Huit responsables de l'Union des médecins de Turquie (TTB) ont été arrêtés mardi à la suite de critiques implicites formulées par ce syndicat contre l'offensive turque en cours dans l'enclave kurde syrienne d'Afrine, a indiqué l'agence étatique Anadolu.
Les huit responsables arrêtés sont des membres du Conseil central de la TTB, son instance dirigeante, dont son président Rasit Tükel. Des mandats d'arrêts ont été émis à l'encontre de trois autres membres de cette instance, a précisé l'agence.
Le parquet d'Ankara avait annoncé lundi avoir ouvert une enquête à l'encontre de la TTB, à la suite d'une plainte déposée par le ministère de l'Intérieur contre la TTB pour avoir publié la semaine dernière un communiqué critiquant implicitement l'offensive en affirmant qu'elle posait "un problème de santé publique".
Le président Recep Tayyip Erdogan avait violemment fustigé la TTB dimanche, qualifiant ses membres de "traîtres".
Ankara a lancé le 20 janvier une offensive à Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, contre une milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) qualifiée de "terroriste" par la Turquie mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).
Depuis le début de l'offensive en Syrie, les autorités turques s'efforcent de museler toute critique la visant. Ainsi plus de 300 personnes ont été arrêtées sous l'accusation d'avoir fait de la "propagande terroriste" sur les réseaux sociaux contre l'opération à Afrine.
Des ONG ont fait part de leur préoccupation au sujet de la liberté d'expression, Human Rights Watch dénonçant la semaine dernière une "intolérance pour la critique" des autorités turques.
Les YPG sont étroitement liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.