Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

France : solution en vue pour une statue de Jean Paul II jugée illégale

La statue en bronze de Jean Paul II à Ploërmel (ouest), offerte à la ville en décembre 2006 par l'artiste russe Zourab Tsereteli. AFP / DAMIEN MEYER

La justice française voulait l'enlever, la Pologne voulait la "sauver de la censure". C'est finalement l'Église catholique qui devrait acheter une statue de Jean Paul II à Ploërmel (ouest) et la déplacer de quelques mètres pour la rendre conforme à la loi française de séparation des Églises et de l'État.

Le conseil municipal de cette ville de 9.000 habitants en Bretagne devait se prononcer jeudi soir sur la cession du monument en bronze, surplombé d'une croix et culminant à 7,50 mètres de haut. Offerte à la ville en décembre 2006 par l'artiste russe Zourab Tsereteli, la statue était depuis installée sur un parking public.

Plusieurs habitants avaient saisi le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, invoquant la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat qui interdit "d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux" dans un "emplacement public". En octobre dernier, ils obtenaient gain de cause et le Conseil d'Etat ordonnait le retrait de la croix dans les six mois.
Cette décision de justice visant une statue du pape polonais Karol Wojtyla avait ému de nombreux catholiques et suscité de vives réactions en Pologne, où la laïcité à la française est souvent mal comprise.


"Diktat du politiquement correct"
Fin octobre, la Première ministre conservatrice polonaise Beata Szydlo avait ainsi proposé de transférer la statue en Pologne afin de la "sauver de la censure". Elle avait au passage dénoncé "le diktat du politiquement correct" et "de la laïcisation de l'État" qui "mènent à terroriser la vie quotidienne des Européens".

La délibération soumise au conseil municipal jeudi propose que le diocèse de Vannes, dont dépend Ploërmel, achète le monument pour 20.000 euros "pour le réinstaller sur une propriété privée".
Une fois vendue, la statue devrait être déplacée de quelques dizaines de mètres, aux frais de l'Église, vers un terrain adjacent d'un collège privé catholique où elle restera visible depuis l'espace public. Le monument devrait ainsi sortir du champ d'application de la loi de 1905.
"Elle va faire un saut de puce", a résumé à l'AFP Patrick Le Diffon, maire de Ploërmel. "Cela ne devrait pas prendre des délais considérables", a-t-il ajouté.

Contacté par l'AFP, le diocèse de Vannes a indiqué qu'il ne communiquerait qu'à l'issue du vote du conseil municipal.
Localement, le monument avait été contesté avant même son édification en 2006. Son déplacement vers un terrain privé recueille aujourd'hui l'assentiment des principaux protagonistes de l'affaire.

"C'est ce qui aurait dû être fait dès le départ", a ainsi estimé André Le Béhérec, président de la fédération morbihannaise de la Libre Pensée, association à l'origine des recours administratifs.
"D'ici le 26 avril, cette statue ne doit plus être sur un terrain public", a-t-il ajouté, en référence au délai fixé par le Conseil d'État.

Même l'ancien maire de droite Paul Anselin, qui avait fait édifier la statue, a annoncé qu'il voterait en faveur de la délibération. "Il faut sortir de cette situation !", a lancé l'ancien colonel de parachutistes, âgé de 87 ans, aujourd'hui conseiller municipal d'opposition. L'élu a cependant regretté que la mairie cède la statue pour 20.000 euros. "Ça ne se fait pas de vendre un cadeau ! C'est minable", s'est-il exclamé.

La justice française voulait l'enlever, la Pologne voulait la "sauver de la censure". C'est finalement l'Église catholique qui devrait acheter une statue de Jean Paul II à Ploërmel (ouest) et la déplacer de quelques mètres pour la rendre conforme à la loi française de séparation des Églises et de l'État.Le conseil municipal de cette ville de 9.000 habitants en Bretagne devait se...