Il n'y a pas que la mode qui soit à la mode. Et au Liban, nous ne sommes pas en reste. On suit autant les tendances mondiales qu'on en crée d'autres. Dans la famille des nantis, je choisis ceux qui font comme tout le monde.
Dans le monde de ces modes, l'argent joue en faveur de nos petits kharouf de Panurge. Parce qu'il faut avoir les moyens de sa politique. Ne peut pas s'offrir un week-end mykonossien à 4 000 dollars qui veut. Ne peut pas être bio à coups de chia seeds, de graines de lin, de romaines et de tomates labellisées Organic, qui veut. Ne peut pas non plus se payer 5 modèles de Golden Goose, les mocassins/pantoufles Gucci Chewbacca ou les mules à poils Prada, qui veut. Et ne peut pas être influencer qui veut, non plus. Tout est sujet à tendance. Allez comprendre pourquoi... au Liban, plus qu'ailleurs.
Après avoir succombé aux charmes du quinoa, du kale, voici que, depuis quelque temps, les Libanais s'adonnent à la bouffe bio/organic/healthy/vegan/paléo/gluten free. Ça se comprend, vu les pesticides interdits depuis une dizaine d'années, mais toujours en pratique au Liban, l'état de l'eau et de toutes les viandes avariées que l'on peut ingurgiter. Et qui dit hygiène de vie saine, dit sport. On est passé de la mode de l'ellepticall/powerplate/vélo à celle du spinning/pilates/aquabiking/marathon. Et après avoir sué sous le commandement d'un personnal trainer, tout le monde est devenu trainer à son tour. Les salles de sport ont pullulé, quitte à se retrouver dans le même immeuble ou au coin de la même rue. C'est encore et toujours la mode du sport, avec le « à qui mieux mieux » de la durée d'un plank.
Finie la mode du shawarma, le burger a toujours la cote et les jus detox ont la vie belle. On peut parler du detox ? Déjeuner detox, régime detox, cure detox. On se désintoxique le corps pour mieux l'intoxiquer à nouveau, à coups de séjours dans des centres hors de prix où on vous fait boire du jus de betterave pendant 3 jours. Idem pour les boîtes reçues à la maison où trônent 200 g d'un pauvre petit chou-fleur. Les boîtes livrées à la maison sont à nouveau tendance. Et la detox, ça n'existe pas.
Dans la catégorie voyages, Mykonos reste toujours en tête du peloton. En 2e place, on trouve une autre île grecque à la mode depuis 2-3 ans : Poros ou les plaisirs du ski nautique. Les vrais amateurs de sports nautiques savent très bien que l'île est idéale pour glisser sur l'eau. L'eau y est quasiment tout le temps plate... et le petit village accueille tous ceux qui font une petite pause de leur séjour farayote/faqrayote. Ah, St-Tropez et Ibiza repointent le bout de leur nez. Et ça, on le sait grâce aux influencers/opinion leaders/bloggers/public figures qui nous disent où voir et se faire voir. Eh oui, ces Helmut Newton de pacotille inondent Instagram de photos d'eux/elles, de ce qu'ils/elles mangent. D'eux et d'elles devant le miroir de leur salle de sport. D'eux et elles, d'eux et elles, d'eux et elles. Ce sont des gens #proud de tous ceux qu'ils suivent... et surtout d'eux-mêmes. Bref, tout le monde est devenu journaliste de mode, critique culinaire, conseiller en style ; voire psy, personal coach, healer, yogi. Et dans tous ces trips de quêtes de vérité, d'osmose avec soi-même, de réflexion transcendantale, il y a la mode de l'ayahuasca. Quézaco ? Cette plante hallucinatoire sud-américaine qui fait vomir tous ses vieux démons. De plus en plus in ce petit voyage au Chili ou au Pérou.
Photographes, journalistes, conseillers et, depuis les remous de la scène politique mondiale... analystes. Tout le monde est devenu analyste politique dans les pages du magazine le plus lu au monde : Facebook. Trump, le Brexit, Macron, Marine Le Pen, la crise des déchets, les élections. Analystes et haters. Quand on analyse, généralement, on déteste les gens qui ne sont pas d'accord avec nous.
Et puis, aux côtés de tous ces propriétaires de boîtes, clubs et autres bars, autoproclamés Kings de la night (proprio de 2 % de l'endroit), il y a les DJ. C'est très trendy d'être un Mood Setter aujourd'hui. Mais ça, on n'en parlera pas. On préférera parler des bouées Flamingo. C'est quoi cette mode des bouées flamant rose ?
Dans le monde de ces modes, l'argent joue en faveur de nos petits kharouf de Panurge. Parce qu'il faut avoir les moyens de sa politique. Ne peut pas s'offrir un week-end...
commentaires (8)
Un pays de ouf, qui vacille entre la vie et la mort.
Nadine Naccache
10 h 24, le 30 juillet 2017