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Scan TV - Reportage

Qui sont ces chrétiens d’Irak qui refusent de partir ?

Les chrétiens sont de retour en Irak, mais seuls des paysages désolants sont au rendez-vous! Photo Anthony Merchak

Claude Abou Nader Hindi et l’équipe de Tehkik racontent avoir échappé de justesse à l’explosion d’une mine en Irak, où il s’étaient rendus pour un reportage sur les minorités chrétiennes. Un reportage très attendu en cette semaine sainte, notamment parce qu’il s’agit des premières communautés chrétiennes au Moyen-Orient. Divisé en deux parties, réservé aux chaldéens, syriaques-catholiques, syriaques-orthodoxes et assyriens, ce reportage sera diffusé les deux dimanches de Pâques. Une rencontre avec la journaliste Claude Abou Nader Hindi permet de dresser un bilan de la situation de ces chrétiens d’Orient, si fiers de leur passé, mais dont l’avenir reste très sombre...
« Ces minorités constituent le bercail de la chrétienté du monde : elles ont habité l’Irak, notamment la plaine de Ninive, Mossoul et Bagdad depuis plus de 2 000 ans. Même avant l’avènement du Christ, on les appelait les Araméens, comme leur langue, ou le syriaque, langue officielle reconnue par l’État et qu’ils ont gardée », explique Mme Hindi. « À Bagdad , le nombre de chrétiens était de 600 000, mais il n’en reste aujourd’hui malheureusement que quelque 40 000. À Mossoul, il ne reste plus qu’une petite trentaine de chrétiens sur les 300 000 initiaux, et dans la plaine de Ninive, sur les 130 000 chrétiens répartis dans 20 à 30 localités, il en reste 40 000. Dans le Kurdistan irakien, il y en avait 250 000 ; ce nombre a également chuté, et un seul quartier, Aïn Kawa, concentre désormais une majorité des chrétiens réfugiés à Erbil », précise la journaliste. Selon Mme Hindi, cette nette baisse est due aux vagues successives de répressions menées dans l’histoire contre ces minorités et dont la dernière n’est autre que celle orchestrée par l’État islamique, notamment l’offensive menée en août 2014 contre les habitants de la
plaine de Ninive.

Christina, kidnappée à 3 ans
La journaliste s’était déjà rendue en 2015 dans la plaine de Ninive une fois libérée des jihadistes. À l’époque, les habitants n’étaient pas encore de retour, car certaines localités se trouvaient sur la ligne de démarcation avec l’État islamique (EI) et en zone militaire. À leur retour en 2018, les membres de l’équipe de Tehkik retrouvent un spectacle des plus désolants : « Mossoul, une ville plongée dans le noir, comme si les ténèbres avaient conquis tout l’espace. Toutes les églises et les maisons étaient détruites, brûlées et pillées. Même les églises millénaires de grande valeur historique n’ont pas été épargnées », raconte la journaliste qui a révélé l’horreur du spectacle.
L’équipe de Tehkik arrive à Karakoch, le plus grand village de la plaine de Ninive, qui abritait 13 000 familles chrétiennes en 2014 et où 6 000 familles sont de retour. « Cette ville aux dix églises est désormais orpheline de ses lieux de culte. Les centaines de familles d’agriculteurs et d’artisans, ou encore de fonctionnaires publics, sont revenues avec la plus grande détermination, sauf qu’ils ont découvert que presque rien n’a été sauvegardé », continue la journaliste. Selon Mme Hindi, ces familles sont très attachées aux valeurs chrétiennes et à leurs racines. Elles tiennent à rester et ne trouvent pas de substitut à leur terre. « Face à cette situation humanitaire et religieuse alarmante, le gouvernement reste passif, l’Église est apparemment impuissante et seules quelques ONG prennent la relève en essayant d’apporter une aide minimale à ces familles chrétiennes afin d’éviter leur déracinement et de nouvelles vagues d’émigration », dit-elle.
Des témoignages poignants sont au rendez-vous, deux dimanches de suite, avec notamment Christina, une jeune fille kidnappée par des membres de l’EI à l’âge de trois ans et libérée trois ans plus tard. Des zones non visitées auparavant ont été filmées, notamment dans le vieux Mossoul où le terrain est miné. L’équipe est aussi partie à la découverte des longs tunnels creusés par les islamistes sous les couvents et les églises.
Ces minorités qui représentent le berceau de la chrétienté d’Orient sont toujours menacées, et si le Liban reste encore une terre d’accueil pour ces populations chassées de chez elles, il n’en demeure pas moins que ce pays souffre tout autant de cette hémorragie continue de ses habitants chrétiens, notamment les jeunes, qui préfèrent aller ailleurs, poussés par une autre menace : une réalité socio-économique plus que précaire et une situation politique lamentable et désespérante.
« Tehkik », dimanche sur MTV à 18h45.


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commentaires (1)

Ce qui m'échappe, mais je pense que je ne me l'expliquerai JAMAIS , c'est l'amour que peuvent continuer à avoir certains libanais, pour les bourreaux wahabites de ces chrétiens irakiens , syrien et libanais. Syndrome de Stockholm ? Maybe.

FRIK-A-FRAK

21 h 27, le 31 mars 2018

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Commentaires (1)

  • Ce qui m'échappe, mais je pense que je ne me l'expliquerai JAMAIS , c'est l'amour que peuvent continuer à avoir certains libanais, pour les bourreaux wahabites de ces chrétiens irakiens , syrien et libanais. Syndrome de Stockholm ? Maybe.

    FRIK-A-FRAK

    21 h 27, le 31 mars 2018

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