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Liban - Décryptage

Les campagnes électorales en panne de slogans mobilisateurs

Depuis l'adoption d'une nouvelle loi électorale, le climat politique a nettement changé dans le pays. Les tiraillements qui avaient précédé la naissance de cette loi sont oubliés et chaque partie se concentre actuellement sur les élections, l'état d'esprit des électeurs et les meilleurs moyens de les mobiliser, sans toutefois mettre en danger la fragile stabilité interne du pays. En dépit des divergences, voire des rivalités profondes, entre les différentes parties, il y a visiblement un consensus aujourd'hui sur la nécessité de ne pas dépasser des lignes rouges confessionnelles. Et c'est là une grande différence avec la campagne électorale de 2005 et surtout celle de 2009, au cours desquelles les discours extrémistes étaient légion, au risque de fragiliser l'unité nationale. On se souvient ainsi des fameux slogans du genre « pas de proportionnelle à l'ombre des armes du Hezbollah » et autres affirmations du même genre qui cachaient en fait deux éléments : d'abord une volonté d'utiliser le rejet du Hezbollah comme facteur de mobilisation des électeurs, ensuite un pari déclaré sur des changements régionaux qui permettraient d'affaiblir le Hezbollah et de renforcer le camp régional qui lui est hostile.

Aujourd'hui, tous les paris régionaux ont montré leurs limites et la situation en Syrie s'est renversée en faveur du Hezbollah et de l'axe dit de la résistance. Au point que les avertissements musclés des États-Unis (deux raids aériens et le lancement d'un missile sur un avion syrien) n'ont pas réussi à dissuader l'armée syrienne d'avancer en direction de la frontière irakienne, faisant ainsi désormais la jonction entre les deux pays dans au moins deux points stratégiques. La guerre en Syrie est certes loin d'être terminée, mais le rapport des forces sur le terrain a visiblement basculé en faveur du régime syrien et de ses alliés. C'est pourquoi ce dossier ne peut plus être utilisé pour mobiliser les électeurs, sachant qu'après six ans de guerre en Syrie et l'afflux de plus d'un million et demi de déplacés syriens, installés dans toutes les régions du pays, les Libanais ne sont plus réceptifs aux slogans en faveur de l'opposition syrienne.

Il va donc falloir trouver d'autres thèmes pour mobiliser les électeurs et c'est là un véritable problème pour toutes les composantes politiques libanaises, les deux formations chiites Amal et le Hezbollah exceptées, car elles n'ont jamais changé leur approche stratégique des dossiers régionaux. De plus, le conflit entre l'Arabie saoudite et le Qatar qui a éclaté il y a une dizaine de jours crée de nouvelles dissensions au sein de la rue sunnite qui l'empêche de se mobiliser en faveur d'une cause unique. Aujourd'hui, la question qui se pose aux différentes parties politiques est la suivante : comment mener des élections sans avoir recours aux slogans confessionnels et à la tactique habituelle de faire peur aux électeurs pour ensuite se présenter comme leurs seuls protecteurs ?

Certes, les élections législatives doivent en principe avoir lieu dans onze mois, ce qui, dans le contexte actuel, est une durée assez longue au cours de laquelle de nombreux changements pourraient se produire. Il n'en reste pas moins que le paysage politique interne est actuellement plus calme, ce qui ne facilite pas la mobilisation de l'électorat. Pour la société civile, les slogans sont tout trouvés : lutte contre la corruption, volonté de changement et adoption du concept de la citoyenneté. Mais il faut plus de onze mois pour lutter contre des années de confessionnalisme outrancier et d'édification de barrières entre les Libanais.

C'est dans ce contexte préélectoral que le chef de l'État Michel Aoun a lancé ses invitations aux chefs des partis politiques participant au gouvernement pour une réunion à Baabda. Le président Aoun ne veut pas que les onze mois qui séparent le Liban du rendez-vous électoral soient uniquement consacrés à la mobilisation des électeurs et à la préparation des élections au niveau des alliances et de la formation des listes. Le Liban a pendant trop longtemps vécu dans la précarité sous prétexte des différentes menaces qui pesaient sur lui.

Désormais, le temps est venu d'agir, de relancer les institutions, à travers l'adoption de la loi sur le budget, ainsi que des trains de nominations administratives, diplomatiques et judiciaires après des années de vacances dans les fonctions, faute d'entente entre les parties politiques. Le projet du président Aoun est de redonner leur rôle aux institutions pour assurer une stabilité sociale et institutionnelle qui devrait profiter à tous les Libanais. C'est en même temps un message d'espoir qu'il adresse aux Libanais, en les rassurant sur la situation sécuritaire à travers le travail efficace des différents services et en faisant en sorte que le Liban soit enfin doté d'un État comme les autres qui fonctionne relativement normalement, au lieu de vaciller à chaque conflit politique. Si son projet portait ses fruits au cours des prochains onze mois, cela ne pourrait que servir les parties politiques dans leurs campagnes électorales. Mais il faudrait pour cela qu'elles apprennent à évoluer dans un climat apaisé...

Depuis l'adoption d'une nouvelle loi électorale, le climat politique a nettement changé dans le pays. Les tiraillements qui avaient précédé la naissance de cette loi sont oubliés et chaque partie se concentre actuellement sur les élections, l'état d'esprit des électeurs et les meilleurs moyens de les mobiliser, sans toutefois mettre en danger la fragile stabilité interne du pays. En...

commentaires (3)

DDSS - Different Data - Same Shit! C'est ca la nouvelle loi electorale!

IMB a SPO

14 h 13, le 21 juin 2017

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Commentaires (3)

  • DDSS - Different Data - Same Shit! C'est ca la nouvelle loi electorale!

    IMB a SPO

    14 h 13, le 21 juin 2017

  • DU BARATIN HABITUEL ! CETTE LOI ELECTORALE DITE PROPORTIONNELLE SUR 15 CIRCONSCRIPTIONS N,A DE PROPORTIONNEL QUE LE NOM... ELNA... MA GHAYAR ABOU AYOUB LA ENNOU LEBESS TYEBOU BIL MA2LOUB !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! MEME CAVERNE... MEMES CHEPTELS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 52, le 21 juin 2017

  • atmosphere sereine, apaisee . Grace a Dieu et a un autre FAIT : apres tant de gesticulations, TOUS ont finalement baisse les armes, TOUS se sont mis a l;evidence : Ce que le hezbollah veut, Dieu veut. inutile donc de poursuivre leurs recriminations, critiques et autres attaques verbales contre lui, celles de mr geagea passent dorenavant pour des pets dans l'eau.

    Gaby SIOUFI

    09 h 48, le 21 juin 2017

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