Pour la troisième journée consécutive, des habitants de Bécharré se sont rassemblés hier devant une école publique lors d'un shift scolaire de l'après-midi, destiné aux enfants réfugiés syriens, pour protester contre la scolarisation de ces enfants dans cet établissement. Les habitants entendaient, plus largement, exprimer leur opposition à la présence des réfugiés syriens, mis au défi de quitter la bourgade avant le 25 novembre. L'inscription des petits réfugiés à l'école signifierait ainsi, aux yeux de ces personnes, une prolongation du séjour des réfugiés à Bécharré. L'ultimatum du 25 novembre avait été signifié aux réfugiés syriens suite à une décision prise à l'unanimité par les prêtres, les moukhtars et les membres du conseil municipal après le crime de Miziara, le mois dernier, quand un concierge syrien avait violé et tué la fille de ses employeurs.
Environ 250 familles de réfugiés syriens vivent à Bécharré. La localité compte également sur les ouvriers syriens pour le travail agricole et pour le service dans ses restaurants.
Pour Charbel Tok, ingénieur agronome et professeur d'université, « cette décision n'a pas été prise pour des raisons de sécurité, des femmes et des enfants ne peuvent pas constituer un danger sur le plan de la stabilité du village ». « Les hommes syriens qui pourront rester sont ceux qui travaillent au village depuis longtemps et qui sont dignes de confiance », dit-il. « Cette mesure a été prise pour des raisons sociales, on ignore quand les Syriens rentreront chez eux. La crise en Syrie dure depuis sept ans. S'ils restent encore dix ans de plus, ils pourraient faire partie du tissu social du village et c'est une chose que nous ne voulons pas », précise-t-il.
Même si la majorité des habitants de la localité sont de cet avis, un nombre de personnes originaires de Bécharré condamnent pourtant une telle décision et la jugent « raciste ». « C'est une décision politique qui fait partie de la surenchère électorale. Les prêtres, moukhtars et membres du conseil municipal n'ont pas agi seuls. Ils sont assurément soutenus par un parti politique », affirme un notable du village, souhaitant garder l'anonymat, et faisant référence aux Forces libanaises. « C'est inhumain de ne pas intégrer des enfants à l'école. J'aimerais voir les personnes qui ont pris cette décision quand l'été viendra et quand chaque propriétaire de terrain aura besoin de la main-d'œuvre agricole syrienne », poursuit-il. « Cette décision a été prise par les prêtres du village. Comment peut-on être chrétien et faire preuve d'autant de racisme ? » s'insurge-t-il encore.
À noter que l'ancien conseil municipal avait organisé diverses activités pour soutenir les réfugiés. Durant ces dernières années, des fêtes et des distributions de cadeaux aux enfants syriens avaient lieu à Noël.
Liban - Réfugiés syriens
Réfugiés syriens : Bécharré en pointe dans le mouvement de rejet xénophobe
OLJ / Par Patricia KHODER, le 03 novembre 2017 à 00h00
commentaires (3)
LES REFUGIES SYRIENS SONT UN GRAVE PROBLEME POUR TOUT LE PAYS SURTOUT SI LEUR PRESENCE SE PROLONGE... JE NE LES VOIS PAS PARTIR DANS UN PROCHE AVENIR ET CA VA CREER DE GRAVES PROBLEMES DANS LE PAYS !
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 52, le 03 novembre 2017