Tapissées d'immondices. Repoussantes de saleté. C'est l'image que donnent désormais les rues du pays, depuis la capitale jusqu'aux coins les plus reculés de la belle montagne, en passant par les villes côtières, axes principaux compris. Mis à part quelques rares exceptions, où les municipalités font leur devoir à la perfection. C'est à se demander si le balayage et le nettoiement des rues n'ont pas été sciemment ignorés du règlement de la crise des déchets. Si règlement il y a...
À Furn el-Chebbak, le spectacle d'ordures envahissant les trottoirs est devenu ordinaire, jusqu'aux portes des boutiques parfois. Sous l'œil indifférent de piétons qui se contentent de les contourner, sans sourciller. La chaleur aidant, l'odeur est pestilentielle par endroits. Mouches et moustiques pullulent. Dieu seul sait ce qui se cache sous ces tas qui s'amoncellent tous les jours un peu plus. Et que personne ne fait l'effort d'enlever.
À Mkallès, point de balayage public non plus. Jonchant la chaussée et les bords de l'artère, les saletés volent et virevoltent à chaque passage de voiture. Des sacs poubelles venus de nulle part surgissent au beau milieu de la voie, au risque de causer des accidents mortels. Ils seront vite éventrés par les automobilistes, laissant la chaussée gluante de crasse. Chats et chiens errants s'en régaleront. Mais qui s'en soucie ?
À Zouk, le spectacle est le même, sur l'autoroute, sur les axes intérieurs et jusqu'à la route côtière. Papiers, bouteilles en plastique ou en verre, cannettes et autres saletés envahissent les limites de la route. Comme un encouragement aux passagers indisciplinés à jeter leur poubelle par la fenêtre de leur véhicule. À ces déchets viennent s'ajouter des blocs de plastique orange en miettes, malmenés par les automobilistes, initialement disposés par la police routière pour décourager les resquilleurs. Nul n'a jamais pensé à les ramasser.
Ces images dégoûtantes à en vomir, parmi tant d'autres, ne rappellent que trop la funeste période de la guerre civile où les immondices régnaient en maîtres absolus dans tout le pays, jusque dans les quartiers résidentiels les plus huppés. Qui est en charge du balayage et du nettoiement des rues depuis que Sukleen est devenue persona non grata ? On en vient à regretter l'époque où ses balayeurs de rue, revêtus de leurs combinaisons vertes, armés de leur matériel, ratissaient au peigne fin même les ruelles les plus reculées. Sans parler de ses camions-brosses qui sillonnaient les grands axes nuit et jour. Les quartiers étaient propres et sentaient bon la rose.
Cette période de transition supposée ne présage rien de bon. La relève n'est toujours pas assurée. Ni par la moindre entreprise privée ni par les municipalités, livrées à elles-mêmes, peu disposées à jouer les éboueurs. Comme toujours, c'est le citoyen qui trinque et qui risque de payer de sa santé le prix de ce je-m'en-foutisme étatique.
commentaires (8)
Balayer qui ??? les detritus dans les sacs en plastique ou les 128 détritus qui singent au parlement ?
Tabet Karim
15 h 44, le 29 juin 2017