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Liban - Association

Baba Afif à la rescousse des « Chiclets boys »

On estime à environ 120 millions le nombre des mineurs qui, dans le monde, ont pour lieu de vie la rue. Au Liban, où les petits réfugiés syriens sont venus renflouer les rangs des Chiclets boys, ces petits mendiants vendeurs de chewing-gums, il est vain de tenter d'établir des statistiques...

Le père Afif Osseirane. Photo d’archives


À travers le monde, la pauvreté et la maltraitance poussent des centaines d'enfants à vivre dans les rues. En outre, dans certains milieux, les enfants issus d'un premier lit dans une famille recomposée ne sont pas reconnus par le nouveau conjoint. Contraints de s'assumer eux-mêmes, ils survivent en bandes, dans un contexte difficile et brutal, n'ont souvent pas accès à une alimentation saine, chapardent pour se nourrir, se droguent aussi. Par manque d'hygiène, n'ayant pas accès à des installations sanitaires, ils sont exposés à différentes maladies. En plus, l'absence de perspectives d'avenir et de formation professionnelle entrave leurs chances de trouver un emploi et de quitter, un jour, la rue.
C'est pour redonner un cadre de vie décent à ces enfants jetés dans les rues que le père Afif Osseirane a créé, en 1964, une structure d'accueil : le Foyer de la Providence, à Fanar. Le centre, devenu en 1967 à la fois internat gratuit et école technique, est officiellement reconnu par l'État en vertu du décret 535AD.
Pour son jubilé, la fondation organise un dîner à la Résidence des Pins, le mercredi 5 juillet. La soirée sera animée par le Monday Blues Band.
Pour tous ces enfants logés au foyer, le père Osseirane était devenu « Baba Afif ». Un « papa » qui s'est fixé pour mission de les éduquer, de les instruire, de procéder à leur retour dans leurs espaces familiaux et de faciliter leur réinsertion dans la société en leur donnant une formation technique qui leur permettra de se forger un avenir honnête et décent : mécanique automobile, mécanique générale, électricité de bâtiment ou soudure avec obtention d'un diplôme d'État, le brevet professionnel sont au programme.

Une histoire qui défie les schémas classiques
Mais qui est le père Afif Osseirane ? Afif Osseirane est né en 1919 à Saïda dans une famille de notables chiites. Converti au christianisme suite à une expérience mystique, il prend l'engagement de se consacrer totalement et exclusivement « au Dieu de l'Évangile (...) ». Afif choisit l'Église catholique et demande le baptême dans le rite latin. Il part ensuite à Louvain, en 1945, où il obtient, quatre ans plus tard, un doctorat en philosophie et un autre en pensée musulmane. « Dès son retour, en 1949, à sa ville natale, il ouvre un dispensaire pour les enfants de la rue, les pauvres et les analphabètes, ainsi qu'un jardin d'enfants », raconte Jacques Keryell, membre de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts d'Angers, dans un ouvrage intitulé Afif Osseirane, un chemin de vie, paru en 2009 aux éditions du Cerf. « Il doit également subir les sarcasmes et les blasphèmes de ses proches. Ses parents refusent de le reconnaître comme l'un des leurs – une de ses tantes se couvrait le visage quand elle le rencontrait et un membre de sa famille propose même de le tuer par lapidation. Dans le milieu chrétien, les critiques et les méfiances auxquelles il est confronté ne sont pas plus agréables », dit-il. Mais son dévouement envers les pauvres, son obligeance et son humilité jouent en sa faveur. Il lui faut peu de temps pour se faire accepter de nouveau par sa famille et son entourage.
Après son décès en 1988, la Fondation Père Afif Osseirane, dirigée par un comité de bénévoles, poursuit son œuvre de charité, ajoutant à son calendrier dès 2004 la prise en charge des mineurs ayant des problèmes avec la justice, et ce depuis leur admission au centre pénitencier de Roumieh. Assurant la coordination entre l'administration pénitentiaire et les mineurs, la fondation s'emploie à satisfaire en urgence leurs besoins essentiels (hygiène, santé, nourriture, etc.), s'occupe de leur alphabétisation et de leur remise à niveau avec des groupes d'entraide, et leur assure un suivi psychologique individuel. Une réinsertion socioprofessionnelle des mineurs anciens détenus est également fournie.

À travers le monde, la pauvreté et la maltraitance poussent des centaines d'enfants à vivre dans les rues. En outre, dans certains milieux, les enfants issus d'un premier lit dans une famille recomposée ne sont pas reconnus par le nouveau conjoint. Contraints de s'assumer eux-mêmes, ils survivent en bandes, dans un contexte difficile et brutal, n'ont souvent pas accès à une alimentation...

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