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Nos Lecteurs ont la Parole - par Dr Joseph KREIKER

Dialogue Vatican-al-Azhar ; quels défis ?

« Ce n'est pas la violence, mais le bien qui supprime le mal. »
Léon Tolstoï

Nous vivons dans un monde éclaté, aux identités fragmentées et déchirées, en guerre perpétuelle, à l'ombre d'une confrontation inhumaine, sanglante ; un monde animé par la logique de « la raison du plus fort est toujours la meilleure » de La Fontaine. Nous vivons dans la peur de l'autre. Nous nous acheminons vers des sociétés scindées en mille morceaux qui s'affrontent au lieu de fonder des cultures qui s'enrichissent l'une de l'autre. Ce n'est pas le monde de notre jeunesse ni celui de nos rêves.
Au Liban, cité à juste titre – malgré tous les avatars – comme pays message, nos ancêtres ont depuis la proclamation du Grand Liban en 1920 parié qu'ils seraient capables de fonder un État uni – terre, peuple et institutions – regroupant les deux civilisations chrétienne et musulmane. Un pari inévitable et à haut risque. Hélas, ce pari, personne n'en voulait dans de nombreux pays comme Chypre, le Soudan, les Balkans, les Philippines ou le Pakistan. Le vivre-ensemble impose à tous nos compatriotes vigilance, lucidité et altérité. Ces nouvelles sociétés morcelées sont-elles plus honorables, plus fréquentables, plus vertueuses que celles unies que nous avons connues lors de notre jeunesse ? Sûrement pas ! Hélas, les choix ne sont guère rassurants.
En Égypte, lors du dimanche des Rameaux, les jihadistes de l'État islamique ont massacré les chrétiens coptes. Deux bombes ont explosé dans deux églises à Alexandrie et Tanta : 45 morts parmi les fidèles. Le groupe de l'État islamique vient de faire une démonstration de force dont les enjeux sont de détruire la diversité, le pluralisme et la cohabitation, d'empêcher le pape François de se rendre en Égypte les 28 et 29 avril, de briser tout dialogue entre les religions ; un dialogue initié par le pape François et le grand imam de la mosquée d'al-Azhar qui a permis de reconnaître « l'égalité entre les musulmans et les chrétiens ». Le pape a, malgré tout, maintenu sa visite en Égypte.
Nous vivons dans un monde de terreur : mourir pour Allah, tuer au nom d'Allah.
Mourir au sarin est un crime de guerre ! Certes ! Cela mérite bien plus que quelques Tomahawks et des dénonciations énergiques. Et c'est quoi mourir par balles, explosions, égorgé, brûlé vif, écrasé par un camion ? Coptes, Suédois, Français, Allemands, Britanniques, Américains, Arabes, etc. Tous ont été tués aux mains des combattants du groupe État islamique qui continue de répandre la mort partout dans le monde pour détruire le vivre-ensemble. Demain, d'autres hommes verront leur sang versé quelque part sur un trottoir de cette planète.
Que de sang a coulé sur cette terre depuis un siècle, ou, plutôt, des siècles ! Des guerres, des génocides, des attentats, des meurtres, des crimes. On dénigre, on condamne et on joue les innocents et les indignés. Chaque camp a choisi ses ennemis, ses martyrs et ses héros. Quelle hypocrisie et quelle décadence ! Mais rien n'arrête le sang de couler encore et encore. La terre, elle s'en fout, disait Jacques Prévert, elle continue de tourner avec ses grands ruisseaux de sang ! Mais les hommes, eux, paient le prix !
Sauver le vivre-ensemble nous impose de concevoir un nouvel humanisme, une fraternité et une solidarité concrétisée autour des valeurs, loin du racisme et du repli sur soi. Chrétiens et musulmans doivent construire leurs pays sur le respect de l'identité, de l'altérité, du pluralisme et de la sincérité.
Du courage, il en faut pour construire un monde plus humain. Ce n'est pas la violence, mais le bien qui supprime le mal.

Dr Joseph KREIKER
Membre du conseil exécutif de la Ligue maronite.

« Ce n'est pas la violence, mais le bien qui supprime le mal. »Léon Tolstoï
Nous vivons dans un monde éclaté, aux identités fragmentées et déchirées, en guerre perpétuelle, à l'ombre d'une confrontation inhumaine, sanglante ; un monde animé par la logique de « la raison du plus fort est toujours la meilleure » de La Fontaine. Nous vivons dans la peur de l'autre. Nous nous...

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