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Moyen Orient et Monde - Proche-Orient

Fin de la brouille diplomatique entre Israël et la Jordanie

Amir Weisbord a été choisi comme futur ambassadeur de l’État hébreu à Amman.

L’État hébreu a nommé la semaine dernière Amir Weisbrod ambassadeur à Amman, alors que le royaume hachémite est le gardien des lieux saints de l’islam à Jérusalem. Ammar Awad/Reuters

C’est la conclusion du rafistolage des relations israélo-jordaniennes. L’État hébreu a nommé la semaine dernière Amir Weisbrod futur ambassadeur à Amman, six mois après l’exfiltration de sa prédécesseur Einat Schlein. Son départ clôturait la première étape du règlement d’une crise diplomatique en deux actes. Le 14 juillet dernier, deux policiers israéliens étaient abattus dans la Vieille Ville de Jérusalem. Israël répliquait en installant des détecteurs de métaux à l’entrée de l’esplanade des Mosquées sans consulter le royaume hachémite, pourtant gardien officiel des lieux saints de l’islam à Jérusalem. En pleine gestion des émeutes palestiniennes, le début de crise engagée avec la Jordanie s’intensifie le 23 juillet, quand deux Jordaniens sont abattus par Zvi Moyal, agent de sécurité à l’ambassade israélienne de Jordanie. Ce rebondissement offre paradoxalement à Benjamin Netanyahu et Abdallah II une porte de sortie de crise convenable. Moyennant l’aveu de faiblesse que constitue le retrait des portiques, M. Netanyahu obtient l’exfiltration de Zvi Moyal, d’Einat Schlein, ainsi que de l’ensemble de l’équipe consulaire. 

 Israël et la Jordanie auraient pu en rester là, mais Abdallah II doit temporiser pour ménager les Jordaniens choqués par l’épisode de l’ambassade. Il pose alors trois conditions au retour d’une mission diplomatique israélienne sur son sol : que des mesures judiciaires soient prises contre Zvi Moyal, qu’Israël présente des excuses officielles et qu’Einat Schlein soit remerciée. Les trois conditions reportent ainsi la sortie de crise officielle à un horizon « digérable » pour l’opinion publique jordanienne.

Chacune des conditions a été graduellement négociée ces derniers mois. Alors que le souverain hachémite exigeait formellement en juillet que Zvi Moyal soit jugé, il fait savoir en septembre à des représentants de la communauté juive de New York que le royaume se contentera des résultats de l’enquête menée par Israël, qu’elle débouche ou non sur des poursuites judiciaires contre l’agent de sécurité.

Figure modérée

Le 18 janvier, le porte-parole du gouvernement jordanien Mohammad al-Momani fait savoir que le royaume a reçu une note officielle du gouvernement israélien avec des excuses en bonne et due forme. Il conclut son allocution en affirmant que les trois conditions ont été remplies par Israël. Trois jours plus tard, des sources israéliennes affirment à Reuters que M. Moyal ne sera pas poursuivi. Tandis que la première condition (le jugement de M. Moyal) a été clairement altérée, le profil du nouvel ambassadeur israélien offre une forme de compensation. Actuellement directeur du département proche-oriental au centre de recherche du ministère des Affaires étrangères, ancien porte-parole de l’ambassade israélienne au Maroc, parfaitement arabophone, « Amir Weisbrod est une figure d’intellectuel modéré et ouvert sur la région », analyse Élisabeth Marteu, consultante pour le Moyen-Orient à l’International Institute for Strategic Studies (IISS), interrogée par L’Orient-Le Jour.

Le règlement officiel de l’affaire était prévisible, tant l’interdépendance entre les deux pays interdit une rupture prolongée. Le subtil numéro d’équilibriste de Abdallah II pour y parvenir illustre le double jeu auquel les souverains jordaniens sont contraints sous la pression de leur opinion publique depuis l’accord de paix de 1994. « L’opinion antinormalisation, opposée au traité de paix, est puissante en Jordanie et alimentée par les Frères musulmans. Mais sans traité de paix, la Jordanie ne peut pas aider l’Autorité palestinienne et Gaza et elle renonce au gardiennage hachémite d’al-Aqsa », souligne à L’OLJ Abdallah Swalha, directeur du Centre jordanien pour les études israéliennes. Il énumère ensuite une multitude de projets israélo-jordaniens dans les domaines de l’agriculture, de l’eau et de l’énergie.

Les plus importants sont le canal reliant la mer Rouge à la mer Morte (le Dead-Red Canal) et un accord signé en septembre 2016 qui devrait permettre à la Jordanie d’importer quotidiennement 8 500 000 mètres cubes de gaz depuis le gisement offshore Leviathan. L’accord se chiffrerait à 10 milliards de dollars et entrerait en effet courant 2019, selon M. Swalha. Lorsqu’en mars 2017 le Parlement jordanien obtient une copie de l’accord tenu secret, ce dernier s’aliène une forte opposition populaire, qui culmine avec un appel à l’extinction générale de l’électricité dans les foyers jordaniens à une heure de grande consommation.

L’apparition de menaces stratégiques communes avec la guerre en Syrie a néanmoins renforcé l’interdépendance entre les deux pays. Bien les groupes islamistes étaient moins importants en Syrie méridionale que dans le nord du pays, la présence du Front al-Nosra le long de leurs frontières septentrionales a puissamment fédéré les renseignements israéliens et jordaniens.



C’est la conclusion du rafistolage des relations israélo-jordaniennes. L’État hébreu a nommé la semaine dernière Amir Weisbrod futur ambassadeur à Amman, six mois après l’exfiltration de sa prédécesseur Einat Schlein. Son départ clôturait la première étape du règlement d’une crise diplomatique en deux actes. Le 14 juillet dernier, deux policiers israéliens étaient abattus...

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