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Nos Lecteurs ont la Parole - Hiba KANSO

Où en sommes-nous dans la législation sur le viol ?

Après la réunion de la commission parlementaire de l'Administration et de la Justice les mois derniers, un silence a régné. La prise de décision que la société libanaise attendait depuis longtemps, celle d'annuler l'article 522 du code pénal, a ému les Libanais et rendu l'espoir aux âmes. Rappelons que cet article disposait que le violeur pouvait s'exonérer de sa responsabilité, et par la suite échapper à la sanction qu'il doit fermement subir et dont l'intensité prévue est faible, par le seul fait d'épouser la victime dont son consentement n'est point mentionné. Mais les célébrations et le sentiment de satisfaction n'ont malheureusement pas duré. Comme chaque tentative, lamentablement échouée, celle-ci n'a fait qu'instaurer la joie temporairement dans l'esprit des Libanais en général, et des Libanaises en particulier, pour un laps de temps bien limité.
Le viol consiste en un acte sexuel exercé volontairement contre une victime, et ceci sans son consentement. C'est un acte aussi grave que le meurtre, le corps de l'être humain étant aussi valeureux que sa vie, étant son bien-être, son existence même, la chose qu'il a de plus sacré. Le viol est un crime qui blesse fortement les sentiments communs des individus au sein d'une société, qui porte atteinte aux valeurs les plus fondamentales devant être primordialement protégées par l'État supposé avoir respecté ses engagements internationaux. Mais ce comportement lâche et irresponsable de l'État, sa réaction attendue et inaccomplie, nous renvoie à la question de savoir à quel point le corps humain est-il valorisé dans notre société.
Nous savons que la morale et ses valeurs diffèrent d'une société à une autre, d'un temps à un autre. Par exemple, le crime d'honneur, légalisé il y a des années au Liban, ne l'est plus heureusement aujourd'hui, mais l'est toujours dans d'autres pays, spécialement arabes. Cette constatation devrait être effrayante si l'on s'efforce à donner au sujet du viol la réflexion qu'il mérite. Devrait-on considérer que le corps humain est en train de perdre irrévocablement sa valeur dans notre société d'aujourd'hui ? Comment pourrait-on expliquer la négligence qui existe au sein du pouvoir exécutif en général et face à ce dossier en particulier ? Quelle priorité pourrait transcender celle de la protection des individus et de leur droit de disposer librement de leur corps ? La protection de leur liberté et de leur sécurité ? Quelle que soit la réponse à ces questions posées, le seul fait qu'on les pose reflète la réalité inquiétante dans laquelle nous vivons.
Le système dans un pays démocratique ne doit jamais porter atteinte aux valeurs fondamentales reconnues et protégées par les conventions internationales et les déclarations des droits de l'homme auxquelles il a adhéré. Sinon, il ne serait pas digne d'être qualifié de démocratique.
L'espoir au Liban passe par un long, très long trajet avant d'ouvrir entièrement ses portes. L'article 522, dans l'attente qu'il soit effectivement et définitivement abrogé, a malheureusement des frères qui protègent son impact : les articles 505 et 518 du code pénal libanais qui règlent la situation des viols commis contre des mineures d'une façon analogue. Il nous semble à un moment que le législateur avait prévenu toutes les mesures possibles qui puissent limiter la liberté de la victime, ne prenant en considération ni son âge, ni son état de discernement, ni l'état moral dans lequel elle se trouvait. Peut-être était-il certain de la lenteur insurmontable du travail de nos politiciens et pouvait de la sorte assurer le règne du régime patriarcal le plus longtemps possible...
Aujourd'hui, en viol, notre attente devrait être donc triple ; une abrogation, deux et trois. Mais, pour le Liban et son développement, nous attendrons et poursuivrons jusqu'au bout du chemin.

 

Après la réunion de la commission parlementaire de l'Administration et de la Justice les mois derniers, un silence a régné. La prise de décision que la société libanaise attendait depuis longtemps, celle d'annuler l'article 522 du code pénal, a ému les Libanais et rendu l'espoir aux âmes. Rappelons que cet article disposait que le violeur pouvait s'exonérer de sa responsabilité, et...

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