L'Espagne n'extradera pas le journaliste turco-suédois réclamé par Ankara

Le gouvernement espagnol a annoncé vendredi qu'il n'extraderait pas vers la Turquie le journaliste turco-suédois Hamza Yalcin, libéré jeudi après avoir été arrêté le 3 août à Barcelone à la demande d'Ankara.

"Le gouvernement a décidé de ne pas poursuivre le processus judiciaire d'extradition, il n'extradera donc pas M. Yalcin comme l'avait demandé le gouvernement turc", a déclaré le porte-parole du gouvernement Inigo Mendez de Vigo à l'issue du conseil des ministres.
"La loi d'extradition passive et la convention sur le statut des réfugies stipulent que l'extradition ne peut pas être accordée lorsque la personne réclamée s'est vue reconnaître la condition de réfugié", a-t-il expliqué.
Or, "les autorités suédoises ont à deux reprises accordé l'asile à M. Yalcin, maintenant son statut de réfugié jusqu'à ce qu'il obtienne la nationalité suédoise en 2016", a-t-il poursuivi pour justifier la décision du gouvernement.
Hamza Yalcin, 59 ans, est accusé par Ankara d'avoir insulté le président turc et d'être lié à un "groupe terroriste".
Il avait été remis en liberté jeudi par un juge d'instruction.

Un autre émigré turc, l'écrivain Dogan Akhanli naturalisé allemand, arrêté le 19 août sur mandat d'Interpol à Grenade (sud) est placé sous contrôle judiciaire en attendant que l'Espagne se prononce sur son extradition vers la Turquie qui l'accuse de "terrorisme".

L'arrestation le 3 août de M. Yalcin à l'aéroport de Barcelone avait suscité les protestations d'organisations de défense des droits de l'Homme.

Selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu, Hamza Yalcin - qui écrit pour Odak, magazine en ligne critique envers le gouvernement turc - devrait être jugé pour avoir insulté le chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan et avoir fait de la "propagande" pour un "groupe terroriste".
Selon l'organisation internationale Reporters sans frontière (RSF) le mandat d'arrêt est une tentative "pour réduire au silence toute critique du régime turc".