Voyage astral et gémellité artistique

Entre la brune Noor Farès et la blonde Eugénie Niarchos, la complémentarité artistique est irriguée par une sororité quasi fusionnelle. Ces deux héritières, it girls pour la presse people, sont de fines créatrices qu'il serait injuste de réduire à des filles à papa. Elles se sont connues sur les bancs du même collège parisien, empruntant par la suite des parcours jumeaux qui les conduisent de Londres à New York et retour.

Si leur passion commune pour les gemmes et bijoux prend source dans leur fascination enfantine pour des mères et grands-mères à l'élégance légendaire, c'est dans leur propre quête spirituelle qu'elle se prolonge, les immergeant dans la magie de l'Inde et autres forêts de symboles. C'est ensemble qu'elles font leur premier voyage à Delhi, ensemble qu'elles flânent et s'égarent chaque année dans les méandres de la Tucson Gem Fair. C'est aussi ensemble, entre la library où étaient exposées leurs créations, les enfilades de salons et le magnifique belvédère de la villa Farès surplombant Beyrouth, qu'elles renouaient avec leurs sources méditerranéennes, libanaises pour Noor, grecques pour Eugénie. Élégante sans ostentation, leur soirée printanière avait des accents proustiens, quelque chose de feutré qu'entretenait un joueur de oud relayé avec délicatesse par les platines de Caline Chidiac, dans les effluves de l'authentique dîner libanais que préparait l'équipe de chefs féminine de Kamal Mouzawak. La brune et la blonde évoluaient parmi une pléiade de jeunes créateurs locaux, à eux seuls promesse de lendemains qui chantent. Le lendemain était d'ailleurs promis à une marche au cœur de la Vallée sainte où la découverte de fresques pieuses et de gravures ésotériques alimenterait peut-être de nouvelles inspirations.

Noor Farès et le cinquième élément
En baptisant sa collection Akasha, Noor Farès se réfère au nom sanskrit de l'éther, cet élément ineffable qui complète la quadrature de l'air, de la terre, de l'eau et du feu. Historienne de l'art, diplômée de la Tufts Boston, la créatrice a complété sa formation par un master en gemmologie au GIA de Londres. La voilà armée pour réaliser en toute connaissance de cause des bijoux dont la valeur intrinsèque est décuplée par une belle histoire et chargée de sensibilité. Ici, les bagues, boucles d'oreille et pendentifs sont autant de talismans inspirés de la mandala, ce support de méditation qui est aussi un bouclier contre les maléfices. La jeune créatrice voit dans cette rosace complexe un symbole universel que l'on retrouve autant dans l'Égypte antique que dans les civilisations hindoues ou sud-américaines. Fleur de vie, elle représente la perfection de la création. On y perçoit s'aligner, comme autant de chakras, des gemmes déclinant neuf couleurs, chaque couleur apportant à l'ensemble sa propre vibration et le renforçant de son propre pouvoir. Aux couleurs des sept planètes du système solaire s'ajoutent deux teintes symbolisant Ketu et Rahu, les planètes mythiques de l'astrologie védique. Portées ensemble, elles apportent équilibre et harmonie. Chacune seule, servant de nœud à la spirale cosmique et réversible d'une boucle d'oreille, exprime son propre rayonnement.

Eugénie Niarchos et la réinvention de la nature
Éthérée est le premier mot qui vient à l'esprit quand la blonde vous parle, avec ce rayonnement d'astre lointain, cette élocution à la fois souriante et confidentielle, entrecoupée de silences qui vous emportent dans un imaginaire qu'elle a riche et tangible. La petite-fille de l'armateur Stavros Niarchos est aussi une Guinness par sa mère. Mais loin de l'engoncer dans un rôle hiératique, ce pedigree révèle en elle une aventurière dans l'âme, une navigatrice assoiffée d'horizons et de voyages stellaires. Après des études en marketing de la mode à Londres et un stage à Vogue France, elle fait ses débuts en création de bijoux chez Repossi avant d'être encouragée par son amie Noor à lancer sa propre marque. Ce sera Venyx, un nom à la croisée de Venus et d'onyx. Venyx est une planète imaginaire d'elle seule accessible et dont elle nous ramène, matérialisés dans ses bijoux, des trophées qui en donnent des indices. Passionnée par « les années 50, la science-fiction, la nature existante et la nature inventée », Eugénie Niarchos se sert de la magie des pierres pour célébrer la beauté du monde.

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