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Moyen Orient et Monde - Allemagne

La grande coalition adoubée par la CDU

Angela Merkel a dû se résoudre à faire des concessions à son aile droite en nommant ses chefs au gouvernement.

La chancelière allemande Angela Merkel et la nouvelle numéro deux du parti Annegret Kramp-Karrenbauer. AFP/Tobias Schwarz

Le congrès de la CDU a vu les délégués du parti adopter hier à la quasi-unanimité, avec 97 % de voix, l’accord de coalition associant au gouvernement allemand les conservateurs et les sociaux-démocrates, alors que se succédaient à la tribune les déclarations optimistes et volontaristes des cadres du parti faisant corps autour de leur chancelière, y compris ceux qui avaient été jusque-là les plus critiques envers elle. Les attentes en faveur d’un gouvernement stable « sont très claires dans la majorité écrasante des habitants du pays, mais aussi au-delà de nos frontières », a résumé Mme Merkel.

Le congrès du parti de la chancelière a marqué le contraste entre les démonstrations d’unité à droite et les atermoiements de leurs partenaires du SPD, déchirés depuis deux mois entre partisans et opposants de la « GroKo ». Si ce conflit fratricide a coûté son poste de président du parti à l’emblématique Martin Schulz, l’unité aura également eu un coût pour Angela Merkel. Elle a dû en effet faire un certain nombre de concessions à son aile droite, dont la plus symbolique est la nomination de sa figure de proue, Jens Spahn, au poste de ministre de la Santé. L’entrée au gouvernement de ce tenant des valeurs conservatrices de 37 ans, plus jeune député à avoir jamais été élu en Allemagne, ne cachant pas sa proximité avec le chancelier autrichien Sebastian Kurz, ayant milité pour l’interdiction du voile intégral et plus que mitigé vis-à-vis de l’accueil des réfugiés prôné par Angela Merkel, a été interprétée comme la plus symbolique d’une série de concessions accordée à l’aile droite de la CDU.

Coresponsable

La chancelière, qui n’a réussi à recueillir qu’un petit tiers des voix aux élections de septembre, le pire score du parti depuis sa création en 1945, est de plus en plus critiquée au sein de sa formation. Ce revers électoral a été l’occasion de libérer la parole au sein du parti, et, pour les opposants internes à Merkel, de faire entendre les griefs que la popularité de la chancelière leur interdisait jusque-là d’exprimer. La CSU, émanation bavaroise du bloc conservateur, et l’aile droite de la CDU lui reprochent une politique trop centrée sur le sujet de l’immigration et de l’intégration, provoquant, selon eux, la montée du parti d’extrême droite AfD. La faction libérale du parti s’est également jointe au concert de critiques, lui reprochant d’avoir trop cédé sur le plan économique à ses partenaires sociaux-démocrates. Ainsi, la cession du très symbolique ministère des Finances au SPD a-t-elle été critiquée par l’éditorialiste et ancien député de la CDU, Wolfgang Bosbach, comme étant « la concession de trop ». Pour éviter que ce début de rébellion ne s’étende et ne finisse par menacer la validation de l’accord de coalition conclu de haute lutte avec le SPD, la plus puissante dirigeante d’Europe a dû se résoudre à céder, tout en présentant cela comme un renouvellement et un rajeunissement des cadres : seuls deux ministres CDU sortants, ses fidèles Peter Altmaier et Ursula von der Leyen, sont maintenus.

Si à court terme ces concessions permettent de rassembler le parti autour de sa chef, comme le montrent les discours de soutien des ex-frondeurs au congrès de la CDU d’hier, elles peuvent également avoir un avantage à long terme pour la femme politique expérimentée qu’est Angela Merkel. En nommant Jens Spahn au gouvernement, elle le contraint à la solidarité ministérielle, donc le rend coresponsable de la politique menée et dispose d’un certain contrôle sur la parole de son ministre, tandis qu’elle adoube en tant que numéro deux du parti une dauphine plus à droite qu’elle-même, Annegret Kamp-

Karrenbauer, dite AKK, pouvant faire concurrence au futur ministre de la Santé qui ambitionne presque ouvertement de devenir le prochain chef de la CDU.

Si l’existence d’un quatrième gouvernement Merkel est devenue plus probable depuis hier soir, elle reste cependant conditionnée à l’acceptation de l’accord de coalition par les militants du SPD jusqu’ici très divisés, lors d’un vote par correspondance s’achevant le 2 mars.

Le congrès de la CDU a vu les délégués du parti adopter hier à la quasi-unanimité, avec 97 % de voix, l’accord de coalition associant au gouvernement allemand les conservateurs et les sociaux-démocrates, alors que se succédaient à la tribune les déclarations optimistes et volontaristes des cadres du parti faisant corps autour de leur chancelière, y compris ceux qui avaient été...

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