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Idées - Lettre ouverte

Femmes au Parlement libanais : soyons du bon côté de l’histoire !

Avec actuellement quatre députées sur 128, le Liban figure à la 183e place (sur 190 pays) dans le classement des Nations unies relatif à la présence des femmes au Parlement.

Le 6 mai, nous avons rendez-vous avec l’histoire. Pour la première fois, le nombre de femmes candidates aux élections législatives libanaises est significatif : elles sont 84 (environ 14 % du total). Il est difficile d’imaginer que parmi toutes ces femmes, aucune ne nous inspire ou ne soit digne de nous représenter...
Le Liban a, certes, l’image d’un pays libéral, mais nous savons tous que ce n’est à certains égards qu’une façade. Le système patriarcal reste très ancré dans la société, et les femmes sont souvent prisonnières de traditions, de normes sociales, culturelles et religieuses.

Travail titanesque
Notre retard en matière d’égalité des genres par rapport à beaucoup de pays arabes est bien réel. Certains indicateurs le démontrent d’une façon flagrante, telle la participation des femmes dans la vie politique. Avec une seule femme, la ministre d’État pour le Développement administratif, Inaya Ezzeddine, siégeant au gouvernement, le Liban reste à la traîne : dans le monde arabe, seule l’Arabie saoudite fait pire. Quant à la présence des femmes au Parlement, le Liban est classé à la 183e place (sur 190 pays) dans le classement établi par les Nations unies en la matière : seuls le Qatar (185e), Oman (189e) et le Yémen (190e) sont moins bien classés parmi les pays arabes. La place occupée par le Liban dans ce classement est tout simplement honteuse.
Un autre indicateur est le statut de la personne. Il suffit de comparer les législations libanaises avec celles de certains pays arabes pour réaliser à quel point la femme libanaise est défavorisée par la loi. Par exemple, en Tunisie, la polygamie est interdite, le divorce relève d’une procédure judiciaire et non religieuse, et la femme ayant la garde des enfants bénéficie dans ce cas d’une allocation familiale automatique …
 Cependant, grâce au travail d’organisations féministes et à la volonté de certains députés au sein du Parlement, ces dernières années ont connu des avancées au niveau de la législation des droits de la femme. À titre d’exemple, l’article 562 du code pénal qui allégeait les peines encourues dans les cas de crimes d’honneur a été abrogé en 2011, et l’article 522 qui permettait aux violeurs d’échapper à la justice en épousant leur victime (!) l’a été l’an dernier.
Pour autant, le travail qui reste à faire est titanesque. Nous voulons que la législation sur le statut des personnes soit la même pour tous les Libanais. Nous voulons également que la femme soit totalement incluse dans la vie politique si nécessaire par le biais de quotas. Les femmes au Parlement et au gouvernement, c’est pour maintenant !
Les critères de sélection entre elles ne peuvent être les confessions ou les affiliations familiales. Nous voulons des compétences, de l’intégrité, du courage, un engagement clair et affiché pour réformer, une position claire concernant l’égalité des genres, et surtout nous voulons des femmes libres ! Au gouvernement, nous voulons voir plusieurs femmes ministres et non pas une seule pour la forme. D’ailleurs, pourquoi pas la parité ? Nous voulons voir des femmes dans des ministères régaliens. Il y a des femmes compétentes pour tous les postes. Un poste de ministre ne peut être un lot de consolation pour ceux ou celles qui acceptent de retirer leur candidature aux élections législatives.

