Rechercher
Rechercher

Agenda - Hommage à Jalal Khoury

Adieu l’ami

J'ai rencontré Jalal Khoury au début des années 60 dans un café où, jeunes journalistes, nous attendions avec impatience l'arrivée du peintre Mathieu qui devait peindre saint Georges terrassant le dragon sur le parvis d'une charmante église au bord de la Méditerranée. Quelques jours plus tard, il m'appelait pour me dire combien il avait aimé mon article dans Le Soir, et ce fut le début d'une amitié indéfectible. Hier encore, je lui ai fait parvenir ma dernière chronique, et aujourd'hui...
Nous en avons fait des coups ensemble ! Et raillé ceux qui se prenaient trop au sérieux parmi les peintres, acteurs, sculpteurs, musiciens, chroniqueurs... C'était une relation quotidienne, le midi chez Massoud, l'après-midi au Horse Shoe ou au Café de la presse et, le soir, bien sûr, au Théâtre de 10 heures. Il m'a écrit souvent des textes de monologues et des chansons que j'interprétais pour la grande joie des spectateurs. Notre grande fierté fut d'aider le troisième membre du trio, Paul Guiragossian, à épanouir internationalement son immense talent. Notre plus grosse difficulté fut de faire remonter un âne récalcitrant que nous avions fait descendre facilement dans une discothèque pour railler un artiste. L'intelligentsia beyrouthine en a fait des gorges chaudes pendant une semaine.
Il est venu me voir à Montréal, nous avons fait ensemble les chutes du Niagara, et il a pris des photos superbes de ma fille, car il était talentueux en bien des domaines. Plus tard, il m'a invité au Liban et s'est partagé les frais de voyage avec Gérard, le nouveau troisième mousquetaire de notre trio d'inséparables. J'ai été assister à ses cours à l'USJ où il m'a présenté à ses étudiants.
Avec lui, c'est un monde qui disparaît, d'abord avec son théâtre traduit et joué en plusieurs langues. Je le revois à ses débuts dans Les Visions de Simone Machard, ou La Visite de la vieille dame. Mais aussi à ses amis avec lesquels il était si sincère et désintéressé, et avec ses étudiants : il leur a tout donné sans compter. À ces derniers, ainsi qu'à sa famille que j'ai si bien connue, et à tout le Beyrouth culturel qui lui doit tant, je désire exprimer mes sincères condoléances et partager avec eux le trop-plein de mon profond chagrin.

(Alcide Borik, du Théâtre de dix heures)

J'ai rencontré Jalal Khoury au début des années 60 dans un café où, jeunes journalistes, nous attendions avec impatience l'arrivée du peintre Mathieu qui devait peindre saint Georges terrassant le dragon sur le parvis d'une charmante église au bord de la Méditerranée. Quelques jours plus tard, il m'appelait pour me dire combien il avait aimé mon article dans Le Soir, et ce fut le début...