril 2018

Retour en haut