Responsabilité historique
Chères Libanaises, votons pour des femmes compétentes. Votons pour celles qui sont courageuses et engagées, entre autres pour les droits de la femme ! Je sais que le Liban a beaucoup de problèmes cruciaux à régler, mais cela fait maintenant plus de 30 ans que l’on nous dit que les droits de la femme ne sont pas une priorité. Nous ne pouvons plus accepter ce type d’argument. Nous constituons plus de la moitié de la population et la situation du Liban ne s’améliorera pas sans nous. Le changement, c’est pour maintenant. Soyons solidaires. Votons pour un meilleur avenir pour nos garçons, mais aussi pour nos filles. Exigeons qu’elles aient une éducation de qualité. Envoyons un message fort montrant que nos filles sont aussi fortes et intelligentes que leurs frères, et qu’elles peuvent être des scientifiques, des ingénieures, des députées, des ministres et des présidentes. Votons pour des femmes parce qu’elles sont fortes, inspirantes, prêtes à lutter pour nous et avec nous, non parce qu’elles sont « filles de » ou « femmes de ». Donnons-leur une chance d’apporter un juste équilibre à un Parlement presque totalement masculin.
Chers Libanais, votez pour des femmes compétentes. La bataille pour les droits de la femme vous concerne également et ne peut être gagnée sans vous. Plusieurs parmi vous sont déjà engagés pour l’égalité des genres. C’est un homme (Saad Hariri) qui a demandé l’application des quotas dans les listes électorales C’est un homme (Samy Gemayel) qui lutte au Parlement pour la reconnaissance du viol dans le cadre du mariage. C’est encore un homme (Gebran Bassil) qui a réussi à instaurer une quasi-parité dans le corps diplomatique. Le moment est venu de faire élire massivement des femmes au Parlement, et pour cela, il faudra que vous vous mobilisiez avec nous. C’est aussi cela, être un homme moderne. C’est une opportunité historique. Montrez au monde entier que le Liban est un pays du XXIe siècle. Soyez du bon côté de l’histoire.
Chères candidates, nous avons besoin de connaître vos programmes parce que, aussi engagés que nous soyons et malgré notre désir profond de voir des femmes au Parlement, nous ne voterons pas pour une femme juste parce que c’est une femme. Nous avons besoin de connaître vos engagements, particulièrement concernant l’égalité des genres. N’en déplaise à certains, c’est une des priorités. Soyez conscientes de la responsabilité historique qui pèse sur vos épaules. Vous incarnez l’espoir pour beaucoup de femmes, et pour les jeunes générations d’aujourd’hui et de demain.

Diplomate, intervenante à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, et a été candidate officielle du Liban au poste de directrice générale de l’Unesco en octobre 2017.

Le 6 mai, nous avons rendez-vous avec l’histoire. Pour la première fois, le nombre de femmes candidates aux élections législatives libanaises est significatif : elles sont 84 (environ 14 % du total). Il est difficile d’imaginer que parmi toutes ces femmes, aucune ne nous inspire ou ne soit digne de nous représenter...Le Liban a, certes, l’image d’un pays libéral, mais nous...

commentaires (2)

LES INNOMBRABLES LISTES DE LA SOCIETE CIVILE OU SE SONT PRESENTEES LES FEMMES CANDIDATES MALHEUREUSEMENT MANQUENT DE SERIEUX CAR LES CHOIX FURENT A LE PELE-MELE ET JE NE VOIS PAS DES PERCEES DE PLUS D,UNE OU DE DEUX FEMMES ! BIEN QUE JE SOUHAITE QU,IL EN SOIT AUTREMENT !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 35, le 31 mars 2018

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Commentaires (2)

  • LES INNOMBRABLES LISTES DE LA SOCIETE CIVILE OU SE SONT PRESENTEES LES FEMMES CANDIDATES MALHEUREUSEMENT MANQUENT DE SERIEUX CAR LES CHOIX FURENT A LE PELE-MELE ET JE NE VOIS PAS DES PERCEES DE PLUS D,UNE OU DE DEUX FEMMES ! BIEN QUE JE SOUHAITE QU,IL EN SOIT AUTREMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 35, le 31 mars 2018

  • l'histoire de la poule et de l'oeuf ! faut il que les lois liberent enfin la femme D'ABORD afin qu'elles accedent a des positions/postes a responsabilite OU faut il D'ABORD les voir a des positions/postes a responsabilite pour les voir liberees?

    Gaby SIOUFI

    13 h 14, le 31 mars 2018

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