Washington appelle les talibans à saisir la main tendue du président afghan

Les Etats-Unis ont appelé lundi les talibans à saisir la main tendue du président afghan Ashraf Ghani, qui leur a proposé un processus de paix qui respecte leur "dignité", aux yeux des Américains.

Lors du Processus de Kaboul, une conférence internationale organisée la semaine dernière, le chef de l'Etat afghan a proposé un plan de paix qui aboutirait à la fin des violences et à la reconnaissance d'un rôle institutionnel pour les talibans en tant que parti politique.

Les insurgés devraient toujours reconnaître, in fine, la Constitution de 2004 qui protège les droits des femmes et des minorités, mais le président Ghani s'est dit prêt à l'amender.
"J'ai été surprise", "je l'ai entendu proposer un processus qui respecte leur dignité, il n'a pas proposé une reddition aux talibans", a commenté lundi devant des journalistes une responsable du département d'Etat américain, Alice Wells, de retour de Kaboul. "Le Processus de Kaboul a vraiment été un événement historique", a-t-elle assuré, malgré l'absence des talibans.
Selon elle, "le gouvernement afghan a écouté attentivement les talibans et a répondu" à nombre de leurs attentes.

Dans une première réaction sur Twitter, le porte-parole des insurgés a rejeté la semaine dernière ce qu'il considère au contraire comme une offre de "reddition".
"Franchement, je crois que les talibans ont probablement été pris par surprise" par une offre aussi globale et "courageuse" qui intervient peu après de nouvelles attaques très meurtrières à Kaboul, a dit Alice Wells.
"Nous incitons absolument les talibans à prendre cette offre au sérieux", a-t-elle insisté, en martelant: "La balle est dans leur camp".
Si les Etats-Unis sont prêts à jouer un rôle dans le processus, en revanche il faut d'abord que le gouvernement afghan et les talibans se parlent, a-t-elle toutefois estimé, semblant exclure un dialogue direct préalable entre les insurgés et Washington.

La semaine dernière, les talibans avaient une nouvelle fois tenté de court-circuiter le gouvernement afghan, qu'ils jugent illégitime, en appelant les Américains à "discuter directement" avec leurs représentants au Qatar pour mettre fin au plus long conflit de l'histoire des Etats-Unis.
"Ils est clair que les talibans ne reconnaissent pas le gouvernement afghan", a reconnu la diplomate américaine, "mais nous ne pouvons pas nous substituer au gouvernement et au peuple afghans". Les négociations peuvent s'engager entre eux "et la reconnaissance peut intervenir en fin de processus", a-t-elle plaidé.