Un massacre de chiites dans le nord de l'Afghanistan peut-être un "crime de guerre" (ONU)

Le massacre de dizaines de personnes, en majorité des civils chiites, par des talibans et des membres du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de l'Afghanistan début août "pourrait constituer un crime de guerre", a conclu l'ONU dans une enquête publiée dimanche.
L'UNAMA, la mission des Nations unies en Afghanistan, dit avoir des "informations vérifiées" selon lesquelles au moins 36 personnes ont été massacrées à Mirza Olong, un village difficile d'accès situé dans la province de Sare-Pul.
"Ces meurtres, qui ont été corroborés par plusieurs sources crédibles, violent les lois humanitaires internationales et pourraient constituer des crimes de guerre", estime l'UNAMA dans son rapport.
Selon le document, plus de la moitié des meurtres ont eu lieu le samedi 5 août, lorsque les civils ont tenté de fuir leur village qui venait tout juste d'être conquis par des combattants islamistes après des combats avec des milices pro-gouvernementales.
Les autorités afghanes affirment que des talibans et des membres de l'EI ont conjointement massacré plus de 50 villageois, dont certains ont été décapités.
L'enquête de l'ONU avance un bilan de 27 civils tués, dont une femme, quatre adolescents et 13 hommes de plus de 60 ans, auxquels s'ajoutent au moins sept membres de milices progouvernementales, un policier et un soldat.
L'UNAMA dit cependant ne pas pouvoir confirmer que certaines victimes ont été décapitées.
Les talibans, qui combattent l'EI sur le terrain, ont démenti "fermement" toute coopération avec l'EI dans ce massacre.
L'enquête de l'ONU note qu'un commandant impliqué dans le massacre avait fait allégeance à l'EI mais elle dit "ne pas être au courant d'informations sur ses liens" éventuels avec le commandement de l'EI.
La semaine dernière, l'EI avait revendiqué la mort de 54 chiites, qu'il considère comme des "hérétiques", dans la province de Sare-Pul, par le biais de son agence de propagande Amaq.
Les forces de l'EI en Afghanistan sont composées d'anciens talibans, afghans et pakistanais et de membres venus d'autres mouvements insurgés, qui changent de drapeau au gré des offres de recrutement, estiment les observateurs.