Fondée par sa veuve Léa, l'association du lieutenant-colonel Sobhi Akoury prend en charge les enfants des soldats libanais tués lors d'opérations militaires et leur organise régulièrement des journées et des activités ludiques. Cette année, c'est aux veuves qu'elle a pensé. En collaboration avec le contingent italien de la Finul, et plus particulièrement avec la brigade de l'air Folgore (les parachutistes de l'armée italienne), l'association a organisé une journée d'activités dans leur base militaire du secteur ouest à Naqoura. Ce, afin de montrer son soutien à ces « soldates de l'ombre », comme les a désignées le général Rodolfo Sganga, commandant du contingent italien, qui a salué la mémoire des militaires tombés durant les combats.
« C'est grâce à leurs épouses que les militaires réussissent à remplir leur devoir et à servir leur pays au mieux. Je crois fermement qu'en vous occupant de vos familles, vous soutenez de toutes vos forces votre pays. Vous êtes les soldats de l'ombre que nous, les hommes, devons remercier tous les jours et sans qui nous ne pourrions accomplir notre devoir. » C'est en ces termes que le général Sganga a accueilli le groupe composé de 41 veuves de guerre, certaines ayant fait le chemin depuis Tripoli, jusqu'à la base de Chamaa, près de Naqoura, où la journée était organisée. Et c'est sous un soleil d'été qu'elles ont pris d'assaut la base militaire qui, selon le général, « leur était entièrement dédiée pour cette belle journée ».
Ce n'est pas la première fois que le secteur ouest de la Finul recevait les familles dont s'occupe l'association fondée par Léa Akoury à la mémoire de son époux tué en juillet 2007 durant la bataille de Nahr el-Bared entre le groupe radical, Fateh el-Islam, et l'armée. La base armée de Chamaa a déjà ouvert ses portes aux familles des victimes de l'armée et organisé des jeux et des activités divers pour les enfants. Mais c'est la première fois que le contingent italien consacre une journée entière de divertissement aux veuves des soldats tués, qui pour l'occasion étaient venues sans les enfants.
Le personnel du secteur ouest s'est mis au service de ses 41 invitées. Le général Sganga s'est félicité d'une journée « exceptionnelle, pas seulement pour les femmes des militaires tués mais aussi pour tout le personnel avec qui elles ont pu partager leurs expériences et leur culture ». Les veuves des militaires ont passé leur temps avec une grande partie du personnel féminin de la Finul et des divers contingents internationaux déployés au Liban, qui ont animé trois stands d'activités : des sessions d'autodéfense, une initiation aux premiers secours et un cours de cuisine italienne où les veuves ont pu cuisiner des lasagnes.
C'est la caporale Karmela di Lernia qui a animé l'activité d'autodéfense. Dans une confusion joviale, elle a fait monter sur un tatami les femmes pour leur enseigner des techniques de base de combat. Pour elle aussi, la journée a été riche en émotions. « Elle nous a permis de nous mettre face à des femmes au passé douloureux et de leur apporter du soutien et de l'amusement », a-t-elle dit. « J'ai été agréablement surprise par l'entrain qu'elles ont montré face à une activité totalement nouvelle et comment elles ont participé de manière très volontaire, en montrant un intérêt curieux pour cette pratique », a-t-elle poursuivi.
Les ateliers ont été un succès, et l'on pouvait entendre le rire des dames résonner dans tous les recoins de la base. Pour Nadine Maalouf, qui a perdu son mari pendant la guerre contre Israël en 2006, cette journée a été une bouffée d'oxygène. Venue de Sin el-Fil, elle affirme avoir « adoré » les activités. Alors que sa fille a déjà eu plusieurs fois la chance de visiter la base de Chamaa, pour elle, il s'agit bien d'une première expérience qui l'a enchantée et dont elle a apprécié tous les aspects.
De nombreux événements ont été organisés pour soutenir les familles des soldats tués, en collaboration avec le contingent italien, mais aussi avec les Casques bleus français, espagnols et indonésiens. Léa Akoury admet que Chamaa est presque devenue une deuxième maison pour elle. Elle a d'ailleurs commencé à apprendre l'italien et prévoit, comme chaque année, d'organiser un voyage en Italie pour un groupe d'enfants de l'association.
Pour mémoire
Journée ludique pour des petits orphelins à l’initiative du contingent italien de la Finul