Novak Djokovic ne détient plus rien : au sommet il y a un an, le Serbe a perdu son dernier titre du grand chelem, hier, à Roland-Garros (7-6, 6-3, 6-0) contre le jeune Autrichien Dominic Thiem, qui défiera Rafael Nadal demain en demi-finales. L'Espagnol, en quête d'un 10e titre sur la terre battue parisienne, n'est resté que 51 minutes sur le court, jusqu'à l'abandon au début du 2e set (6-2, 2-0) de son compatriote Pablo Carreño, touché aux abdominaux. Une économie d'énergie appréciable avant d'affronter le seul joueur qui l'a battu cette saison sur terre battue, il y a trois semaines à Rome.
Fin 2015 et début 2016, Djokovic avait raflé à la suite Wimbledon, l'US Open, l'Open d'Australie et Roland-Garros, une prouesse inédite depuis Rod Laver (la même année, en 1969). Mais son succès à Paris, son 12e en grand chelem, était aussi le point culminant de sa trajectoire, avant une inexorable chute que l'arrivée récente d'Andre Agassi comme mentor n'a pas enrayée. Touché par une crise de motivation, Djokovic (30 ans) a rendu toutes ses couronnes, et, avec elles, son trône de n° 1 mondial. La défaite contre Thiem est le bas de la descente et l'atterrissage a été violent : le Serbe n'avait pas perdu en trois sets dans un tournoi majeur depuis quatre ans, et n'avait pas encaissé un 6-0 en grand chelem depuis 2005.

Une pause
Après cet échec, qui pourrait le faire reculer jusqu'à la 4e place mondiale, en fonction des résultats de Stan Wawrinka (3e) et de Nadal (4e), Djoko n'exclut plus de faire une pause. « J'ai beaucoup réfléchi ces derniers temps. C'est à moi de savoir ce qui est le mieux pour moi. Il y a eu beaucoup de changements dans mon équipe. Ce n'est pas évident de prendre ce genre de décision », a-t-il dit, assurant qu'il « adorait » encore le tennis. Dans le jeu, il n'a tenu la comparaison avec son rival, âgé de 23 ans, que pendant la 1re manche, où il a même eu deux balles de set à 5-4. Dans les deux autres, il a été complètement débordé en puissance, surtout par le coup droit de Thiem, l'un des meilleurs du monde avec celui de Nadal. Le choc de demain s'annonce musclé.
Dans la quête de son 10e titre, le match contre Thiem, la 25e demi-finale de Nadal en grand chelem, sera la première heure de vérité. On ne peut pas parler de finale avant la lettre, puisque l'autre affiche opposera le joueur suisse Stan Wawrinka (vainqueur en 2015) au n° 1 mondial écossais Andy Murray (finaliste sortant). Certes, lorsque Nadal a perdu contre Thiem en quarts de finale à Rome, il était un peu au bout du rouleau après avoir gagné à la suite les tournois de Monte-Carlo, de Barcelone et de Madrid, les deux derniers en battant l'Autrichien en finale. Mais ce joueur pose problème à Nadal depuis longtemps déjà : Thiem l'avait battu une première fois en 2016, à Buenos Aires.
En outre, Wawrinka s'est qualifié pour les demi-finales en battant le joueur croate Marin Cilic en trois sets (6-3, 6-3, 6-1). Quant à Murray, il a dominé le joueur japonais Kei Nishikori (9e) en quatre sets (2-6, 6-1, 7-6 (7/0), 6-1). Le Britannique et le Suisse s'étaient affrontés à ce niveau de la compétition, l'an passé, et Murray s'était imposé en quatre manches (6-4, 6-2, 4-6, 6-2).

Un boulevard pour Halep
Chez les dames, la joueuse roumaine Simona Halep (25 ans) semble avoir un boulevard devant elle pour aller chercher, à Roland-Garros, son premier titre du grand chelem, après avoir écarté en quarts de finale sa rivale la plus dangereuse, la joueuse ukrainienne Elina Svitolina. La joueuse tchèque Karolina Pliskova, son adversaire en demi-finales aujourd'hui, puis la joueuse suisse Timea Bacsinszky ou la jeune Lettonne Jelena Ostapenko, qui se seront disputées auparavant le premier billet pour la finale, auront du mal à l'empêcher de soulever la Coupe Suzanne-Lenglen.
Facile en début de tournoi (aucun set perdu en 4 matches), malgré quelques élancements persistants, Halep a franchi l'obstacle Svitolina en puisant dans ses réserves mentales. Menée 6-3, 5-1, elle a sauvé une balle de match dans le tie-break du 2e set avant de faire craquer Svitolina (6-0). Ce choc entre les 4e et 6e mondiales faisait figure de finale avant la lettre. La combativité de Halep et ses qualités à la course devraient aussi faire souffrir Pliskova, plus grande de 17 cm et aussi moins mobile. Finaliste en 2014 contre Maria Sharapova, Halep aime plus la terre battue que Pliskova (n° 3), qui n'avait jamais dépassé le 2e tour à Paris avant cette année. Ne pouvant espérer que Halep commette autant de fautes que la joueuse française Caroline Garcia, qu'elle a battue hier, Pliskova, grande serveuse, devra prendre des risques dans une affiche attrayante par l'opposition des styles.
La 2e demi-finale, coïncidence extraordinaire, tombe le jour même de l'anniversaire des deux adversaires : 20 ans pour Ostapenko et 28 ans pour Bacsinszky. Ce sera à qui saura saisir l'occasion rare qui se présente : atteindre une finale de grand chelem sans avoir croisé aucune joueuse du top 8. Dans un tableau favorable, les deux joueuses ont quand même remporté de bonnes victoires : contre Venus Williams (11e) et Kristina Mladenovic (14e) pour la Suissesse (31e), contre Caroline Wozniacki (12e) pour la Lettone (47e). Ostapenko et Bacsinszky souffleront donc leurs bougies sur le court, mais laquelle aura le plus beau cadeau ?
Source : AFP