C'est le spectacle d'un Liban schizophrène, irrationnel, soumis à un terrorisme intellectuel obscurantiste, et méprisant son propre rayonnement – qu'il doit d'ailleurs à ses fils – que le Liban continue d'offrir au monde entier.
Hier soir, en rentrant d'Italie, en prévision de l'avant-première, prévue demain mardi, de son film L'insulte, primé à la Mostra de Venise et pour lequel l'acteur palestinien Kamel el-Basha a obtenu le prix de la meilleure interprétation masculine, le réalisateur libanais Ziad Doueiri a été interpellé à l'aéroport de Beyrouth, conduit dans une pièce annexe et prié poliment par les agents de la Sûreté générale de leur remettre ses deux passeports libanais et français, avec, en prime, une demande de comparaître aujourd'hui devant le tribunal militaire, à cause d'une plainte déposée contre lui en juin dernier. Le motif de la plainte reste pour l'heure inconnu. Pour toute précision, les agents de la SG se sont contentés d'avertir M. Doueiri que le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, se chargera de tout lui expliquer.
A noter, en outre, que c'est le Liban officiel, à travers son ministère de la Culture, qui a choisi un film de Ziad Doueiri l'Insulte, pour représenter le pays dans la course à l'Oscar 2018 du meilleur film étranger.
Dimanche soir, le cinéaste a assuré ignorer les chefs d'accusation qui lui étaient reprochés. "Ils m'ont gardé à l'aéroport de Beyrouth près de deux heures et demi. Ils m'ont relâché après avoir confisqué mon passeport français et libanais", a précisé le cinéaste dimanche soir à l'AFP. "Je dois comparaître (lundi) à neuf heures du matin (06H00 GMT) devant un tribunal militaire pour une investigation concernant un chef d'accusation que j'ignore", a-t-il indiqué. "Je suis profondément blessé. Je viens au Liban avec un prix de la Mostra de Venise, et la police libanaise a autorisé la diffusion de mon film. Je ne sais pas qui est responsable de ce qui s'est passé", a-t-il ajouté.
L'affaire serait-elle liée à son film L'attentat qui avait été interdit de diffusion dans les pays de la Ligue arabe parce que certaines scènes avaient été tournées en Israël? Le film avait été réalisé en 2012 et entre-temps Ziad Doueiri était venu à plusieurs reprises au Liban, sans être importuné.
Si la question se pose aujourd'hui, c'est à cause d'un véritable pamphlet publié jeudi dernier dans le quotidien al-Akhbar contre le réalisateur libanais. Car faisant fi des multiples bouleversements qui secouent la double scène palestinienne et arabe depuis plusieurs années, certains s'obstinent à vouloir tenter de faire planer un climat de terrorisme intellectuel sur le pays.
Adapté du best-seller de Yasmina Khadra, L'attentat est l'histoire d'un chirurgien israélien d'origine arabe dont la femme est l'auteur d'un attentat suicide.
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commentaires (6)
Je vois rouge Envie de vomir Quelle honte Nous ne savons rien préserver de ce que nous avons de bien
RIGA Pavla
20 h 11, le 11 septembre 2017