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Moyen Orient et Monde - Offensive

Avec la chute de Raqqa, la fin du « pays » de Daech

Juste après avoir annoncé la prise de Raqqa, les combattants des FDS ont envahi l’emblématique rond-point al-Naïm. Bulent Kilic/AFP

Le groupe État islamique a perdu Raqqa, son principal bastion en Syrie, après des mois de combats contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) – l'alliance arabo-kurde soutenue par la coalition internationale antijihadistes menée par Washington – qui ont transformé cette ville du Nord en un champ de ruines. Avec la chute de son ex-capitale en Syrie, qui aurait également servi de centre de planification pour des attentats meurtriers dans le monde entier, le groupe ultraradical subit un revers de taille et voit son « califat » quasiment réduit à néant en Syrie et en Irak voisin.


Hier, les FDS se sont emparées du principal hôpital et du stade municipal, dans le centre de Raqqa, les deux derniers réduits dans lesquels étaient retranchés des dizaines de jihadistes étrangers. « Les opérations militaires à Raqqa ont pris fin. La ville est sous le contrôle total » des FDS, a indiqué Talal Sello, un porte-parole de l'alliance. « Il y a actuellement des opérations de ratissage pour éliminer les cellules dormantes, si on en trouve, et pour déminer la ville », a-t-il ajouté. « L'offensive militaire à Raqqa arrive peut-être à son terme, mais la crise humanitaire est plus grave que jamais », a toutefois déploré, dans un communiqué, l'ONG Save the Children. En quatre mois, les combats ont fait 3 250 morts – 1 130 civils, y compris 270 enfants, et 2 120 combattants des deux bords – selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés par les combats. Ces derniers jours, en vertu d'un accord négocié par des responsables locaux et des représentants tribaux, les derniers civils pris au piège ont pu être évacués et les jihadistes syriens ont été autorisés à quitter la ville.


Juste après avoir annoncé la prise de Raqqa, les combattants des FDS ont envahi l'emblématique rond-point d'al-Naïm, où l'organisation jihadiste menait ses exécutions. Certains étaient émus jusqu'aux larmes, d'autres affichaient un grand sourire, se prenaient en photo ou brandissaient le drapeau jaune des FDS, à l'instar de Rojda Felat, la commandante kurde à la tête de l'offensive contre Raqqa, fusil à l'épaule. Autour d'eux, un paysage de désolation, avec des immeubles en ruine, des rues remplies de décombres et de carcasses de voitures, une ville ravagée par plus de quatre mois de combats et de bombardements aériens.

 

Le monde entier attendait
Le centre, où se sont déroulés les derniers combats, était désert, à l'exception des combattants kurdes et arabes des FDS qui se félicitaient donc de la victoire. « Si Dieu le veut, la joie reviendra dans toute la ville », lance Sevger Himo, jeune commandant des FDS aux yeux rieurs. « La couleur noire (de l'EI) est partie, remplacée par la couleur jaune sur le rond-point al-Naïm », se réjouit-il. De son côté, Omar Allouche, un responsable du Conseil civil de Raqqa, une administration locale qui était en exil, a salué « une libération que le monde entier attendait ». « En éliminant la capitale de Daech (acronyme arabe de l'EI), nous avons remporté une victoire pour tout le peuple syrien », poursuit-il.


C'est en novembre 2016 que les FDS avaient lancé leur offensive « Colère de l'Euphrate », œuvrant d'abord à conquérir les territoires autour de Raqqa, pour isoler la ville. Dès le mois de juin, ses combattants étaient entrés dans la métropole, avec l'appui des frappes aériennes de la coalition internationale antijihadistes. Depuis des mois, l'organisation ultraradicale subit revers après revers en Irak et en Syrie, après une ascension fulgurante en 2014. Dans un communiqué marquant le troisième anniversaire de sa création, la coalition internationale a indiqué avoir « repris, avec ses partenaires, plus de 87 % du territoire conquis par (l'EI) en 2014 ».


En Syrie, le groupe ne contrôle plus que quelques poches dans le centre. Il est également présent, en nombre restreint, dans la périphérie sud de Damas. Son dernier bastion est désormais la province de Deir ez-Zor, frontalière de l'Irak. Mais l'organisation en a perdu la moitié en moins de deux mois, confrontée à deux offensives distinctes : d'un côté celle des forces du régime syrien soutenues par l'aviation russe, de l'autre celle des FDS.


Déclenché en 2011 par la répression gouvernementale de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 330 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés. Dans ce cadre, hier, la télévision d'État iranienne a rapporté sur son site internet qu'un général de brigade des pasdaran (les gardiens de la révolution, armée d'élite de Téhéran), Abdollah Khosravi – ancien officier combattant de la guerre Irak-Iran (1980-1988) –, a été tué samedi dernier en Syrie, où il commandait des combattants venus de son pays. La télévision ne précise ni le lieu exact ni les circonstances précises de sa mort. L'agence Fars, proche des conservateurs iraniens, précise, elle, que l'officier commandait le bataillon Fatéhine (les Vainqueurs, en persan), unité de volontaires iraniens engagée en Irak et en Syrie.

Le groupe État islamique a perdu Raqqa, son principal bastion en Syrie, après des mois de combats contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) – l'alliance arabo-kurde soutenue par la coalition internationale antijihadistes menée par Washington – qui ont transformé cette ville du Nord en un champ de ruines. Avec la chute de son ex-capitale en Syrie, qui aurait également servi de...

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