L’homme d’affaires, Chafik Jarraya, a été arrêté dans le cadre de l’opération « Mains propres ». Photo prise le 6 décembre 2015. Fethi Belaid/AFP
Plusieurs hommes d'affaires soupçonnés de corruption ont été arrêtés en Tunisie, un coup de filet largement salué qui fait espérer à beaucoup une opération « Mains propres », six ans après la chute de la dictature. Si la révolution de 2011 a en grande partie été motivée par le népotisme du régime de Zine el-Abidine Ben Ali, la corruption reste un fléau au point d'être devenue « endémique » de l'aveu même de responsables. Elle est perçue comme un puissant frein à la relance économique de l'unique rescapé du printemps arabe.
C'est en vertu de l'état d'urgence en vigueur depuis un an et demi que trois hommes d'affaires et un responsable douanier ont été placés mardi soir en résidence surveillée pour être interrogés dans le plus grand secret, a indiqué un haut responsable sous le couvert de l'anonymat. Le richissime Chafik Jarraya, l'ex-candidat à la présidence Yassine Chennoufi, l'homme d'affaires Néjib Ben Ismaïl et un gradé de la douane, Ridha Ayari, « sont impliqués dans des affaires de corruption et soupçonnés de complot contre la sûreté de l'État par leur incitation et le financement présumé de mouvements de protestation à al-Kamour et dans d'autres régions », a précisé la même source.
Ces arrestations interviennent alors que le site désertique d'al-Kamour, dans la région de Tataouine, est le théâtre depuis plusieurs semaines d'un sit-in qui a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. Lundi, un jeune manifestant est mort écrasé « accidentellement » selon les autorités par un véhicule de la gendarmerie, ce qui a provoqué une flambée de violences. Le nouveau gouverneur de Tataouine, Mohammad Ali Barhoumi, nommé fin avril par les autorités, a par ailleurs annoncé hier qu'il renonçait à son poste pour « raisons personnelles », en pleine période de troubles sociaux dans cette région du sud de la Tunisie. « J'ai présenté tout à l'heure ma démission à M. le chef du gouvernement (Youssef Chahed) en tant que gouverneur de Tataouine pour des raisons strictement personnelles », a écrit M. Barhoumi sur sa page Facebook. Cette information a été confirmée à l'AFP par une source officielle ayant requis l'anonymat. Le nom de son successeur n'est pas encore connu.
Source : AFP