L’enquête se poursuivait hier sur la scène de l’attaque dans le quartier branché de Borough Market. Neil Hall/Reuters
Douze personnes ont été arrêtées hier à Londres où la police était sur les dents, au lendemain de l'attentat attribué par les autorités à « l'extrémisme islamiste » qui a fait sept morts dans le centre de la capitale à cinq jours des élections législatives. Voiture folle lancée contre la foule et assaillants qui poignardent au hasard les passants, ce nouvel attentat, le troisième en moins de trois mois au Royaume-Uni, a fait aussi des dizaines de blessés samedi soir.
« C'est pour Allah »
Le drame a éclaté vers 22h00 heure locale samedi, quand venait de s'achever la finale de la Ligue des champions de football, qu'un public nombreux était venu regarder dans les pubs de Borough Market, quartier branché de la rive sud de la Tamise. Les assaillants ont tout d'abord foncé dans la foule sur le London Bridge à bord d'une camionnette blanche. « Ils ont renversé des tas de gens », a témoigné Chris, un chauffeur de taxi, à la radio LBC. « Ensuite, trois hommes en sont sortis armés de lames assez longues » et « ont poignardé des gens au hasard » dans le quartier voisin de Borough Market. Ils portaient de faux gilets explosifs pour accentuer la panique. Plusieurs témoins ont déclaré avoir entendu les assaillants hurler : « C'est pour Allah. »
Malgré l'intervention rapide de la police, qui a abattu les trois hommes huit minutes après avoir été alertée, le bilan est lourd : sept morts et une cinquantaine de blessés. Quelque 36 personnes restaient hospitalisées hier après-midi, dont 21 dans un état « critique », d'après le service de santé NHS. Les tirs nourris de la police, plus de cinquante, ont aussi blessé un passant, a précisé Scotland Yard.
Stations de métro et rue fermées, fêtards enfermés dans les bars et les restaurants, voitures de police passant toutes sirènes hurlantes : les quartiers visés sont passés de la fête au cauchemar en quelques minutes.
Parmi les personnes tuées figurent un Canadien, un Français, tandis que sept autres ont été blessées, ainsi que deux Allemands, un Australien et un Espagnol.
Arrestations
Des perquisitions ont été effectuées à Barking, une banlieue multiethnique de l'est de la capitale britannique, où la police a arrêté 12 personnes. D'après Sky News, la police, lourdement armée, a perquisitionné le domicile d'un des trois auteurs de l'attaque. Cet assaillant était avec deux complices dans la camionnette qui a foncé sur la foule sur le London Bridge samedi soir. Les trois hommes ont été peu après abattus par la police tandis qu'ils lacéraient de coups de couteau les passants et les fêtards du quartier. La police a renforcé sa présence dans tous les lieux publics hier.
L'attentat n'a pas été revendiqué, mais la Première ministre Theresa May l'a lié à « l'idéologie malfaisante de l'extrémisme islamiste », dans une courte déclaration devant le 10, Downing Street, peu après une réunion de crise. Mme May a souligné que le pays faisait désormais face à « une nouvelle forme de menace » terroriste où les attaquants « se copient les uns les autres », sans que les récentes attaques soient liées les unes aux autres, selon elle. Battre l'idéologie islamiste « est l'un des grands défis de notre temps », a-t-elle relevé, estimant que la réponse ne pouvait pas être seulement les opérations antiterroristes permanentes, mais devait aussi se jouer sur le terrain des idées et sur l'internet « pour éviter la propagation de l'extrémisme et des opérations terroristes ». Elle a annoncé le maintien des élections législatives prévues pour jeudi, qui doivent renouveler la Chambre des communes de Westminster, et la reprise de la campagne aujourd'hui, après une journée de suspension.
Khan vs Trump
Les condamnations se sont multipliées hier, le maire de Londres Sadiq Khan évoquant des « actes barbares ». Le président Donald Trump a offert « le soutien total » des États-Unis dans un entretien téléphonique avec Theresa May. Dans un tweet, il a néanmoins aussi accusé Sadiq Khan, de confession musulmane, de ne pas prendre au sérieux la menace terroriste. Le président français Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel ont fait part de leur solidarité tandis que le président russe Vladimir Poutine a appelé à « une intensification des efforts communs dans la lutte contre les forces de la terreur ».
Londres avait été frappée par un autre attentat fin mars à Westminster, déjà commis à l'aide d'une voiture et d'un couteau. Puis, le 22 mai à Manchester (nord de l'Angleterre), 22 personnes sont mortes dans un attentat-suicide à la sortie d'un concert de l'Américaine Ariana Grande. Ces deux attentats ont été revendiqués par l'organisation jihadiste État islamique, contre laquelle le Royaume-Uni a effectué ces dernières années des raids aériens en Irak et en Syrie.
Source : AFP