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Lifestyle - Disparition

Quand Nouhad Tarabay rêvait d’Égypte et de succès...

Le chanteur libanais décédé à Paris sera inhumé à Sofar.

Accompagné de son oud, Nouhad Tarabay avait animé de nombreux concerts pour la diaspora libanaise à l’étranger. Photo DR

Nouhad Tarabay, comme bon nombre de Libanais, avait choisi un jour de faire ses valises et de s’installer définitivement en France. Un choix qu’il assumait sans pour autant dénigrer sa patrie. « J’ai le Liban dans le cœur », s’amusait-il à répéter. Un mauvais présage, peut-être, son cœur l’ayant justement lâché vendredi soir, quelques heures après son ultime départ de Beyrouth, dans un taxi le conduisant de l’aéroport Charles-de-Gaulle à sa demeure parisienne. Âgé de 67 ans, Nouhad Tarabay, véritable vedette de la chanson au Liban durant les années 80, souffrait depuis plus de 30 ans d’un diabète qui lui avait gâché la vie et ralenti sa carrière.

Après avoir bénéficié d’une éducation musicale de qualité, Nouhad Tarabay avait su interpréter divers genres musicaux, comme le tarab ou la chanson populaire libanaise ou rurale arabe. Bercé par la musique et la poésie de son père dès son plus jeune âge, il a grandi dans sa maison du village estival de Sofar, au son des grands classiques d’un ami de famille, Farid el-Atrache, devenu son idole.

À 5 ans déjà, il fredonnait ses chansons et rejoignait une chorale dirigée par le grand Zaki Nassif. S’étant essayé à réinterpréter les chansons difficiles de Farid el-Atrache, Nouhad Tarabay avait ensuite croisé le chemin du réalisateur Simon Asmar au sein du télé-crochet Studio el-Fan puis produit des chansons personnelles dont on retiendra Ana Fallah w Abouya Fallah, Mechwar el-Hayat, Ya Amira ya Bent el-Oumara, Aaleha Ahla Joz Ouyoun ou encore son plus grand succès Baddna Netjawaz aal-Eid, composé par Georges Yazbeck à bord d’un avion. Sur son chemin artistique, il aura surtout fait deux rencontres cruciales avec deux légendes de la chanson libanaise, Wadih es-Safi, qui l’encouragea tôt à Beyrouth, et Sabah, qui fut son grand soutien lorsqu’il a pris la route pour Paris où il a organisé de nombreux concerts et fondé une famille.



Des reprises
Si la notoriété de Nouhad Tarabay est surtout restée locale, les années 80 lui auront permis de mieux se faire connaître dans les pays du Levant, notamment en Jordanie, en Syrie, en Irak, en Palestine, et de manière moins marquante en Égypte, son plus grand rêve. Ému, il y a rencontré Mohammad Abdel Wahab, qui lui a permis de reprendre une de ses chansons, mais aussi le compositeur emblématique Baligh Hamdi, qui lui a offert la chanson Habibi, restée inachevée en raison du décès de ce dernier. Alors que de nouvelles vedettes de la chanson perçaient au Liban et dans le monde arabe, Nouhad Tarabay, déjà affaibli par son diabète, a dû faire face à une rude compétition qu’il jugeait inégale, lorsque trois de ses plus belles chansons ont été vendues à d’autres artistes à succès. Ragheb Alama fit ainsi un tabac avec Hamdella aal-Salama, tandis que Georges Wassouf reprenait Law Naweit en 1992 et que Mayez el-Bayaa chantait Tayeb Geddan.

Elles resteront connues du grand public dans leurs nouvelles versions, au grand dam de l’artiste qui s’éclipsa, dépité, pour faire de grandes tournées à l’étranger, en Europe et en Amérique, avec un public arabe toujours au rendez-vous.
Durant ses dernières années, quand il rencontrait des journalistes, Nouhad Tarabay accordait amicalement des interviews. Connu pour sa courtoisie, sa politesse et son respect des autres, il assurait souvent qu’il préparait un nouvel album, usant singulièrement du dialecte égyptien pour répondre aux questions, un peu comme les grands chanteurs qui avaient marqué son époque mais aussi sa vie. Jusqu’au bout, il leur restera fidèle. Son dernier concert, un hommage à Farid el-Atrache, fut célébré à Beyrouth en 2015, malgré sa grande fatigue.

Six jours après son décès à Paris, Nouhad Tarabay sera inhumé près de sa maison de Sofar aux couleurs de l’été, emportant avec lui un pan d’histoire, des chansons d’un autre temps, et un brin de nostalgie. Son Mechwar el-Hayat (« Le chemin de la vie ») aura finalement été court, difficile, mais empreint de belles rencontres et de mélodies qui resteront gravées dans la mémoire collective.

Nouhad Tarabay, comme bon nombre de Libanais, avait choisi un jour de faire ses valises et de s’installer définitivement en France. Un choix qu’il assumait sans pour autant dénigrer sa patrie. « J’ai le Liban dans le cœur », s’amusait-il à répéter. Un mauvais présage, peut-être, son cœur l’ayant justement lâché vendredi soir, quelques heures après son ultime...

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J'aime beaucoup les (rares) papiers de BM qui connait bien la culture populaire libanaise et ses représentants.

Marionet

20 h 46, le 01 février 2018

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Commentaires (1)

  • J'aime beaucoup les (rares) papiers de BM qui connait bien la culture populaire libanaise et ses représentants.

    Marionet

    20 h 46, le 01 février 2018

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