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Liban - Santé publique

L’absence de volonté politique, principal obstacle au Liban à la lutte antitabac

Une hausse du prix du paquet de cigarettes de 140 % pourrait assurer au Trésor des rentrées à hauteur de 200 milliards de livres.

Des enfants fumant le narguilé. Jamal Saidi/Reuters

Près de cinq ans après l'entrée en vigueur de la loi 174 de lutte antitabac, le 3 septembre 2012, son application fait défaut. Il suffit de faire un tour dans les restaurants – notamment ceux qui proposent cuisine libanaise et narguilé –, les cafés et les pubs pour le constater. Ces endroits sont enfumés à longueur de journée et de nuit.

« La loi n'a été appliquée que les trois premiers mois qui ont suivi son entrée en vigueur », déplore Rania Baroud, vice-présidente de l'ONG Tobacco Free Initiative (TFI), interrogée par L'Orient-Le Jour. « Son application était telle que l'Organisation mondiale de la santé avait à l'époque adressé une lettre aux autorités libanaises qualifiant la mise en œuvre de la loi de réalisation historique », poursuit-elle, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte antitabac, célébrée le 31 mai.

C'est durant la période des fêtes 2012-2013 que les choses ont échappé à tout contrôle. À l'époque, les ministres de l'Intérieur et du Tourisme avaient, dans une interview télévisée, encouragé de manière indirecte l'infraction de la législation, rappelle la militante. « Après les fêtes, les tentatives menées pour relancer son application ont été vaines, poursuit-elle. Elles le sont toujours. »

Pour la jeune femme, la raison principale à cet échec reste « l'absence d'une volonté politique dans ce sens ». « L'actuel ministre du Tourisme, à qui revient, aux côtés des ministres de l'Intérieur, de la Santé et de l'Économie, la mise en œuvre de la loi, a lui-même enfreint la législation en public devant des millions de téléspectateurs », s'indigne-t-elle. Rania Baroud fait référence à une émission télévisée diffusée en direct il y a plusieurs semaines au cours de laquelle Avédis Guidanian avait, à l'invitation de son hôtesse, fumé le narguilé sur le plateau de télévision. « Le ministre de l'Intérieur refuse d'entendre parler de la loi, ajoute-t-elle. Quant au ministre de la Santé, il a promis d'œuvrer pour relancer son application. »
À ce jour, précise Rania Baroud, quelque 8 000 procès-verbaux ont été émis à l'encontre des contrevenants. « Ceux-ci sont toujours dans les tribunaux qui tardent à émettre leur verdict, souligne-t-elle. Or s'ils sont émis, une rentrée de plusieurs millions de dollars peut être assurée au Trésor. »

 

(Lire aussi : Ces pays qui ont réussi à dissuader les gens de fumer)

 

 

Selon TFI, la campagne nationale pour contrôler l'application de la loi 174 et l'équipe de recherche pour la lutte antitabac à l'Université américaine de Beyrouth (AUB), une augmentation du prix du paquet de cigarettes de 140 % (le paquet serait alors vendu à 4 000 LL) pourrait aider à baisser le taux du tabagisme de 20 %, « comme le montrent de nombreuses études ». Cela est d'autant plus important qu'au Liban, plus de 3 500 décès sont enregistrés annuellement des suites de maladies causées par le tabagisme. Ces maladies coûtent à l'État quelque 525 milliards de livres annuellement.

De plus, une telle hausse du prix pourrait assurer au Trésor des rentrées d'au moins 200 milliards de livres, comme le souligne une étude menée par l'équipe de recherches de l'AUB, « qui a d'ailleurs été adoptée il y a trois ans par la commission parlementaire des Finances et du Budget », avance Rania Baroud. « Or, le prix du paquet n'a été augmenté que de 250 LL », martèle-t-elle.

Rania Baroud conclut en assurant que la société civile ne baissera pas les bras et qu'elle multipliera les campagnes pour parvenir à une application complète de la loi.

 

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Près de cinq ans après l'entrée en vigueur de la loi 174 de lutte antitabac, le 3 septembre 2012, son application fait défaut. Il suffit de faire un tour dans les restaurants – notamment ceux qui proposent cuisine libanaise et narguilé –, les cafés et les pubs pour le constater. Ces endroits sont enfumés à longueur de journée et de nuit.
« La loi n'a été appliquée que les trois...

commentaires (3)

Choquant de voir nos enfants ainsi libres de fumer sans rien faire . Triste .

Antoine Sabbagha

21 h 21, le 31 mai 2017

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Commentaires (3)

  • Choquant de voir nos enfants ainsi libres de fumer sans rien faire . Triste .

    Antoine Sabbagha

    21 h 21, le 31 mai 2017

  • IL EST REGRETTABLE DE VOIR DES GAMINS DE CES AGES FUMER LA NARGHILE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 24, le 31 mai 2017

  • Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le Chinois fume 206 paquets de cigarettes par an, le Biélorusse 192 et le Libanais et Libanaise, en troisième position, 151 paquets par an sans compter les narguilés plus nocives !

    Un Libanais

    14 h 37, le 31 mai 2017

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