Canada: la justice oblige un journaliste à révéler des échanges avec sa source

Une cour d'appel canadienne a confirmé mercredi une décision de première instance obligeant un journaliste à remettre à la police le contenu de ses échanges avec un jihadiste présumé.

Vice Media Canada contestait devant la cour d'appel de l'Ontario (centre) l'obligation faite à son journaliste Ben Makuch de révéler le contenu de ses conversations électroniques avec Farah Shirdon, un Canadien soupçonné d'avoir rallié le groupe armé Etat Islamique (EI).

Les associations de journalistes ont fustigé le jugement, qui pourrait être contesté devant la Cour suprême.
Le président de Vice Canada Ryan Archibald a assuré être "prêt à tout pour soutenir et défendre" Ben Makuch, y compris plaider sa cause devant la plus haute juridiction canadienne.
"La protection des sources est un principe fondamental du journalisme", rappelle le communiqué conjoint de l'association Canadian journalists for free expression (CJFE) et d'une dizaine d'autres groupes de défense de la liberté d'expression.
"Si les journalistes ne peuvent pas protéger leurs sources, les informations que celles-ci procurent aux journalistes vont se raréfier, rendant les Canadiens moins informés et appauvrissant la démocratie", a indiqué la CJFE.

La décision, si elle devait être confirmée par la Cour suprême, "crée un précédent juridique" qui pourrait rendre les sources hésitantes à communiquer avec les journalistes par peur des représailles, selon le communiqué.

La Gendarmerie royale du Canada réclame les captures d'écran des conversations que le journaliste a eues avec le jihadiste présumé, une demande validée par la justice au motif que ces éléments pourraient permettre à la police de mener à bien son enquête.