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Culture - À l’affiche

« Alien Covenant » : dans l’espace, personne ne vous entendra dormir

En 2017, à presque 80 ans et 24 films réalisés, Ridley Scott peine à démontrer qu'il était le plus capable de redynamiser une série qu'il avait mise en mode sommeil avec « Prometheus ».

La créature ne fait plus peur. Photo AFP

Alien le 8e passager est sorti en 1979, il y a 38 ans. Ridley Scott réalisait alors son deuxième long métrage après Les Duellistes et connaissait son premier succès commercial, qu'il ne battra qu'en 2000 avec Gladiator. Les 4 premiers volets avaient été réalisés par Scott, James Cameron, David Fincher puis Jean Pierre Jeunet. Sorties entre 1979 et 1997 avec pour dernier volet celui de Jeunet, ces œuvres font toutes partie du panthéon des films de science-fiction, présentant à chaque fois une personnalité propre et une évolution différente de la bête, tout en proposant des univers personnels très marqués et un respect du cahier des charges. Les quatre films se suivaient dans le temps et offraient à chaque fois à Sigourney Weaver, l'héroïne originale et récurrente de la saga, un rôle différent. Weaver ne pouvait pas faire partie de Prometheus car l'action se déroulait avant sa naissance, le film faisant office de genèse de l'Alien. Extrêmement bien produit, gros succès au box-office avec plus de 400 millions de dollars de recettes, Prometheus avait néanmoins déçu les fans de la série car l'apparition du « xénomorphe » était tardive et l'action se perdait dans des méandres philosophiques sur la création. Alien Covenant fait donc office de trait d'union officiel entre ce dernier, dont il est la suite, et la saga Alien dont il fait officiellement partie.

Alimenter le mythe
D'une saga féminine dans laquelle une femme combat une créature femelle, le film évolue vers un univers plus masculin dans lequel Michael Fassbender joue un rôle central. Alors que les 4 films faisaient véritablement peur et réussissaient à surprendre et faire sursauter le spectateur, ce volet n'arrive jamais à faire décoller le suspense, à distiller la peur et à créer un crescendo de l'horreur. Très graphique, à la limite gore, il ne propose rien de nouveau, avec des personnages d'une bêtise effarante quand on sait que ce sont des humains sélectionnés pour aller coloniser une planète. Entre jets de mégots sur une planète tout juste découverte et insistance à systématiquement prendre les décisions qu'il ne faut pas, le scénario paraît bien bâclé malgré ses ambitions philosophiques. Délaissant les décors technologiques et claustrophobes ainsi que les effets spéciaux sonores efficaces, le film ne crée pas d'atmosphère étouffante et offre même un combat de kung-fu totalement superflu. Cédant à la mode des blockbusters, Scott multiplie les méchants, bêtifie son script et oublie que le spectateur de 2017 est beaucoup plus difficile que celui de 1979, au regard encore vierge. Le mieux est ici l'ennemi du bien, et un peu de simplicité et d'intelligence auraient fait ce bien au film. Ce sont d'ailleurs ces deux éléments qui avaient fait de Seul sur Mars le plus gros succès de Scott. L'histoire était inventée de toutes pièces, mais le spectateur se prenait au jeu et y croyait. Ici, la suspension volontaire de crédulité, concept central des films de science-fiction ou de superhéros, est mise à mal par la paresse des scénaristes et le manque de créativité de Scott. Le film aura très certainement du succès parce que les services marketing sont toujours très forts et qu'il bénéficiera du creux du calendrier et de la curiosité qui fait vivre la saga depuis longtemps. Alien est pourtant une franchise qui a toujours eu un côté « arty » et adulte, tout en bénéficiant des succès commerciaux nécessaires pour continuer à vivre, ainsi que de vies en vidéo très bien gérées avec des ressorties en version longues puis remastérisées. Pour relancer la saga, il faut un réalisateur évidemment plus jeune, à l'univers fort, avec une volonté de bousculer et de nourrir le mythe. Un artiste comme Denis Villeneuve aurait été idéal, mais il réalise actuellement la suite de Blade Runner, autre film culte de Scott. Qui sait, peut-être plus tard ?

Alien le 8e passager est sorti en 1979, il y a 38 ans. Ridley Scott réalisait alors son deuxième long métrage après Les Duellistes et connaissait son premier succès commercial, qu'il ne battra qu'en 2000 avec Gladiator. Les 4 premiers volets avaient été réalisés par Scott, James Cameron, David Fincher puis Jean Pierre Jeunet. Sorties entre 1979 et 1997 avec pour dernier volet celui de...
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