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Économie - Interview

Khater Abi Habib : Les coûts des garanties Kafalat augmentent

Directeur général de l’institution qui garantit depuis 1999 des centaines de prêts contractés par des entrepreneurs libanais dans les secteurs productifs, Khater Abi Habib revient pour « L’Orient-Le Jour » sur la forte baisse du nombre de demandes enregistrées en 2017.

Le directeur général de Kafalat, Khater Abi Habib. Photo DR

Kafalat a octroyé 541 garanties de prêt pour un montant total de 66,4 millions de dollars en 2017, en baisse de 28,5 % par rapport à 2016. Pourquoi ce recul ?
Les prêts Kafalat sont en baisse constante depuis 2012 à cause de la guerre en Syrie. Mais elle s’est accélérée fin 2017 à cause de la décision de la Banque du Liban (BDL) de limiter l’usage des réserves obligatoires des banques lorsqu’elles octroient des prêts subventionnés par la BDL.

Cela a logiquement affecté les prêts Kafalat, mais aussi d’autres types de prêts subventionnés comme les prêts à l’immobilier ou favorables à l’environnement. Les réserves obligatoires sont en livres libanaises, tout comme 97 % des prêts Kafalat. Auparavant, 60 % du prêt pouvaient venir de ces réserves obligatoires des banques, qui sont déposées à la BDL. La Banque centrale cherche ainsi à pousser les établissements de crédit à puiser dans leurs réserves en dollars lorsqu’elles accordent des prêts, et non dans leurs réserves obligatoires en livres libanaises.

Ce sont des changements qui nécessitent un temps d’adaptation pour les banques, qui ont commencé à repousser leurs prêts dès septembre 2017, lorsque des rumeurs circulaient à propos de la décision de la BDL. Je soupçonne qu’il faudra encore quelques semaines avant que les nouveaux mécanismes de mise en œuvre de prêts soient clairs pour tout le monde. Pour cette raison, les garanties Kafalat ont également reculé (NDLR : la méthode de subvention a récemment changé. Avant, la BDL prêtait à 1 % aux banques pour leur permettre de financer des crédits dans les secteurs productifs. Aujourd’hui, la Banque centrale verse la subvention après coup, tous les trois mois).

Quelles sont les conséquences de ces changements pour les clients de Kafalat ?
Le coût des garanties de prêt en livres libanaises augmente. Il passe de 0,64 à 3,85 % par an, auxquels il faut ajouter 1,87 %, ce qui correspond au coût d’opération de notre garantie. Le coût des garanties de prêt en dollars ne changent pas, à 3,7 % par an. Cela reste moins cher que les prêts sur le marché (environ 8 %).

Sur votre site internet, il est noté que plusieurs programmes de prêts sont suspendus. Pourquoi ?
En effet, le programme Kafalat Plus (qui soutien des prêts aux PME à hauteur de 600 millions de livres libanaises, soit 396 000 dollars au maximum) est suspendu depuis un an et demi car il est arrivé au maximum du nombre de prêts qu’il peut octroyer par rapport à son capital. Quelques start-up dans le secteur de l’innovation ont manqué à leurs obligations de paiement, ce qui a conduit à une baisse des capitaux. Les nouveaux prêts ont dont été suspendus, et nous ne savons pas combien de temps cela va durer. De toute façon, l’appui de l’Union européenne, qui soutenait ce prêt en partie depuis 12 ans, arrivait à terme. Via ce programme, en plus de Kafalat Innovant (qui finance les besoins en fonds de roulement pour 300 millions de livres maximum ou 200 000 dollars), nous avons accordé environ 2 010 garanties de prêt pour un montant de 4 millions d’euros (4,9 millions de dollars).

Où se situe le cœur de votre activité aujourd’hui ?
Notre programme le plus large reste Kafalat Basic, qui représente les trois quarts de nos opérations. Depuis l’an 2000, année de ses débuts, nous avons accordé 11 900 garanties de prêt via ce programme (pour un montant maximal de 200 000 dollars). En général, nos garanties de prêt agricole représentent environ 42 % du total, l’industrie 38 %, le tourisme 17 %, et les technologies de pointe 2 % (en 2017, la répartition était la suivante : agriculture 38,8 %, industrie 33,6 %, tourisme 21,6 %, artisanat 4,3 %, et technologies 1,7 %). À environ 130 000 dollars chacune, les garanties de prêt industriel sont en général plus importantes que les prêts agricoles (115 000 dollars), domaine dans lequel nous soutenons surtout des individus, et non des PME. Cela peut concerner un agriculteur qui veut acheter des graines ou installer un système d’irrigation, ou encore un nouveau puits.

En termes d’importance, Kafalat Basic est suivi par Kafalat Trees and Small Agriculture, dédié au secteur agricole. Démarré il y a 5 ans, il a soutenu 345 bénéficiaires. Lancé en parallèle, le programme Kafalat Énergie (dont le montant oscille entre 330 000 et 871 000 dollars), dédié aux énergies renouvelables, a garanti des prêts à 16 bénéficiaires.
Quels sont vos projets dédiés aux nouvelles technologies ?
Notre principal projet consacré aux nouvelles technologies s’appelle iSME, soutenu par la Banque mondiale à hauteur de 30 millions de dollars et lancé fin 2015. La majorité de ses fonds, soit 25 millions de dollars, sont à disposition pour investir aux côtés de fonds de capital-risque (co-equity). Nous participons à hauteur de 30 à 50 % du total de l’investissement. Cela permet à ces fonds, s’ils sont petits, d’investir dans davantage d’entreprises et augmenter leurs chances de succès. Par exemple, j’examine en ce moment une demande d’un fonds prêt à investir dans une compagnie qui développe des logiciels informatiques à Tripoli. Au total, nous avons investi dans 12 projets en partenariat avec un fonds d’investissement pour un montant de 6 millions de dollars.
Dans ce même programme, 2,5 millions de dollars de subventions sont dédiés aux entrepreneurs, qui peuvent bénéficier de 15 000 dollars chacun lors de la phase de développement d’idée de leur start-up. Jusqu’ici, 159 subventions ont été accordées, dont 46 ont réussi à lever des fonds additionnels à ce jour. Nous avons presque tari les 2,5 millions de dollars.


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