Des combattants du groupe jihadiste Jaïch al-islam et leurs familles ont quitté hier la ville de Douma, dans la Ghouta orientale, à bord d’une trentaine de bus prenant la direction du nord de la Syrie. Selon une source militaire au passage al-Wafidine, où se déroulent les préparatifs des évacuations, 80 bus devaient à terme quitter la périphérie de Damas. Nazir al-Khatib/AFP
Les insurgés de l’ultime ville rebelle de la Ghouta orientale ont remis leurs armes lourdes et leur chef a quitté le secteur, marquant une importante victoire du régime syrien avec la fin de l’une de ses plus sanglantes offensives en sept ans de conflit. Les combattants du groupe Jaïch al-islam, et leurs familles, continuent ainsi de quitter par milliers la ville de Douma.
« Les combattants de Jaïch al-islam ont remis leurs armes lourdes à la police militaire russe à Douma mercredi », a rapporté hier l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « La plupart des hauts gradés de Jaïch al-islam, y compris leur chef Issam Bouwaydani, ont quitté Douma » pour se rendre vers des territoires rebelles dans le nord syrien, a précisé l’OSDH. « Aujourd’hui, un événement important pour l’histoire de la Syrie a eu lieu : le drapeau syrien a été hissé sur un bâtiment de Douma, ce qui marque la prise de contrôle de cette localité et par conséquent de la Ghouta orientale dans sa totalité », a dit hier le général russe Iouri Evtouchenko, cité par les agences à Moscou. La télévision russe a montré des images de foule agitant dans la rue de grands drapeaux rouge-blanc-noir aux deux étoiles vertes et l’un de ces drapeaux accroché sur la façade d’un immeuble délabré. Damas, lui, n’a pas encore annoncé publiquement la reconquête de Douma.
Selon Yasser Delwane, un responsable de Jaïch al-islam, « c’est l’attaque chimique (survenue le 7 avril à Douma) qui nous a poussés à accepter » une évacuation. « Tous les dirigeants ne sont pas partis. Les départs se poursuivent », a-t-il ajouté. D’après des habitants de la ville, le drapeau syrien a été hissé mercredi sur la principale mosquée, mais une dispute a éclaté, des balles ont été tirées et le drapeau a été retiré. Des membres de la police militaire russe sont également partis après l’incident. Il n’était pas clair si ce drapeau était le même que celui mentionné par le général Evtouchenko.
Entre-temps, des combattants et des civils se préparaient hier à quitter Douma pour rejoindre le nord syrien, et 80 bus devaient à terme quitter la périphérie de Damas, selon une source militaire au passage al-Wafidine, où se déroulent les préparatifs des évacuations. Une trentaine de bus ont déjà été affrétés, selon la même source. Selon les militaires russes, plus de 160 000 personnes ont quitté la Ghouta. Parallèlement, l’armée russe a indiqué que sa police militaire a commencé son déploiement à Douma, où « elle constitue un garant du respect de l’ordre ».
« Enregistrer une victoire dans la Ghouta orientale est important », a déclaré hier Bouthaïna Chaabane, conseillère du président syrien Bachar el-Assad, à la chaîne de télévision al-Mayadeen (basée à Beyrouth). « Cela envoie un message au monde entier que l’armée syrienne et ses alliés peuvent libérer chaque parcelle du territoire syrien », a-t-elle poursuivi. C’est grâce principalement à l’aide militaire de la Russie, son allié indéfectible, que le président Assad a multiplié les victoires face aux rebelles et aux jihadistes depuis 2015, reprenant plus de la moitié du territoire de la Syrie, ravagée depuis 2011 par une guerre civile qui a fait plus de 350 000 morts.
Source : AFP