Rechercher
Rechercher

Culture - Beirut Spring Festival

Issam Bou Khaled explore l’orbite du suicidaire

L'audacieux metteur en scène s'attaque dans « Carnivorous » à un sujet d'une explosive actualité.

Sur scène, avec Bernadette Houdeib et Saïd Serhan.

Issam Bou Khaled préfère « faire l'acteur », mais endosse régulièrement la panoplie de l'auteur-metteur en scène. « Par besoin de réagir » à des situations, des idées, des réflexes qu'il juge absurdes ou dangereux. À commencer par la guerre et ses dérivés : la haine, la violence, l'intolérance... Cette animosité profonde qui gangrène nos sociétés. Et qui, soigneusement calfeutrée sous une entente cordiale de surface, éclate à la faveur d'un événement. D'une explosion, par exemple. Une attaque terroriste, tiens ! Comme il s'en produit partout et de plus en plus de par le monde. À Bagdad, Paris, Beyrouth, Manchester ou Londres... Un kamikaze qui se fait exploser et qui sème la mort et la désolation autour de lui. Voici justement le thème de son dernier coup de gueule intitulé Carnivorous. Sa toute dernière pièce coécrite et interprétée avec sa bande rapprochée de comédiens, à savoir Saïd Serhan et Bernadette Houdeib ainsi que Sarmad Louis (qui l'a épaulé pour la direction d'acteurs et en a également signé la lumière), et produite par le Beirut Spring Festival qui la présente ce soir en première (et en accès libre) au théâtre Tournesol, à 21h.

À thème explosif, approche explosive
« Le synopsis est très simple, annonce d'emblée Issam Bou Khaled. Il s'agit d'une histoire de « routine heureuse » d'un couple ordinaire dont la vie va être chamboulée par un attentat terroriste. Sauf qu'à aucun moment la pièce ne s'attarde sur l'attentat mais revient plutôt sur ses répercussions, en particulier les réactions que ce choc va provoquer chez les gens. Cette pièce est elle-même une réaction à une situation que nous subissons depuis quelques années », signale-t-il.

« Cette escalade des agissements barbares – qui d'actes isolés, sinon exceptionnels, sont devenus quasi ordinaires – m'a amené à réfléchir sur l'insidieuse intégration de la sauvagerie dans nos sociétés et nos mentalités. La violence engendre la violence. Il suffit de lire certains commentaires postés sur Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux pour constater qu'ils sont parfois encore plus féroces et cruels que l'acte lui-même. Ils pourraient être plus dévastateurs par cet esprit haineux, communautariste et intégriste qui s'en dégage... Et puis qu'en est-il de l'impact de ces attentats sur les proches, la famille, les parents du terroriste suicidaire. Comment réagissent-ils à l'horreur? Quels sont leurs sentiments profonds ? Malaise, honte, culpabilité ou encore fierté ? Comment cette tragédie les touche, eux aussi ? » interroge l'auteur-metteur en scène et comédien.

Fidèle à son franc-parler, à son audacieuse manière de traiter des sujets sensibles, Issam Bou Khaled n'hésite donc pas dans Carnivorous à pointer du doigt ces aspects « collatéraux », rarement évoqués, des attentats-suicides.

Quel message voudrait-il transmettre ? « Je ne livre pas de message. J'exprime juste des interrogations et des constations – qui peuvent sembler choquantes pour certains – mais qui me taraudent à chaque fois.»
Sinon, il s'agit d'une « comédie légère... qui se transforme rapidement en comédie noire », assure le metteur en scène pour qui « faire du théâtre est une forme de suicide. Mais le plus plaisant dans ce domaine, c'est qu'on peut se suicider plus d'une fois ». On l'aura compris : l'humour noir est la marque de fabrique de Issam Bou Khaled. Avis aux amateurs...

 

Théâtre Tournesol
Rond-point Tayyouné. Ce soir, à 21h. Entrée libre.

 

Exorciser la violence
Homme des planches, mais aussi des plateaux (il a notamment joué dans Falafel, Le temps de la balle et Un homme perdu), Issam Bou Khaled fait partie de la génération de la guerre. C'est pourquoi son théâtre est engagé dans un travail d'exorcisme de cette violence qui a frappé notre société et des démons qui œuvrent à la diviser. Entre 1999 et 2009, il a signé une trilogie autour de ces thèmes : Archipel, Maarch et Banafsaj.

 

 

Pour mémoire

À la gloire d'un théâtre pur et simple

Issam Bou Khaled préfère « faire l'acteur », mais endosse régulièrement la panoplie de l'auteur-metteur en scène. « Par besoin de réagir » à des situations, des idées, des réflexes qu'il juge absurdes ou dangereux. À commencer par la guerre et ses dérivés : la haine, la violence, l'intolérance... Cette animosité profonde qui gangrène nos sociétés. Et qui, soigneusement...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut