Macédoine: le président charge l'opposition de former le gouvernement

Le président macédonien de droite, Gjorge Ivanov, a annoncé à la presse qu'il chargeait mercredi le chef de l'opposition de gauche, Zoran Zaev, de former avec les partis albanais un gouvernement de coalition pour sortir le pays de l'impasse politique dans laquelle il est plongé depuis deux ans.

Le président Ivanov, qui refusait jusqu'à présent de laisser Zoran Zaev former un gouvernement, estimant qu'un cabinet du SDSM et des partis albanais porterait atteinte à l'unité nationale de la Macédoine, a changé de position après avoir reçu des mains de M. Zaev des garanties écrites sur la souveraineté du pays.

Zoran Zaev et son SDSM, forts du soutien des partis albanais, disposent d'une majorité au Parlement (67 députés sur 120).
"Au nom de la majorité au Parlement, nous garantissons la protection de l'unité, de la souveraineté et l'intégrité territoriale, l'indépendance et le caractère multi-ethnique de la Macédoine", a déclaré M. Zaev à la presse, résumant la teneur de ces garanties.
"Aucun document, plateforme, déclaration ou agissement ne seront contraires à ces positions", a ajouté M. Zaev.

Auparavant, M. Ivanov lui a "officiellement accordé le mandat" pour former le gouvernement "en accord avec la loi et la Constitution".

Au pouvoir depuis 2006, le parti VMRO-DPMNE (droite) était arrivé d'extrême justesse en tête des législatives anticipées du 11 décembre, avec 51 sièges, contre 49 au SDSM, une majorité insuffisante pour gouverner seul.
Le leader de cette formation, Nikola Gruevski, n'étant pas parvenu à convaincre son ancien partenaire de coalition, le DUI albanais, de former un nouveau gouvernement, le VMRO-DPMNE passe donc dans l'opposition.

Les sympathisants de droite manifestaient quotidiennement depuis des semaines à Skopje contre la formation d'un gouvernement SDSM-partis albanais qui menacerait, selon eux, l'existence même de la Macédoine.
Ils rejettent notamment la demande d'octroi à l'albanais du statut de langue officielle sur l'ensemble du territoire, première étape, selon eux, d'un démembrement du pays.

Le 27 avril, alors que le SDSM et les partis albanais venaient d'élire un nouveau président du Parlement, l'albanais Talat Xhaferi, une centaine de manifestants avaient fait irruption dans le Parlement. Des députés avaient été battus, dont Zoran Zaev. Cette attaque avait suscité de vives critiques de la communauté internationale.

La Macédoine est depuis deux ans dans une impasse politique, née de la publication d'écoutes illégales révélant des faits de corruption impliquant les plus hautes sphères du pouvoir du VMRO-DPME.
La minorité albanaise constitue 20 à 25% des 2,1 millions d'habitants de la Macédoine, pays majoritairement slave et orthodoxe.