Les Pays-Bas suspendent la remise de huit suspects à la Belgique

Les Pays-Bas suspendent la remise à la Belgique de huit personnes suspectées de trafic de drogue, faute de garanties sur les conditions de détention dans les prisons belges, a fait savoir le tribunal d'Amsterdam mardi.

"La demande de remise formulée par la Belgique de huit personnes résidant aux Pays-Bas a été temporairement suspendue", a indiqué la Chambre d'entraide judiciaire internationale du tribunal d'Amsterdam dans un communiqué.
"Des informations doivent d'abord être données sur les conditions de détention dans les prisons belges", a expliqué la Chambre, qui rendait une décision provisoire.

Les huit personnes sont suspectées en Belgique d'avoir participé à une organisation criminelle impliquée dans le trafic de drogue de l'Amérique du Sud vers l'Europe, en passant notamment par le port belge d'Anvers (nord).

Le ministère public belge veut les poursuivre pour cela et le juge d'instruction d'Anversavait émis une demande de remise dans ce sens auprès du tribunal d'Amsterdam.
Pour justifier sa décision, la Chambre du tribunal d'Amsterdam a avancé un communiqué très critique du Conseil de l'Europe sur l'état des prisons belges, publié le mois dernier.
Dans ce communiqué, le Conseil de l'Europe avait pointé "son inquiétude sur le respect en toutes circonstances de certains droits des détenus", qui ont été gardés "en cellule quasiment en permanence durant de précédentes grèves du personnel", selon le tribunal.

Le ministre belge de la Justice, Koen Geens, a pris "acte" de cette décision selon une porte-parole, soulignant qu'à ce stade, le tribunal ne concluait pas dans son communiqué "que les détenus dans les prisons belges courent, de manière générale, un vrai risque de traitement inhumain ou dégradant".
A ses yeux, la Chambre du tribunal d'Amsterdam veut simplement "examiner ceci plus en détails", menant actuellement "des consultations" avec le ministère belge de la Justice.

La Chambre, qui peut "refuser une demande de remise de suspects émise par un pays lorsqu'il y est question de violation des droits fondamentaux des détenus", attend désormais que "le procureur fournisse les informations complémentaires sur les conditions de détention" en Belgique.