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Culture - À l’affiche

Écouter Andrea Bocelli sur platine plutôt que le voir sur pellicule...

« La musique du silence », un film de Michael Radford sur le ténor Andrea Bocelli atteint de cécité. Pour une histoire au pathos garanti, trop de lourdeurs et de maladresse. Au lieu d'être ému, on en sort déçu...

Toby Sebastian dans la peau d’Andrea Bocelli.

Une autobiographie, sans doute touchante, du parcours d'Andrea Bocelli. Un vrai roman misérabiliste (écrit initialement en toute simplicité par le chanteur aveugle et porté aujourd'hui sur grand écran) devenu véritable conte de fées. Mais ce film en fait, hélas, une image aux ficelles grossièrement tirées. Un biopic qui sombre dans la facilité, les traits au fusain et s'arrête à son ascension vers la gloire après bien des déboires.

De la misère à la gloire
D'abord, la narration des petits et grands revers de ce petit Amos Bardi, alias Andrea Bocelli. Un chapelet de misères humaines. Surtout, une enfance marquée par un glaucome qui va lui empoisonner la jeunesse. Opérations multiples de l'enfant, désarrois et souffrances, sauvetage par l'écriture en braille et, source de lumière et d'énergie dans ce tunnel noir, la découverte d'une voix exceptionnelle. Le monde est certes compatissant, mais hostile. Crise de la mère (effondrement total devant la caméra !), combat du jeune homme, errance dans les clubs-bars sur fond de cliquetis de fourchettes et pintes de bière et écoute sérieuse, jusqu'à ce moment béni d'une rencontre avec une vedette qui le prend sous sa protection....
Et c'est la lancée dans le monde, entre opéras et musique pop. Et ce planétaire tube Con te partiro... Mais avant, il y a ce mémorable duo avec le rocker Zucchero, le célèbre Miserere que ce dernier entonnera plus tard encore avec Pavarotti...

Si le réalisateur Michael Radford s'est illustré, à raison, avec Il Postino jetant la lumière sur le poète Pablo Neruda et Le Marchand de Venise de Shakespeare, il s'en tire beaucoup moins bien dans le dédale de drames du chanteur qui a vendu plus de 80 millions d'albums. Surtout dans la première partie contant les malheurs de ce garçon doué d'une certaine grâce, d'une certaine volonté et surtout d'une voix divine.

 

Et la musique dans tout cela ?
Le film est plus à l'aise dans la seconde partie, c'est-à-dire les découvertes de l'amitié, de l'amour auprès d'une femme, les rebuffades devant les leçons de droit, les tâtonnements devant le clavier et le triomphe pour retrouver une voix qui a muté et qui exige une domestication et une formation. Bien conventionnelles sont ces séances d'apprentissage de la maîtrise corporelle et vocale avec un maestro un peu compassé (pourtant le prof en question est Franco Corelli !) campé par Antonio Banderas, au jeu cabotin et toujours appuyé.

Mais reste quand même la partition musicale du film, qui ne jette toutefois pas beaucoup de lumière sur le répertoire opératique étendu du chanteur, pas plus d'ailleurs que les refrains populaires qui ont fait son succès. Ajoutez à cela une pointe d'humour dans une atmosphère sombre pour des répliques parfois inattendues, de superbes paysages toscans où la nature, véritable carte postale, est poésie et romantisme. À noter également des cadrages de visages attachants, notamment d'Andrea, mais aussi ses parents, avec tante balaise et oncle rondouillard à la moustache teinte, inquiets de le voir réussir. Un visage à la beauté touchante car privée de la force et du mystère du regard. Icône devenu coqueluche, non seulement en Italie, mais aux quatre points cardinaux.

Mais tout compte fait, en mélomane averti, pour retrouver véritablement Andrea Bocelli, mieux vaut la platine et ce qui en jaillit, que le voir partiellement sur pellicule, même s'il ne s'agit que d'un témoignage à la trame linéaire ou d'un documentaire différé...

Une autobiographie, sans doute touchante, du parcours d'Andrea Bocelli. Un vrai roman misérabiliste (écrit initialement en toute simplicité par le chanteur aveugle et porté aujourd'hui sur grand écran) devenu véritable conte de fées. Mais ce film en fait, hélas, une image aux ficelles grossièrement tirées. Un biopic qui sombre dans la facilité, les traits au fusain et s'arrête à son...

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