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Lifestyle - Un peu plus

Quand sous la couette, on se tourne le dos...

Une image du film « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick.

On se veut et on s’enlace, on s’en lasse et on s’en veut... C’est ce qu’on appelle l’érosion du couple. Sa lente agonie. Une petite mort qu’on n’a pas vue venir. Qu’on ne pouvait pas voir aux premières lueurs d’une histoire d’amour. Quand l’extase et l’euphorie se sont emparées du corps, de l’âme et du cœur. Que ce soit Guitry, Louise Levêque de Vilmorin ou Victorien Sardou qui sont à l’origine de cette phrase qu’on aurait pu facilement attribuer à Gainsbourg et ses jeux de mots, son auteur(e) a, en quelques syllabes, défini l’amour… et surtout la vie à deux.  

Une union qui, à coups de routine et de vexations, de compromis et de lassitude, se transforme en désunion. Et lorsque le canapé, théâtre des premiers ébats, devient le ring de toutes les colères, il est déjà trop tard. La vie à deux aura sonné le glas de l’amour. Pas toujours, heureusement, mais (beaucoup) trop fréquemment. Ils s’aimèrent d’amour et d’eau fraîche et se séparèrent de haine et d’eau glacée. Les débuts sont toujours beaux. Ils sont exaltés, légers ou passionnés, tendres et fiévreux. Ils sont le début, tout simplement. Et puis le temps passe et tout ce qu’on a aimé finit par nous exaspérer. Pourtant, ces choses-là sont toujours les mêmes. Elles n’ont pas changé. C’est juste que l’habitude a pris le dessus. Elle a écrasé sans crier gare tous les instants magnifiques du quotidien.

Parce qu’il y a tous ces moments qu’on adorait... Ses cheveux ébouriffés et ses yeux gonflés le lendemain d’une nuit agitée. Sa voix éraillée chantonnant une chanson ringarde sous la douche. Ce temps interminable passé à se regarder dans le miroir pour voir si tout était parfait. Ses pieds froids qu’il/elle glissait sous les nôtres pour les réchauffer. Son sweat-shirt en laine polaire enfilé quand il faisait trop froid et cet amour inconditionnel de l’air conditionné en été. La routine est venue s’immiscer vicieusement entre deux épisodes de Game of Thrones. Là, à la 5e saison de notre vie commune. On regardait, enlacés, les scènes se suivre, plongeant nos doigts huileux dans le même saladier, à la recherche du dernier pop-corn trop salé. Et puis, le pop-corn est devenu mou, valsant solitairement dans un petit bol. L’étreinte a laissé la place à la distance. À ce mètre et demi où se sont logés des coussins. Game of Thrones est devenu tiède. Les cheveux ébouriffés ont terni, le sweat-shirt en laine polaire s’est élimé et la chanson ringarde est devenue une torture. Ces petits riens sont devenus de grands tout. On s’engueule, on ne se parle plus. On s’ignore, on s’affronte. Le couple s’est désagrégé. Les fleurs se sont fanées et l’air est devenu conditionné. On se tourne le dos sous la couette. On fait l’amour épisodiquement. On se lève, le portable à la main pour mater la vie des autres.

On aurait dû anticiper, appréhender l’échec, mais on n’a pas su. On n’a pas pu. Martelés dès notre plus jeune âge par les concepts judéo-chrétiens du couple et du mariage, on a emménagé ensemble sans en mesurer le risque. Et il y a eu péril en la demeure. On aurait dû faire comme Brassens. Être ensemble, mais vivre séparément. On n’aurait pas mélangé les torchons de la cuisine, devenue le terrain de bataille de notre histoire ; et les serviettes de la salle de bains, objet de discorde continue. On aurait pris deux appartements. Laissé les enfants vagabonder de l’un à l’autre. On aurait partagé notre intimité, mais pas nos intérieurs. On se serait invités à regarder un film, étreints sur le canapé, pour se séparer ensuite quand l’un de nous serait rentré chez lui. On aurait ainsi fait persister le manque, durer le désir. On se serait moins vus, mais plus intensément. On aurait partagé nos lits de temps en temps. Nous aurions peut-être sauvé les meubles. Les autres. Si on avait pu, on n’aurait pas eu à quitter la table quand l’amour fut desservi. On ne l’aurait seulement pas dressée.

On se veut et on s’enlace, on s’en lasse et on s’en veut... C’est ce qu’on appelle l’érosion du couple. Sa lente agonie. Une petite mort qu’on n’a pas vue venir. Qu’on ne pouvait pas voir aux premières lueurs d’une histoire d’amour. Quand l’extase et l’euphorie se sont emparées du corps, de l’âme et du cœur. Que ce soit Guitry, Louise Levêque de Vilmorin ou...

commentaires (7)

Tellement juste, belle, tellement vraie et bien racontée... Que même la désunion semble légère et poétique. Oh que c'est beau !

Sarkis Serge Tateossian

19 h 23, le 17 février 2018

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Commentaires (7)

  • Tellement juste, belle, tellement vraie et bien racontée... Que même la désunion semble légère et poétique. Oh que c'est beau !

    Sarkis Serge Tateossian

    19 h 23, le 17 février 2018

  • PRIERE LIRE INNOCEMMENT... MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 30, le 17 février 2018

  • ET LA DERNIERE STROPHE QU,IL FAUT Y AJOUTER : LE SACREMENT DU MARIAGE M,ENCHAINE DEVANT L,ETERNEL. C,EST MON DESTIN. SOIS ALORS SAGE, OUBLIE-MOI DONC MON IMMORTEL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 04, le 17 février 2018

  • QUELQUES STROPHES, MADAME, DES AMOURS QUI FINISSENT MAL COMME DIT DANS VOTRE ARTICLE. ICI PARLE L,ESPRIT DE L,AIMÉE. L,ESPRIT : JE T,AIME ENCORE. O MON POÈTE, AMOUR SACRÉ DE MES SEIZE ANS, JE GARDE MA DOULEUR MUETTE ET JE SOUFFRE DEPUIS LONGTEMPS. MAIS DANS MON AFFLICTION DISCRÈTE JE VEUX TE CONFIER, A MON TOUR, LA CAUSE QUI ME FIT, POÈTE, ABJURER NOTRE IMMENSE AMOUR. L,ATTACHEMENT INCONCEVABLE QUE MON AMIE AVAIT POUR TOI, TROUBLAIT MON AME IRRÉPROCHABLE ET Y SEMAIT LE DÉSARROI. ELLE AFFIRMAIT T,AIMER, ET MÊME PRÉTENDAIT À TON AFFECTION ; DEVANT L,AIGREUR D,UN TEL DILEMME, J,AI SACRIFIÉ NOTRE LIAISON. LE SORT VOULUT QUE JE SOIS CELLE QUI, SANS PITIÉ, BRISA TON COEUR, TOUT EN CROYANT, O LA CRUELLE, AVOIR AGI POUR TON BONHEUR. LE REMORDS ET LA REPENTANCE ATTISENT MA GRANDE DOULEUR, CAR PAR MA FAUTE LA SOUFFRANCE MASSACRE ENCOR TON TENDRE COEUR. PARDONNE-MOI, NOBLE POÈTE. J,ÉTAIS JEUNE. J,AVAIS SEIZE ANS. DEPUIS JE SOUFFRE ET JE REGRETTE ET NOTRE AMOUR ET SON PRINTEMPS. AU NOM DU LIEN INDÉLÉBILE, QU,INNOCEMENT J,AI RENIÉ, AU NOM SACRÉ DE NOTRE IDYLLE, JE T,ADJURE DE M,OUBLIER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 48, le 17 février 2018

  • Chère Medea.. Dans la majorité de vos articles ya plein de déboires sentimentaux , d'histoires d'amours ,dans tous leurs détails érotiques , qui tournent au vinaigre . Ça fout le cafard et l'amertume. Et puis ça rend triste quand bien même c'est très bien imaginé et décrit .

    Hitti arlette

    13 h 22, le 17 février 2018

  • UNE POESIE DE L,AMOUR ET DE SES DECEPTIONS ! BRAVO !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 24, le 17 février 2018

  • Magnifique...

    NAUFAL SORAYA

    09 h 35, le 17 février 2018

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