Aoun : Hariri restera « certainement » Premier ministre

Le président de la République, Michel Aoun, est arrivé hier à Rome, accompagné de son épouse, pour une visite officielle de trois jours au cours de laquelle il devra rencontrer aujourd'hui le président italien Sergio Mattarella et le Premier ministre Paolo Gentiloni, et prendre part à l'inauguration de la Conférence internationale sur les dialogues méditerranéens.
Le président de la République a tenu des propos très remarqués lors d'une interview accordée au journal italien La Stampa, affirmant que le Premier ministre Saad Hariri restera « certainement » à son poste. Ce dernier avait démissionné le 4 novembre depuis Riyad, mais il avait gelé sa démission à son retour au Liban le 22 novembre.
« La crise est derrière nous et M. Hariri continuera à diriger le gouvernement », a déclaré le chef de l'État dans l'interview. La crise politique (qui a découlé de la démission inattendue de M. Hariri) pourrait être « définitivement réglée dans les prochains jours », a ajouté M. Aoun. « Nous venons de terminer les discussions avec toutes les forces politiques qui se trouvent au sein et à l'extérieur du gouvernement et qui lui accordent toutes leur confiance », a-t-il déclaré au quotidien italien.
Le président Aoun avait lancé lundi une série de concertations avec les principaux pôles politiques du pays afin de persuader le Premier ministre de revenir définitivement sur sa démission. Ce dernier exige une politique de distanciation effective par rapport aux conflits régionaux, notamment en Syrie, où le Hezbollah, allié de l'Iran, soutient militairement le régime de Bachar el-Assad. C'est pour dénoncer la mainmise du Hezbollah et de l'Iran sur le Liban que Saad Hariri affirme avoir démissionné. Ces discussions doivent se poursuivre après le retour, demain vendredi, du chef de l'État.
Commentant la question des armes du Hezbollah, Michel Aoun a indiqué au journal italien que le parti chiite « a combattu les terroristes de Daech au Liban et hors des frontières ». « Quand la guerre contre le terrorisme prendra fin, les combattants du Hezb retourneront au pays », a-t-il ajouté. À une question sur l'incompréhension de l'Occident face à cette coexistence avec le Hezbollah, il a répondu : « Il faut savoir que le Hezbollah représente une force de résistance libanaise, née pour faire face aux agressions israéliennes. Il s'agit d'un mouvement de résistance populaire que le Liban considère comme une force de défense et non comme un parti terroriste. »

« Tournant démocratique » en Syrie
Interrogé par ailleurs sur le dossier syrien, M. Aoun a déclaré qu'il y aura un « tournant démocratique », prévoyant que le président syrien restera au pouvoir. « La paix en Syrie est d'une importance cruciale pour le Liban qui héberge actuellement 1,6 million de réfugiés de ce pays, sachant qu'il est incapable d'assurer à un si grand nombre les moyens de subsistance, a-t-il ajouté. Nous voulons qu'ils rentrent chez eux au plus vite. » M. Aoun a estimé que « l'Irak suivra probablement la même voie ». À une question sur l'avenir du Moyen-Orient, le président a souligné que le Liban devait être « un modèle de coexistence pour la région ».
Le député Alain Aoun, bloc du Changement et de la Réforme (du président Aoun), a quitté hier Beyrouth pour Rome afin d'assister à la Conférence internationale des dialogues méditerranéens. Cette conférence accueille de nombreux hommes politiques, économistes et intellectuels des deux rives de la Méditerranée. Elle traite principalement des moyens de dépasser les conflits potentiels et de favoriser la paix et le dialogue. Parmi les personnalités qui assisteront à cette troisième édition, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, son homologue iranien Mohammad Zarif et la ministre des AE de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini.