Le départ de Samir Frangié à l'approche de la commémoration du début de la guerre libanaise et durant la semaine sainte a rempli d'une immense tristesse tous ceux qui l'ont connu, estimé, apprécié et aimé.
C'était un être d'élite, d'une infinie délicatesse, d'une grande discrétion et d'un engagement sans faille. Avec une inébranlable conviction et une généreuse écoute. Il incarnait le dialogue véritable, car il établissait toujours d'emblée face à l'autre, de façon naturelle, un rapport d'égalité, de courtoisie et de convivialité. Son humanisme était authentique, total et absolu.
Il sut agir dans l'espace politique en préservant son intégrité et son idéalisme, sans avoir jamais recours à de sombres intrigues ou des moyens détournés. Il tranchait dans le paysage politique libanais et était à part, presque une exception. Son but n'était pas la conquête du pouvoir, mais le triomphe des idées. C'est ce testament qu'il laissera, celui de la primauté de l'intellectuel sur le politique, celui de la victoire de la République de Platon sur le Prince de Machiavel.
Samir Frangié a fait partie de la vie politique libanaise sans appartenir au système, car il se percevait plus comme un guide, un inspirateur, un initiateur, une conscience vivante.
Son action était principalement dans la conception, la vision, la fidélité aux valeurs essentielles et universelles. Et surtout dans son attachement indéfectible à la non-violence, à l'instar de ses modèles spirituels et politiques : Gandhi, Mandela et Luther King...
C'était un grand conciliateur et un grand pacifiste. Un optimiste, voire un utopiste. Tout en gardant sa sereine lucidité, car il portait l'image d'un certain Liban sublimé, qui lui avait été transmise et dont il se sentait dépositaire et garant. À son contact, son interlocuteur se sentait devenir meilleur et était touché par sa bienveillance et sa bonté.
Cette lumière intérieure, il l'a portée en lui durant toute sa vie même durant les périodes douloureuses. Et après son décès, elle continue à illuminer à travers ses écrits, pour éclairer le chemin.
Écrivain
Lire aussi
Pour Samir Frangié, l'ultime voyage au bout de la paix
Samir Frangié, l’homme qui donnait à la politique ses lettres de noblesse
commentaires (4)
L,INTELLECTUEL BATIT ! LE POLITIQUE DETRUIT !
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 22, le 17 avril 2017