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Diaspora - Entretien

« Plus de 60 % des étudiants travailleront dans des domaines qui n’existent pas encore »

Le Libano-Américain Rodolphe el-Khoury, doyen de l'École d'architecture de l'Université de Miami, au CV impressionnant, explique sa conception de l'Internet des objets et de la connectivité.

Rodolphe el-Khoury, un architecte de renommée mondiale et « visionnaire ».

L'Internet des Objets (IdO) se démocratise et devient une des réalités les plus passionnantes du XXIe siècle. Grâce à la technologie intégrée, les objets sont désormais capables de sentir, de penser, d'agir et de communiquer. Et chaque composante du bâtiment, de la ville et du paysage sera bientôt dotée de capacités d'architecture sensibles à la communication et au calcul. Telle est la vision de la nouvelle réalité que présente Rodolphe el-Khoury, doyen de l'École d'architecture de l'Université de Miami depuis 2014, et leader incontesté de l'architecture contemporaine et urbaniste, de renommée internationale. Ce visionnaire vient de mettre la dernière touche à la conception de Zenciti au Yucatan, une start-up et prototype d'une ville intelligente futuriste au Mexique, fondée sur l'expérience des leaders de l'urbanisme et de la technologie.

« L'Internet des Objets est un nouveau concept qui s'accélère, car nous avons les ressources pour le réaliser, dit-il lors d'un entretien avec L'Orient-Le Jour à Miami. Les objets connectés peuvent communiquer. Et c'est simple. » En tant que codirecteur de l'architecture « responsive » (« réactive ») au laboratoire de John H. Daniels (RAD LAB) à Toronto, Rodolphe el-Khoury recherche des applications architecturales pour les technologies de l'information visant à améliorer la réactivité et la durabilité des bâtiments et des villes. Sa conception du design de l'Internet des Objets a été exposée en septembre 2013, lors de la cinquième conférence annuelle TEDx Toronto.

 

Des prototypes d'objets connectés
« La technologie intégrée permet de mieux répondre aux défis environnementaux et sociaux auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui, dit-il. Nous vivons une époque très intéressante. L'avancée technologique a transformé de manière significative notre environnement ainsi que la façon dont nous fabriquons les choses. Selon les statistiques présentées par le président de l'Université de Miami, plus de 60 % des étudiants travailleront dans des domaines et des emplois qui n'existent pas encore. »
The Living, Breathing, Thinking, Responsive Building of the Future est un document élaboré au laboratoire RAD, et dédié essentiellement à l'Internet des Objets, que Rodolphe el-Khoury, Carol Moukheiber et Christos Marcopoulos, « tous deux architectes réputés », ont élaboré à Toronto.

Cet ouvrage offre une idée des multiples trajectoires de recherche lancées et guidées par les auteurs de l'Université de Toronto, de MIT, de la Harvard Graduate School of Design, et de l'Université de Hong Kong. Les créateurs du RAD LAB ont élaboré « une nouvelle formule simple : une brique, plus une puce, appelée point d'interrogation ».
« Nous créons un prototype d'objets, nous explorons la façon dont ils se connectent les uns aux autres et nous mettons ensuite en œuvre de nouvelles fonctionnalités pour que les bâtiments soient plus efficaces, plus confortables, plus agréables et plus durables », explique l'architecte. Ces prototypes sont-ils opérationnels ? « Le défi reste grand, reconnaît-il. Mais nous les développons comme des prototypes fonctionnels. Le but ultime est de créer des produits commerciaux réels. »
Faudrait-il mettre en place une nouvelle méthode d'enseignement ?
« La programmation et le codage sont devenus une nécessité, ils font partie du programme d'études, souligne Rodolphe el-Khoury. Nous apprenons aux étudiants l'utilisation de la technologie dans l'objectif de créer des objets, de fabriquer des prototypes et d'être directement engagés au niveau des moyens de production. »

 

« Un universitaire visionnaire »
À 53 ans, cet Américain d'origine libanaise a plus de 29 ans d'expérience en architecture et urbanisme. Il est né et a grandi à Beyrouth. Il a poursuivi des études primaires au Lycée français de Beyrouth et a passé une année universitaire à l'AUB. En 1982, lors de « la désastreuse année de l'invasion israélienne », il s'embarque pour Chypre, « seul, le cœur gros, mais le regard chargé d'espoir », sur un petit bateau de fortune, « laissant derrière lui sa famille, ses souvenirs et ses livres ».

Sous l'égide de Jay Randall, son « très charismatique professeur à l'AUB », Rodolphe sera l'un des premiers architectes libanais à s'inscrire à la School of Design de Rhode Island. Il sera suivi par « d'autres architectes de renom, dont Joumana Atallah, Hachem Sarkis, Bernard Khoury ».
Rodolphe el-Khoury est titulaire d'un doctorat en philosophie et d'une maîtrise en histoire architecturale de l'Université de Princeton, ainsi que d'une maîtrise en sciences de l'architecture du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et d'un baccalauréat en architecture et arts plastiques de la School of Design de Rhode Island.

En 2005, Il devient directeur de design urbain à la faculté de John H. Daniels de l'Université de Toronto, puis partenaire de l'entreprise de design Khoury Levit Fong (KLF). Au cours de sa carrière fulgurante, il enseigne à l'Université de Harvard, au MIT, à l'Université de Hong Kong, à l'Université de Princeton et à l'Université de Columbia. En tant que partenaire de KLF, ses projets primés comprennent « Beirut Martyr's Square » (AIA San Francisco), « Stratford Market Square » (Boston Society of Architecture) et le « Shenzhen Museum of Contemporary Art » (AIA Cleveland). Récemment, KLF a remporté des compétitions internationales pour une salle d'expositions de planification à Changzhi, en Chine, et pour la revitalisation de « Copley Square » à Boston.
« Nous avons choisi Rodolphe el-Khoury comme le doyen de l'École d'architecture après une recherche internationale, avait alors déclaré Thomas Le Blanc, vice-président de l'Université de Miami. Sa grande expérience dans le domaine et au niveau académique, ainsi que son travail novateur visant à associer l'architecture et la technologie de pointe afin d'améliorer la vie des gens, en a fait la combinaison idéale pour diriger l'école. »

L'ex-présidente de l'UM, Donna E. Shalala, a, pour sa part, déclaré que « Rodolphe el-Khoury est un universitaire visionnaire de premier plan ». « Nous nous attendons à ce qu'il mène notre école d'architecture à de nouveaux sommets, au XXIe siècle », a-t-elle ajouté.

 

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