Il y a une dizaine de jours, le ministère de l'Intérieur fixait les tarifs des prestations de valet parking (service de voiturier) à 5 000 LL. La décision a été publiée dans le Journal officiel le 5 octobre et une ligne verte a même été ouverte, afin de permettre à quiconque observant un abus de le dénoncer. Sauf que l'on apprenait hier que les tarifs pourraient être revus à la hausse et atteindre 10 000 L.L. dans le mohafazat de Beyrouth, après une vague de plaintes des sociétés de valet parking.
Pour l'instant, la mise en œuvre de cette hausse n'est pas validée, d'autant plus que les ministères concernés lancent chacun la balle dans le camp de l'autre. La Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL) conteste déjà, quant à elle, une hausse non justifiée par des études financières appropriées.
Une source autorisée au sein du ministère du Tourisme a confirmé à L'Orient-Le Jour que des discussions ont effectivement été entamées pour hausser les tarifs. « Les sociétés de valet parking se plaignent du fait qu'un tarif de 5 000 LL ne leur suffit pas pour faire tourner leurs entreprises. Pour être autorisées à travailler, elles doivent pouvoir justifier d'une garantie de 25 millions de LL, indique le responsable. La prise d'une décision concernant les tarifs se fera conjointement entre les ministères du Tourisme et de l'Intérieur, et le mohafez de Beyrouth, Ziad Chbib. » L'Orient-Le Jour a essayé de contacter ce dernier, pour plus de précisions, mais il n'était pas disponible hier pour répondre à nos questions.
Le ministère de l'Intérieur s'est défendu, pour sa part, de toute responsabilité concernant une possible hausse des prix. « Toute décision relative à la hausse des tarifs des valet parking revient aux ministères du Tourisme et de l'Économie. Le ministère de l'Intérieur a, quant à lui, pour mission d'annoncer les prix », précise le ministère dans un communiqué. Contactée par L'OLJ, une source du ministère de l'Économie a pour sa part indiqué que ledit ministère est uniquement concerné par la « surveillance de l'application des prix et non par leur établissement ».
Les sociétés de valet parking « plus fortes que l'État »
Si le mécanisme décisionnel concernant la hausse des tarifs reste flou, une chose est néanmoins sûre : les nouveaux tarifs seront effectifs une fois qu'ils seront publiés dans le Journal officiel. « Alors que le tarif de 5 000 LL a été instauré il y a quelques jours seulement, le ministre du Tourisme a contacté le ministre de l'Intérieur et le mohafez de Beyrouth pour suggérer de hausser les tarifs à 10 000 LL. Il s'agit d'une hausse de 100 %, sous prétexte que les compagnies louent des terrains à des prix exorbitants et qu'elles doivent payer les cotisations de la Caisse nationale de la Sécurité sociale pour leurs employés », a dénoncé Béchara Asmar, président de la CGTL. « Entre le parcmètre, le parking et le valet parking à Beyrouth, on en a entre 30 000 et 40 000 LL si on veut passer une journée dans la capitale. Comment vont faire les ouvriers et les employés face à cette situation ? Qu'est-ce qui justifie de payer 10 000 livres pour donner son véhicule à un voiturier ? » se demande M. Asmar dans une déclaration à L'OLJ, avant d'ajouter : « Il est important d'arrêter cette mascarade. » « Les trois quarts des sociétés de valet parking ne louent pas de terrains. D'ailleurs, y a-t-il encore des terrains vides à Beyrouth ? Elles occupent les espaces publics et les trottoirs qui appartiennent à l'État. Malheureusement, elles sont devenues plus fortes que l'État », dénonce-t-il. Il pose également la question de savoir quel est le pourcentage des sociétés légales, si elles paient des impôts sur le revenu, si elles inscrivent réellement leurs employés à la CNSS ou si elles les embauchent selon des contrats de travail en règle. « Nous avons besoin d'une étude sur base de laquelle les prix seront fixés. Les sociétés de valet parking devraient calculer leurs dépenses et présenter des bilans pour justifier la hausse des prix. Mais la question est de savoir à quelle instance elles devront présenter ces bilans », déplore Béchara Asmar.
Pour mémoire
Liban : La décision relative aux tarifs des valets parking publiée au « Journal officiel »
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CERTAINES BETISES ONT ETE PROFEREES PAR DES RESPOS !
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 40, le 14 octobre 2017